jeudi 8 mars 2012

Le doigt qui montre la lune

"Un soutra ou un enseignement du Dharma ne constitue pas la sagesse, en soi. C’est un moyen de présenter la sagesse à l’aide de mots et de concepts. Si vous avez besoin d’une carte pour vous rendre à Paris, une fois sur place, vous pouvez mettre votre carte de côté pour apprécier pleinement le temps que vous y passez. Si vous restez accroché à votre carte, si vous restez prisonnier des mots et des notions, vous passez à côté de la réalité. Le Bouddha a dit à maintes reprises : « Mon enseignement est comme le doigt qui indique la lune. Ne faites pas l’erreur de confondre le doigt avec la lune. »"

Thich Nhat Hanh, « Le cœur des enseignements du Bouddha », 1998, Pocket n°11 621, 2011, p. 29


La méditation peut aider les malades atteints de cancer

Un programme importé des États-Unis fait son chemin pour traiter l'anxiété ou la dépression. De plus en plus de praticiens le proposent à des patients atteints de cancer.

Guérir en «pleine conscience». Le terme peut prêter à sourire. Il s'agit pourtant d'une approche thérapeutique désormais reconnue et de plus en plus pratiquée à travers le monde depuis les années 80. Une récente étude américaine a évalué la technique chez des femmes ayant eu un cancer du sein. L'objectif était d'observer son impact sur plusieurs paramètres physiologiques et psychologiques révélateurs de leur état de stress. Ce n'est pas la première étude de ce genre, la littérature scientifique s'étoffe de plus en plus autour de cette thérapeutique pour mesurer son effet sur l'anxiété, la douleur ou encore la dépression y compris chez des patients souffrant de cancer.

Une pratique confidentielle en France

La technique repose sur la méditation, inspirée notamment de philosophie bouddhique et associée à des exercices corporels comme le yoga. Près de 250 hôpitaux américains proposent ce type de programme. En France, elle est également pratiquée mais de façon plus confidentielle. Le Dr Claude Penet, psychiatre à Châteauroux et fondateur de l'Association pour le Développement de la Mindfulness (pleine conscience en Français) l'utilise par exemple depuis plusieurs années pour traiter des dépressions chroniques et les troubles anxieux et commence à former des groupes de patients atteints de cancer. Mais elle se pratique également à l'hôpital.

Le Dr Christophe André en a été le pionnier à l'hôpital Sainte-Anne, à Paris. «Les patients travaillent sur leur respiration, leurs pensées, leur capacité à se concentrer mais s'interrogent également sur les raisons de leurs rechutes, leur état d'esprit face à la maladie. Nous utilisons la méditation au service de la guérison», explique Claude Penet. Son association regroupe désormais 70 membres exerçant en France, en Belgique et en Suisse dont une dizaine de psychiatres, des psychologues et autres professionnels de santé. «La technique est intéressante, confie le Dr Sarah Dauchy, psychiatre et présidente de la Société française de psycho-oncologie. Elle est plutôt bien décrite, bien encadrée et bien pratiquée. Mais elle doit encore être validée par des études rigoureuses portant sur des échantillons de patients plus importants et avec des groupes contrôles actifs. La plupart des études comparent le fait de suivre ce programme avec le fait de ne rien faire du tout. Or, différentes activités peuvent avoir un bénéfice sur l'anxiété et le stress des patients», illustre-t-elle.

Des preuves à apporter

Une étude américaine récente a suivi 32 femmes dont seulement la moitié a suivi un programme Mindfulness-Based Stress Reduction (MBSR) pour la réduction du stress par la pleine conscience. Concrètement, ces femmes ont assisté à des séances hebdomadaires de plus de deux heures pendant 8 semaines, en pratiquant des exercices à domicile en parallèle. Les résultats montrent un bénéfice sur la pression artérielle ou encore le rythme cardiaque mais à court terme - moins d'un mois pour la plupart. «Cette étude a permis de poser des indicateurs pour évaluer l'état de santé psychologique de ces femmes avant et après un programme de MBSR. Il doit maintenant être complété par une plus vaste étude pour confirmer l'intérêt de cette thérapeutique», clarifie le Dr Jane Armer, coauteur des travaux.

À ce jour, la validation scientifique de cette technique reste donc limitée mais un faisceau d'éléments concorde en faveur d'un intérêt chez certains patients présentant des symptômes d'anxiété, de douleur ou de fatigue. «Les résultats dépendent par exemple de l'intensité de ces symptômes ou encore de la motivation et de l'âge des patients», indique Marion Barrault, psychologue à l'Institut de cancérologie Bergonié de Bordeaux. Quoi qu'il en soit, «ces bases scientifiques apportent de la rigueur à cette démarche. Il y a quelques années, il n'était pas évident de proposer la méditation à des patients dans le cadre d'un traitement. Cela faisait un peu folklorique. Désormais nous avons des arguments», se réjouit Claude Penet. Cette approche a donc de beaux jours devant elle.


mercredi 7 mars 2012

L’arrêt de la pensée conceptuelle

"Le premier pas consiste à briser la chaîne de concepts et de mots qui attachent l’esprit, en le liant avec vigilance au présent, à ce qui est.
Dans un verset célèbre, le Bouddha dit :

« Ne cherchez pas le passé
Ne cherchez pas le futur ;
Le passé est évanoui,
Le futur n’est pas encore advenu,
Mais observez ici
Cet objet qui est maintenant,
Faites cela dans un état d’esprit
Calme et immobile. »

Tel est le début de la discipline mentale, et le rappel qu’il faut ainsi pratiquer est la vigilance. Sans la vigilance, le flot des pensées l’emporte de nouveau, agitant, affligeant et troublant l’esprit comme des eaux boueuses d’un lac sur lesquelles souffle le vent. La clarté de la vision, la paix de l’esprit, et l’autovigilance se perdent en seul instant. C’est pour cela que le Bouddha appelait la vigilance la seule voie. Ou, comme il l’a décrit en une métaphore :
« Quel que soit le courant qui parcourt le monde
La vigilance est la digue qui l’arrête. »
Dans le Zen, on dit : « L’esprit fou ne s’arrête pas ; s’il s’arrête, c’est l’Éveil. »
La pratique de la vigilance est un entraînement progressif. La perfection de l’autovigilance est « l’art des arts, la science des sciences ». Comme telle, elle mérite un apprentissage. Dresser un esprit, le sien en l’occurrence, est encore plus difficile que de dresser un cheval ou un chien, car l’esprit n’est pas moins obstiné que les animaux, mais il a en plus toute l’ingéniosité et la ruse de l’homme pour l’aider à échapper à son maître. Pourtant, cela vaut bien davantage la peine de le dresser puisque cet entraînement apporte dès les premières étapes une grande paix et une grande joie et, au fur et à mesure de son développement, des richesses infinies. Lorsque l’esprit est distrait, livré à lui-même, il n’est guère d’espoir de bonheur, même pas le simple bonheur d’une vie pacifique, pleine et équilibrée, sans même parler du but suprême de la vie."

BERCHOLZ S. et CHÖDZIN KOHN S., « Pour comprendre le bouddhisme » (1993), Pocket 4794 (2004), p.194-195

Niger

Faire sa part

"Nous savons bien que ce que nous faisons n’est qu’une goutte dans l’océan. Mais si cette goutte n’était pas dans l’océan, elle manquerait."

Mère Teresa (« Himalaya éternel », 365 pensées, par Marie-Laure Vareilles, éditions sky.com, 2009, 1er mars)


"Nous ne saurons jamais tout le bien qu’un simple sourire peut être capable de faire."

Mère Teresa (« Himalaya éternel », 365 pensées, par Marie-Laure Vareilles, éditions sky.com, 2009, 3 juin)