lundi 30 janvier 2012

Histoire d'un pauvre homme

"Le Bouddha compare souvent l’esprit naturel à de l’eau qui, par elle-même, est toujours claire et pure. De la boue ou d’autres substances peuvent la souiller momentanément, mais on peut lui rendre sa clarté naturelle en la filtrant, par exemple. Si elle n’était pas claire par nature, aucun filtre n’y changerait rien. Le Bouddha illustra le premier pas vers la reconnaissance des qualités de l’esprit naturel par une allégorie.
Un homme très pauvre vivait dans une vieille maison en ruines dont le sol et les murs étaient incrustés d’un grand nombre de pierres précieuses, mais il n’en connaissait pas la valeur. Bien qu’il possédât un trésor, il vivait donc d’aumônes et souffrait du froid l’hiver, de la canicule l’été, et de la faim tout le temps.
Un jour, un ami lui demanda : « Pourquoi vis-tu comme un misérable ? Tu n’es pas pauvre, tu es même très riche !
- Tu es fou ! Comment peux-tu me dire une chose pareille ?
- Regarde donc autour de toi ! Ta maison est incrustée de pierres précieuses, de diamants, de rubis, d‘émeraudes, de saphirs ! »
Tout d’abord, le mendiant n’en crut pas un mot. Mais au bout d’un certain temps, il se posa des questions, enleva une pierre du mur et essaya de la vendre en ville. Le marchand à qui il la montra lui en offrit un prix incroyable. Avec cet argent, il put s’acheter une maison neuve dans laquelle il déposa toutes les pierres précieuses qu’il avait trouvées dans l‘ancienne. Il s’acheta des vêtements neufs, remplit sa cuisine de nourriture, engagea des serviteurs et se mit à vivre dans un grand confort.
Maintenant je vous pose une question. Qui est le plus riche, l’homme qui vivait dans la vieille maison, entouré de joyaux sans le savoir, ou celui qui a compris la valeur de ce qu’il possède et jouit d’un parfait bien-être ? Comme pour la pépite d’or, la réponse est « ni l’un ni l’autre », car l’un et l’autre détiennent le même trésor. La seule différence est que, pendant de nombreuses années, le premier n’a pas eu conscience de ce qu’il possédait. Ce n’est que lorsqu’il a reconnu sa véritable condition qu’il a pu se libérer de sa misère et de sa souffrance.
Il en va de même pour nous. Tant que nous ne reconnaissons pas notre véritable nature, nous souffrons. Une fois que nous la reconnaissons, nous sommes en mesure de nous libérer de la souffrance."

YONGEY MINGYOUR Rinpotché, « Bonheur de la méditation », préfacé par Matthieu Ricard, Le livre de poche n°31 349, 2009, p. 101-102

Bénin, grenier à céréales

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