mercredi 25 janvier 2012

Comment nous passons à côté de nos vies (suite)

"Il y a tant de façons de fuir notre vie et de ne pas être présent à l’instant. ...

On peut se réfugier aussi dans des ruminations ou des rêveries ou des espoirs, vivre entortillé dans nos chimères et nos attentes, sans jamais sortir prendre l’air dans la vie légère ; légère parce que sans attente justement, sans intention autre que ressentir et observer ce que c’est que d’être vivant et présent.
…On peut être victime de vols répétés de conscience. Notre époque est caractérisée par les « vols d’attention » : les interruptions de la publicité, des coups de téléphone, des SMS ou des mails, mais aussi l’habitude de la « disponibilité », devenue une valeur moderne. L’indisponibilité et le retrait peuvent certes poser des problèmes, mais être toujours prêt à tout interrompre pour répondre à toute forme de sollicitation, n’est-ce pas aussi absurde ? Cela peut aboutir en tout cas à la fragmentation de nos capacités attentionnelles : la possibilité de « zapper » si quelque chose ne nous convient pas et de nous changer ainsi les idées va finalement conduire à ne plus avoir d’idées du tout. Nous en avons parlé, ces démolitions constantes de nos capacités attentionnelles induisent une perturbation de nos équilibres intérieurs et de nos états d’âme, qui finit par nous être nocive."

Christophe ANDRÉ, « Les états d’âme, un apprentissage de la sérénité », Éd. Odile Jacob, 2009 [2011 pour l’édition poche, n°295], p.319-321

Niger, transport en commun

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