vendredi 24 décembre 2010

Simplicité et profondeur

"Dans le monde contemporain, il nous faut certes travailler pour gagner notre vie. Pourtant, ce n'est pas une raison pour nous laisser enchaîner à une existence routinière, sans aucune perspective du sens profond de la vie. Notre tâche est de trouver un équilibre, une voie du juste milieu. Apprenons à ne pas nous surcharger d'activités et de préoccupations superflues mais, au contraire, à simplifier notre vie toujours davantage. La clé nous permettant de trouver un juste équilibre dans notre vie moderne est la simplicité".

Sogyal Rinpoché, « Le livre tibétain de la vie et de la mort », Éditions de la Table Ronde 2003, p. 52, Également disponible dans le Livre de Poche.

Récolte devant une maison, Bénin

Jon Kabat-Zin et la méthode MBSR

"Un nombre croissant d'études scientifiques indique que la pratique de la méditation à court terme diminue considérablement le stress (dont les effets néfastes sur la santé sont bien établis), l'anxiété, la tendance à la colère (laquelle diminue les chances de survie après une chirurgie cardiaque) et les risques de rechute chez les personnes qui ont préalablement vécu au moins deux épisodes de dépression grave. Huit semaines de méditation (de type MBSR*), à raison de trente minutes par jour, s'accompagnent d'un renforcement notable du système immunitaire, des émotions positives et des facultés d'attention, ainsi que d'une diminution de la tension artérielle chez les sujets hypertendus et d'une accélération de la guérison du psoriasis. L'étude de l'influence des états mentaux sur la santé, autrefois considérée comme fantaisiste, est donc de plus en plus à l'ordre du jour de la recherche scientifique.

Matthieu Ricard, "L'art de la méditation" (p. 23-24, Pocket Evolution n°14068)

*MBSR : « Mindfulness Based Stress Reduction » est un entraînement séculier à la méditation sur la pleine conscience, fondé sur une méditation bouddhiste, qui a été développé dans le système hospitalier des États-Unis d'Amérique depuis plus de vingt ans par Jon Kabat-Zin , Ph.D, et qui est maintenant utilisé avec succès dans plus de deux cents hôpitaux pour diminuer les douleurs post-opératoires et celles associées au cancer et autres maladies graves".

Voir « The clinical use of mindfulness meditation for the self-regulation of chronic pain », Journal of Behavioral Medecine, 8, 1985, p. 163-190

Sélectionner les "nourritures d'impressions"

"Nos sens sont nos fenêtres sur le monde extérieur, et parfois le vent souffle et chamboule tout en nous. Beaucoup d’entre nous laissent leurs fenêtres ouvertes tout le temps, permettant aux images et aux sons du monde de nous envahir, de nous pénétrer, exposant nos « soi » tristes et troublés. Nous nous sentons si glacés et si seuls alors. Ne vous arrive-t-il pas de regarder un programme de télévision ennuyeux et d’être incapable de l’arrêter ? Les bruits tapageurs, les crépitements des armes vous incommodent. Cependant, vous ne vous levez pas pour éteindre votre poste. Pourquoi vous torturez-vous de cette façon ? Ne voulez-vous pas fermer vos fenêtres ? Avez-vous peur de la solitude – du vide et de l’isolement que vous devez affronter en vous retournant vers vous-même ?
Nous sommes ce que nous ressentons et ce que nous percevons. Si nous sommes en colère, nous sommes la colère. Si nous sommes amoureux, nous sommes l’amour. Si nous regardons un pic de montagne enneigé, nous sommes la montagne. En regardant un mauvais programme de télévision, nous sommes ce programme. En rêvant, nous sommes le rêve. Nous pouvons être tout ce que nous voulons, sans avoir besoin d’une baguette magique. Aussi, pourquoi ouvrons-nous nos fenêtres à de mauvais films et programmes, des films faits par des producteurs avides de spectaculaire, à la recherche d’argent facile, des films qui font battre nos cœurs à toute vitesse, nous font serrer les poings, et nous rejettent à la rue complètement épuisés ? Qui permet que de tels films et programmes de télévision soient réalisés ? Et surtout pour les plus jeunes. Mais c'est nous ! Nous sommes trop peu exigeants, prêts à regarder tout ce qui passe à l’écran, trop seuls, paresseux, ou blasés pour créer nos propres vies. Nous allumons la télévision et la laissons en permanence, permettant à quelqu’un d’autre de nous guider, de nous modeler, et de nous détruire. En nous perdant de cette façon, nous laissons notre destin entre les mains d’autres qui n’agissent peut-être pas de manière responsable. Nous devons être conscients des types de programmes qui endommagent nos systèmes nerveux, nos esprits, et nos cœurs, et déterminer quels émissions et films sont bénéfiques pour nous".

Thich Nhat Hanh, « La vision profonde, De la pleine conscience à la contemplation intérieure », Albin Michel n°131, 2009, p. 60-62

Douleur, souffrance et force intérieure

"Nous pouvons constater que les souffrances du corps viennent souvent de l'esprit, ou que, à souffrance corporelle égale, un esprit paisible et heureux souffre beaucoup moins qu'un esprit agité et inquiet. Nous pouvons constater aussi que bien des personnes, ayant une grande fortune, étant comblées de tout ce que le bien-être matériel peut apporter, sont dépressives, angoissées et malheureuses... alors que d'autres, dont la vie pratique est tissée de divers ennuis, ayant un esprit heureux, étant paisibles intérieurement, donnent l'impression d'une grande sérénité. Quelqu'un dont l'esprit est lucide, ouvert, équilibré, prévoira l'attitude qu'il aura en face d'inévitables difficultés et restera dans la paix même si de grands malheurs lui arrivent, tandis qu'un esprit borné, agité et inquiet, non réfléchi sera tout de suite déconcerté et sans ressources devant le plus petit imprévu désagréable. L'esprit est beaucoup plus important que le corps. Donc, si l'état de notre esprit nous permet de supporter et même de ressentir nos souffrances physiques soit beaucoup plus, soit beaucoup moins, cela montre que nous devons attacher une grande importance à notre manière de penser. La « préparation » de notre esprit est donc extrêmement importante. ... Notre esprit et surtout celui des autres en récolteront les fruits. Par un esprit noble, pur et généreux nous répandrons la joie autour de nous, nous en ressentirons une grande paix et nous pourrons la communiquer aux autres".

Dalaï-lama, « Enseignements essentiels », Albin Michel 1989, p. 17-18

dimanche 12 décembre 2010

Pratiquer à chaque instant

"Quand je contribuai à la fondation de l’Institut des hautes études bouddhiques en 1964, je fis une grave erreur. Les étudiants, qui comprenaient des jeunes moines et nonnes, étudièrent seulement des livres, des Écritures, et des idées. A la fin de leurs études, ils n’avaient récolté rien de plus qu’une poignée de connaissances et leurs diplômes. Dans le passé, quand des novices étaient acceptés dans un monastère, on les envoyait immédiatement dans le jardin pour apprendre à désherber, à arroser et à planter en Pleine Conscience. Le premier livre qu’ils lisaient était un recueil de gathas écrit par Maitre Doc The, l’ouvrage qui comprenait les poèmes à réciter en boutonnant votre veste, en vous lavant les mains, en traversant une rivière, en transportant de l’eau, en mettant vos chaussons au petit matin, enfin, des choses pratiques. Ainsi ils pouvaient pratiquer la Pleine Conscience toute la journée. C’était seulement plus tard qu’ils commençaient à étudier les soutras et à participer à des discussions ou à des entretiens privés avec le maître, et, même alors, les études théoriques étaient menées conjointement avec des activités pratiques. Si je devais aider à la création d’une autre université, je calquerais son fonctionnement sur celui des anciens monastères".

Thich Nhat Hanh, « La vision profonde, De la pleine conscience à la contemplation intérieure », Albin Michel n°131, 2009, p. 42-43

Intervalle de présence

"La plupart du temps, c’est à travers nos échanges avec le monde extérieur, nos souvenirs ou nos projections dans l’avenir, que nous faisons l’expérience de l’esprit ou de la conscience. Etes-vous irritable le matin ? Hébété le soir ? Hanté par une relation qui a échoué ? Inquiet pour la santé d’un enfant ? Mettez tout cela de côté. La vraie nature de l’esprit – l’expérience claire de notre connaissance – est obscurcie en temps ordinaire. Quand vous méditez sur l’esprit, essayez de rester concentré sur le moment présent. Ne laissez pas le souvenir d’expériences passées interférer sur le cours de vos réflexions. L’esprit ne doit pas être tourné vers le passé, ni perturbé par des appréhensions ou des espoirs concernant le futur. Une fois éloignées les pensées qui parasitent votre concentration, ce qui subsiste est l’intervalle entre les souvenirs d’expériences passées et vos anticipations et projections dans l’avenir. Cet intervalle est vide. Vous devez vous efforcer de rester concentré sur ce vide.
Au début, votre expérience de cet intervalle ne pourra être que fugitive. Pourtant, à mesure que vous vous perfectionnerez dans cette pratique, vous deviendrez capable de le prolonger. En agissant ainsi, vous vous débarrasserez des pensées qui entravent l’expression de la véritable nature de l’esprit. Peu à peu filtrera l’éclat éblouissant de la connaissance pure. Par la pratique, l’intervalle s’élargira de plus en plus jusqu’à ce qu’il vous soit possible d’entrevoir ce qu’est la conscience. Il est important de comprendre que l’expérience de cet . intervalle mental – la conscience débarrassée de tout processus de pensée – n’a rien à voir avec un « blanc » de l’esprit. Elle ne s’apparente pas davantage à un sommeil profond et sans rêves, ou à un évanouissement.
Au début de votre méditation, dites-vous : « Je ne laisserai pas des pensées sur l’avenir, des anticipations, des peurs, des espoirs, des souvenirs du passé distraire ou égarer mon esprit. Je resterai concentré sur l’instant présent. » Une fois affirmée une telle volonté, prenez l’espace entre passé et futur comme objet de la méditation et maintenez-y simplement votre conscience, libre de tout processus de pensée conceptuel'.

Dalaï-lama, « L’art de la compassion », J’ai Lu n°6959, 2008, p. 93-94

Etre attentif

"Quand je devins étudiant novice au monastère Tu Hieu, j’appris d’abord à rester conscient pendant toutes mes activités – en désherbant le jardin, en ratissant les feuilles autour de la mare, en lavant la vaisselle dans la cuisine. Je pratiquais la Pleine Conscience suivant les enseignements du maître de méditation Doc The dans son petit ouvrage « Principes de pratique quotidienne ». Selon ce livre, nous devons être pleinement conscients de toutes nos actions. Quand nous nous réveillons, nous savons que nous nous réveillons ; pendant que nous boutonnons notre veste, nous savons que nous boutonnons notre veste ; pendant que nous nous lavons les mains, nous savons que nous nous lavons les mains.
…  Quand j’étais enfant, j’ai souvent entendu ma mère dire à ma sœur aînée qu’une fille doit être attentive à chaque moment. J’étais content d’être un garçon qui n’avait pas besoin d’être aussi concentré. Ce fut seulement quand je commençai à pratiquer la méditation que je réalisai que je devais porter mille fois plus attention à mes mouvements que ma sœur ne devait le faire. Et non seulement à mes mouvements, mais aussi à mes pensées et à mes sentiments ! Ma mère, comme toutes les mères, savait qu’une fille qui est attentive à tous ses gestes devient plus belle, plus gracieuse. Ses mouvements ne sont pas saccadés, précipités ou malhabiles ; ils deviennent souples, calmes et gracieux. Sans le savoir, ma mère avait enseigné la méditation à ma sœur".

Thich Nhat Hanh, « La vision profonde, De la pleine conscience à la contemplation intérieure », Albin Michel n°131, 2009, p. 27-29

Terre d'accueil

"Chacun d’entre nous a besoin d’« appartenir » à un endroit, comme un centre de retraite ou un monastère, dans lequel tout élément du paysage, les tintements de la cloche, et même les bâtiments, sont là pour nous rappeler de revenir à la Pleine Conscience. C’est une grande aide que d’aller dans ces lieux de temps en temps, pendant plusieurs jours ou plusieurs semaines, pour se régénérer. Même si nous ne pouvons pas nous y rendre effectivement, nous avons seulement besoin d’y penser, et nous nous sentons sourire, devenir plus calme et plus heureux.
Les gens qui vivent là irradient la paix et la fraîcheur, les fruits de la vie en Pleine Conscience. Ils sont toujours présents pour prendre soin de nous, nous consoler et nous soutenir, nous aider à guérir nos blessures. Chacun d’entre nous doit trouver une terre d’accueil spirituelle où il peut se retirer de temps en temps, de la même façon que nous courrions nous réfugier chez notre mère quand nous étions jeunes".

Thich Nhat Hanh, « La vision profonde, De la pleine conscience à la contemplation intérieure », Albin Michel n°131, 2009, p. 44

jeudi 2 décembre 2010

S'améliorer

"Peu d'entre nous peuvent affirmer que rien ne vaut la peine d'être amélioré dans leur façon de vivre et dans leur expérience du monde. Certains pensent que leurs travers et leurs émotions conflictuelles contribuent à la richesse de la vie et que c'est cette alchimie singulière qui fait d'eux ce qu'ils sont, une personne unique ; qu'ils doivent apprendre à s'accepter ainsi, à aimer leurs défauts au même titre que leurs qualités. Ceux-là risquent fort de vivre dans une insatisfaction chronique sans se rendre compte qu'ils pourraient s'améliorer au prix d'un peu d'effort et de réflexion.
Imaginons qu'on nous propose de passer une journée entière à éprouver de la jalousie. Qui d'entre nous l'accepterait avec plaisir ? En revanche, si on nous invitait à passer cette même journée le cœur plein d'amour pour les autres, la plupart d'entre nous trouveraient cette option infiniment préférable".

(Matthieu RICARD, « L’art de la méditation », Pocket 2010 n°14068, p. 14)

Village traditionnel, Bénin

Calmer l'esprit

"J’ai pris la dernière bouteille de jus de pomme fait maison et j’ai donné un verre plein à chaque enfant en servant Thanh Thuy la dernière. Comme sa part provenait du fond de la bouteille, il y avait donc un peu de pulpe dans son verre. Quand elle a remarqué les particules, elle a fait la moue et a refusé de le boire. … Une demi-heure plus tard, alors que j’étais en train de méditer dans ma chambre, je l’ai entendue appeler. Thuy voulait se servir elle-même un verre d’eau fraîche mais, même sur la pointe des pieds, elle n’arrivait pas à atteindre le robinet. Je lui rappelai que son verre de jus de fruit était sur la table et le lui demandai de le boire d’abord. En se tournant vers lui, elle se rendit compte que la pulpe s’était déposée et que le jus semblait clair et délicieux. Elle alla jusqu’à la table et prit le verre à deux mains. Après en avoir bu la moitié, elle le reposa et demanda : « Est-ce un verre différent, Grand-Père Moine ? » « Non, répondis-je. C’est le même qu’auparavant. Il s’est assis paisiblement pendant un moment, et maintenant, il est transparent et délicieux. » Thuy observa à nouveau le verre. « Il est vraiment bon. Est-ce qu’il t’a imité pour pratiquer la méditation assise, Grand-Père Moine ?
… » Je suis certain que Thanh Thuy qui n’a pas encore quatre ans et demi, comprend ce qu’est la méditation sans avoir besoin d’explication. Le jus de pomme est devenu clair après s’être reposé un moment. De la même façon, si nous méditons un moment, nous aussi, nous deviendrons clair. Cette clarification nous rafraîchit et nous procure force et sérénité. Comme nous nous sentons rafraîchis, notre environnement se régénère par le fait même. Les enfants aiment à venir près de nous, pas simplement pour avoir des bonbons ou écouter des histoires. Ils aiment être près de nous parce qu’ils peuvent sentir cette « fraîcheur »".

Thich Nhat Hanh, « La vision profonde, De la pleine conscience à la contemplation intérieure », Albin Michel n°131, 2009, p. 11-14

Vigilance

"Un célèbre ermite tibétain limitait sa pratique de la méditation à l’observation de son esprit. Il avait l’habitude, quand une pensée non vertueuse le traversait, de tracer une croix noire sur le mur de sa cellule. Au début, les murs étaient couverts de croix noires. Mais, à mesure qu’il devenait plus vigilant, ses pensées se faisaient plus vertueuses, des croix blanches remplaçaient peu à peu les noires. Appliquons la même vigilance dans notre vie quotidienne !"

Dalaï-lama, « L’art de la compassion », J’ai Lu n°6959, 2008, p. 50

lundi 29 novembre 2010

Méditer sur les odeurs

"Vous pouvez, en fait, utiliser comme objet de méditation toute sensation, quelle qu’elle soit, qui attire le plus votre attention à un moment particulier. Les odeurs, par exemple, peuvent être très utiles, que ce soit pendant les pratiques formelles ou lorsque vous vaquez à vos occupations journalières. Dans les séances formelles, prêtez attention au parfum de l’encens, si vous en utilisez, ou à l’odeur particulière du lieu où vous vous trouvez. Dans la vie de tous les jours, les odeurs de cuisine peuvent vous servir d’utiles supports et vous permettre de transformer une routine ennuyeuse – préparer de la nourriture ou la manger, traverser un endroit où l’on fait cuire quelque chose – en une pratique qui calme et fortifie l’esprit".

YONGEY MINGYOUR Rinpotché, « Bonheur de la méditation », préfacé par Matthieu Ricard, Le livre de poche n°31 349, 2009, p. 253

Marché aux épices, Bénin

dimanche 28 novembre 2010

Paresse à l'occidentale

"Combien d'entre nous, (...)sommes pris dans le tourbillon de ce que j'appelle aujourd'hui une « paresse active » ? Il existe, naturellement, différentes sortes de paresse : il y a la paresse à l'orientale, et celle à l'occidentale. La paresse à l'orientale est pratiquée à la perfection en Inde. Elle consiste à flâner au soleil toute la journée, sans rien faire, à éviter toute forme de travail et toute activité utile, à écouter de la musique de film hindie à la radio et à discuter avec des amis tout en buvant force tasses de thé. La paresse à l'occidentale est tout à fait différente : elle consiste à remplir sa vie d'activités fébriles, si bien qu'il ne reste plus de temps pour affronter les vraies questions.
Si nous examinons notre vie, nous verrons clairement que nous accumulons, pour la remplir, un nombre considérable de tâches sans importance et quantité de prétendues « responsabilités ». ... Nous nous disons que nous voulons consacrer du temps aux choses importantes de la vie, mais ce temps, nous ne le trouvons jamais. Rien qu'en se levant le matin, il y a tant à faire : ouvrir la fenêtre, faire le lit, prendre une douche, se brosser les dents, donner à manger au chien ou au chat, faire la vaisselle de la veille au soir, s'apercevoir qu'on n'a plus de sucre, ou plus de café, aller en acheter, préparer le petit déjeuner – la liste est interminable. Puis, il y a les vêtements à trier, à choisir, à repasser et à replier. Enfin il faut se coiffer, se maquiller... Impuissants, nous voyons nos journées se remplir de coups de téléphone, de projets insignifiants ; nous avons tant de responsabilités... Ne devrions-nous pas dire plutôt d'« irresponsabilités » ?
C'est notre vie qui semble nous vivre, nous porter et posséder sa propre dynamique étrange. En fin de compte, tout choix et tout contrôle semblent nous échapper. Bien sûr, il nous arrive d'en ressentir un certain malaise, d'avoir des cauchemars et de nous réveiller en sueur. Nous nous demandons alors : « Que suis-je en train de faire de ma vie ? » Mais au petit déjeuner, nos peurs se sont dissipées ; nous reprenons l'attaché-case et... nous voici revenus au point de départ."
SOGYAL Rinpoché, « Le livre tibétain de la vie et de la mort », Editions de la Table Ronde 2003, p. 46-47, Egalement disponible dans le Livre de Poche.


samedi 27 novembre 2010

Pleine conscience

"Nous menons tous des vies très affairées. Même si nous avons moins de labeur manuel à accomplir que les gens d’autrefois, il semble que nous n’ayons jamais assez de temps pour nous-mêmes. Je connais même des gens qui prétendent n’avoir pas assez de temps pour manger ou pour respirer, et cela, je le crois ! Que pouvons-nous faire pour y remédier? Pouvons-nous prendre le temps entre nos mains et le faire ralentir ?
D’abord, allumons la torche de la Pleine Conscience et réapprenons à savoir comment boire du thé, manger, laver la vaisselle, marcher, s’asseoir, conduire, et travailler en Pleine Conscience. Nous ne devons pas nous laisser emporter par le courant de la vie. Nous ne sommes pas simplement une feuille ou un morceau de bois ballotté par une rivière en furie. Grâce à la Pleine Conscience, chacun de nos gestes quotidiens prend une nouvelle dimension, et nous découvrons que nous ne sommes pas de simples machines, que nos activités ne sont pas que des actes répétés mécaniquement. Nous nous apercevons que la vie est un miracle, que l’univers est un miracle, et que nous aussi, nous sommes un miracle.
Quand nous sommes gagnés par la confusion et la dispersion, nous pouvons nous demander : « Que suis-je en train de faire en ce moment? Suis-je en train de gaspiller ma vie? » Ces questions raniment immanquablement notre Pleine Conscience et ramènent notre attention sur notre respiration. Un léger sourire naît alors naturellement sur nos lèvres, et chaque seconde de notre travail redevient vivante".

THICH NHAT HANH, « La vision profonde, De la pleine conscience à la contemplation intérieure », Albin Michel n°131, 2009, p. 46

Relativiser

"Il est très important de transformer toute situation, qu’elle soit bonne ou mauvaise, en une occasion de s’améliorer. Quand il nous arrive un malheur auquel nous ne nous attendions point, une maladie ou autre, si nous ne pensons alors qu’à nous-mêmes, la difficulté prendra des proportions énormes et cet événement nous paraîtra totalement injuste. En revanche, si nous réfléchissons aux autres et à leurs problèmes, ne serait-ce qu’un instant, nous verrons que notre situation n’a rien d’exceptionnel.
La notion de problème est toute relative. Il est possible de trouver un côté positif à tout ennui. Une même situation peut être perçue soit comme insoutenable soit comme salutaire. Tout dépend sous quel angle nous l’envisageons. En tout cas, il faut faire en sorte que les choses ne nous paraissent pas insupportables. Lorsque nous avons des ennuis, si nous les regardons de trop près, nous ne verrons qu’eux et ils seront sans commune mesure avec la réalité ; ils nous paraîtront alors intolérables. Par contre, si nous pouvons prendre de la distance, nous pourrons mieux les juger et ils nous sembleront moins graves".

DALAÏ-LAMA, « Au-delà des dogmes », Albin Michel 1994, p. 100

Demi-sourire

"… Le demi-sourire d’un Bouddha, cette légère esquisse de sourire, combien d’artistes ont peiné pour arriver à la déposer sur les lèvres d’innombrables statues du Bouddha ? Peut-être avez-vous vu ces sourires sur des visages à Angkor Vat au Cambodge, ou à Gandhara au nord-ouest de l’Inde. … Le sourire de Mona Lisa est aussi très léger, juste un soupçon de sourire. Et cependant, même un tel sourire est suffisant pour détendre tous les muscles de votre visage, pour faire disparaître ennuis et fatigue. Une légère esquisse de sourire sur vos lèvres nourrit la Pleine Conscience et vous apaise miraculeusement. Ce sourire vous ramène à l’état de paix que vous avez perdu".

THICH NHAT HANH, « La vision profonde, De la pleine conscience à la contemplation intérieure », Albin Michel n°131, 2009 (p. 36-37)

Méditer sur le son

"La méditation sur le son est très semblable à la méditation sur la forme. Commencez par détendre votre esprit un instant, puis prenez peu à peu conscience des sons que vous entendez près de votre oreille, comme vos battements de cœur ou votre respiration, ou des bruits qui se produisent dans votre entourage immédiat. Certains trouvent utile d’écouter des enregistrements de sons naturels ou de musiques agréables. Il n’est pas nécessaire d’identifier ces sons ou de se concentrer sur l’un d’eux en particulier. Il est, en fait, plus facile d’être conscient de tout ce que vous entendez. L’essentiel est de maintenir la conscience simple, nue, des sons à mesure qu’ils parviennent à vos oreilles.
Comme pour les formes et les couleurs, vous vous apercevrez que vous pouvez porter attention aux sons autour de vous pendant quelques secondes de suite, puis que votre esprit se met à vagabonder. Ce n’est pas un problème. Quand vous constatez que vous êtes distrait, détendez-vous simplement et ramenez votre esprit aux sons. Tour à tour, prêtez attention à ce que vous entendez et laissez votre esprit demeurer dans un état méditatif ouvert et détendu.
L’un des grands bienfaits de la méditation sur le son est qu’elle vous enseigne à vous détacher peu a peu du sens que vous attribuez à ce vous entendez. Vous apprenez à écouter les sons sans devoir nécessairement répondre émotionnellement à leur contenu. En vous habituant à faire simplement attention aux sons en tant que sons, vous pourrez peu à peu entendre des critiques sans vous mettre en colère ou prendre une attitude défensive, et des louanges sans être excité ou enfler d’orgueil. Vous pouvez écouter ce que les autres ont à dire avec une attitude beaucoup plus équilibrée, sans vous laisser emporter par vos émotions".

YONGEY MINGYOUR Rinpotché, « Bonheur de la méditation », préfacé par Matthieu Ricard, Le livre de poche n°31 349, 2009, p. 248-249

Méditation et entraînement de l'esprit

"L'un des réflexes les plus primitifs du répertoire humain, le sursaut, repose sur une cascade de contractions musculaires très rapides en réponse à un bruit inattendu ou à une vision choquante soudaine. Chez tous les humains, les cinq mêmes muscles faciaux se contractent instantanément, notamment autour des yeux. Le sursaut intervient environ deux dixièmes de seconde après le son qui le déclenche et prend fin autour d'une demi-seconde plus tard. Le tout dure environ un tiers de seconde. Ces étapes sont invariablement les mêmes ; nous sommes ainsi faits.
Comme tous les réflexes, le sursaut répond à l'activité du tronc cérébral, la partie la plus primitive, reptilienne du cerveau. A l'instar d'autres réponses aux ordres du tronc cérébral — et à la différence des réponses aux ordres du système nerveux autonome, comme le rythme cardiaque — le sursaut échappe au contrôle de la volonté. Pour autant que le sache la science, aucun acte intentionnel ne peut influer sur le mécanisme qui contrôle le sursaut.
[le Dr] Ekman s'était intéressé au sursaut parce que son intensité est révélatrice de l'importance des émotions négatives ressenties — notamment la peur, la colère, la tristesse et le dégoût. Plus une personne sursaute, plus elle est sujette à des émotions négatives — il n'y a en revanche aucune relation entre le sursaut et des émotions positives telles que la joie.
Pour tester comment [le moine tibétain] Öser sursautait, Ekman l'accompagna au laboratoire de psychophysiologie de son collègue Robert Levenson, de l'université de Berkeley. On brancha des capteurs sur Öser, pour enregistrer son pouls, sa sudation et d'autres paramètres physiologiques, et on filma les expressions de son visage. L'idée était de saisir toutes ses réactions physiologiques en réponse à un bruit inattendu. Afin d'éliminer toute différence due aux variations d'intensité du son, on choisit le seuil maximal de la tolérance humaine — un son extrêmement puissant, l'équivalent d'un coup de feu ou d'un gros pétard qui éclaterait à côté de l'oreille.
On expliqua à Öser qu'il verrait sur un écran un décompte de 10 à 1, au terme duquel il entendrait un grand bruit. On lui demanda d'essayer de réprimer l'inévitable tressaillement, au point si possible de le rendre imperceptible pour un observateur extérieur. C'est un exercice où certaines personnes s'avèrent meilleures que d'autres, mais personne ne parvient jamais à supprimer totalement le sursaut, loin s'en faut. Une fameuse étude des années quarante a même établi l'impossibilité de supprimer ce réflexe, en dépit des efforts les plus intenses, les plus scrupuleux, pour retenir les spasmes musculaires. De tous les sujets qu'Ekman et Robert Levenson avaient testés, aucun n'avait jamais réussi. Des recherches avaient même montré que les tireurs d'élite de la police, qui tirent des coups de feu tous les jours, ne peuvent s'empêcher de sursauter.
Öser, lui, l'a fait.
— « Lorsque Öser cherche à réprimer son sursaut, il le fait quasiment disparaître. Je n'ai jamais vu personne faire cela. Ni aucun autre chercheur, non plus. C'est incroyable. Nous n'avons pas la moindre idée des caractéristiques anatomiques qui lui permettent de réprimer son réflexe de sursaut. »
Lors de ces tests, Öser avait pratiqué deux types de méditation : la concentration sur un seul objet et la présence éveillée. Peut-être l'analyse des données de l'IRMf sur ces deux exercices fournira-t-elle des indications sur les parties du cerveau impliquées dans la suppression de ce réflexe.
Pour Öser, le meilleur effet était obtenu par la méditation de la présence éveillée : « En état de présence éveillée, la détonation m'a paru plus faible, comme si j'étais éloigné des sensations, comme si j'entendais le bruit de loin. » En fait, de toutes ces expériences, c'était celle dont Öser attendait les meilleurs résultats, et il avait donc tenu à ce qu'elle soit réalisée en état de présence éveillée. Ekman raconta que quelques légers changements s'étaient effectivement produits dans la physiologie d’Öser, mais pas un muscle de son visage n'avait bougé, ce qu'Öser rapprocha du fait que son esprit n'avait pas été secoué par la détonation. En fait, comme il devait l'expliquer par la suite : « Si l'on parvient à se maintenir dans cet état, la détonation paraît un événement neutre, qui ne laisse aucune trace, comme un oiseau qui traverse le ciel. »
Aucun des muscles faciaux d’Öser n'avait bronché lorsqu'il était en présence éveillée, mais ses paramètres physiologiques (pouls, sudation, pression artérielle) avaient montré les modifications habituelles du sursaut. Pour Ekman, la meilleure inhibition générale avait été obtenue lors de la concentration sur un seul objet. Au cours de cette méditation, au lieu de montrer leur invariable bond, les courbes d’Öser avaient décliné. En revanche, ses muscles faciaux avaient bien affiché une légère réaction propre au sursaut ; les mouvements « ont été très légers, mais présents, remarqua Ekman. Il y a tout de même eu quelque chose d'inhabituel. Chez tous les autres sujets, les sourcils descendent. Chez Öser, ils sont remontés. »
En somme, chez Öser, la concentration sur un seul objet semble l'isoler des stimuli extérieurs – fût-ce l'assourdissante déflagration d'un coup de feu. L'ampleur du sursaut étant proportionnelle à l'intensité avec laquelle le sujet vit les émotions pénibles, la performance d’Öser a des implications frappantes et laisse deviner un remarquable niveau d'équanimité émotionnelle."
Dalaï-lama, Daniel Goleman , … « Surmonter les émotions destructrices », Pocket n°12 331, 2008, p. 52-55



Vers une psychologie positive

"Jusqu’aux années 1980, peu de chercheurs s’étaient penchés sur les moyens permettant de développer les traits positifs de notre tempérament. En 1998, un groupe de psychologues américains s’est réuni sous l’égide de Martin Seligman, alors président de l’Association américaine de psychologie, pour fonder le Réseau de psychologie positive et coordonner les différentes recherches qui le constituent. Il s’agit d’un élargissement du champ d’étude de la psychologie par rapport à ce qui a été longtemps sa vocation principale : étudier et, si possible, remédier aux dysfonctionnements émotionnels et aux états mentaux pathologiques. Si l’on consulte le répertoire des livres et articles consacrés à la psychologie depuis 1887 (Psychological Abstracts), on y relève 136 728 titres mentionnant la colère, l’anxiété ou la dépression contre seulement 9 510 titres mentionnant la joie, la satisfaction ou le bonheur ! Il est certes légitime de traiter les troubles psychologiques qui handicapent, voire paralysent la vie des gens, mais le bonheur ne se résume pas à l’absence de malheur. La psychologie positive, représentée par cette nouvelle génération de chercheurs, a pour but d’étudier et de renforcer les émotions positives qui nous permettent de devenir de meilleurs êtres humains tout en acquérant une plus grande joie de vivre".

Matthieu RICARD, « Plaidoyer pour le bonheur », Pocket n°12 276, 2005, p. 124

Interdépendance

"Nous ne pensons pas assez que nous dépendons les uns des autres : sur le simple plan matériel, nous sommes tous interdépendants pour nos besoins quotidiens, et c’est ainsi que nous avons une dette envers tous les êtres". Kalou Rinpotché

"Il est important de percevoir combien votre propre bonheur est lié à celui des autres. Il n’existe pas de bonheur individuel totalement indépendant d’autrui".
Le XIVème Dalaï-Lama

(Pensées du 15 et 25 octobre citée dans « Offrandes, 365 pensées de Maîtres bouddhistes » de Danielle et Olivier Föllmi, Éditions de La Martinière 2008)


Grenier à nourriture, Bénin

mercredi 17 novembre 2010

Bavardages et médisances

"Maîtrise ta parole, car elle est très dangereuse ; la parole non maîtrisée peut provoquer une terrible souffrance. Une seule parole malveillante peut détruire beaucoup de bien. Une blessure par le feu finit par guérir ; mais une blessure par la parole laisse une cicatrice qui ne guérit jamais."

Valluvar, cité dans « Sagesses, 365 pensées de Maîtres de l’Inde » de Danielle et Olivier Föllmi, Éditions de La Martinière 2008, pensée du 20-06.


"Les médisances et calomnies créent des contestations opposant des individus ou des groupes de personnes et peuvent causer de graves préjudices. Les maîtres disent que lorsqu'on est en compagnie on doit veiller à sa langue, et, lorsqu'on est seul, à son esprit.
Les paroles oiseuses, bavardages, « papotages » sont sans utilité. Étant généralement axés sur le désir, l'attachement ou l'antipathie ils ne peuvent qu'augmenter en nous les illusions".

DALAÏ-LAMA, « Enseignements essentiels », Albin Michel 1989, p. 71


Simplement être...

"À l’inverse du plaisir, Soukha naît de l’intérieur. S’il peut être influencé par les circonstances, il n’ y est pas soumis. Loin de se transformer en son contraire, il perdure et croît à mesure qu’on l’éprouve. Il engendre un sentiment de plénitude qui, avec le temps, devient un trait fondamental de notre tempérament.
Soukha n’est pas lié à l’action, c’est un « état d’être », un profond équilibre émotionnel issu d’une compréhension subtile du fonctionnement de l’esprit. Tandis que les plaisirs ordinaires se produisent au contact d’objets agréables et prennent fin dès que cesse le contact, soukha est ressenti aussi longtemps que nous demeurons en harmonie avec notre nature profonde. Il a pour composante naturelle l’altruisme qui rayonne vers l’extérieur au lieu d’être centré sur soi. Celui qui est en paix avec lui-même contribuera spontanément à la paix dans sa famille, son voisinage, son village et, si les circonstances s’y prêtent, dans son pays et dans le monde entier. Par son rayonnement spirituel, par sa sérénité et sa plénitude, le sage et l’homme heureux facilitent naturellement le bien-être de la société dans laquelle ils vivent. Selon Alain : « On ne dit pas assez que ce que nous pouvons faire de mieux pour ceux qui nous aiment, c’est encore d’être heureux. »

Matthieu RICARD, « Plaidoyer pour le bonheur », Pocket n°12 276, 2005, p.46

Avoir l'esprit distrait rend triste

Dépêche AFP du 11/11/2010

"Les individus passent presque la moitié du temps à imaginer faire autre chose que ce qu'ils sont réellement en train de faire, et cette continuelle distraction les rend tristes, selon une étude américaine menée auprès de propriétaires d'iPhones et publiée aujourd'hui. "Un esprit humain est un esprit distrait, et un esprit distrait est un esprit malheureux", résument les psychologues Matthew Killingsworth et Daniel Gilbert, de la prestigieuse université Harvard, dans cette étude publiée par le magazine Science. "Pouvoir penser à quelque chose qui n'a pas réellement lieu est une habilité cognitive qui a un coût émotionnel", selon eux.

Leur étude a été menée auprès de 2.250 personnes (dont 74% d'Américains), grâce à une application de leur téléphone multifonctions iPhone, qui les contactait à des moments pris au hasard. Les cobayes volontaires étaient interrogés sur leur état d'esprit du moment et sur l'activité qu'ils étaient en train de mener. Ils devaient aussi indiquer s'ils pensaient à autre chose qu'à la tâche en cours, et si ces pensées étaient plaisantes, neutres ou déplaisantes. Les résultats de l'étude ont montré que 46,9% du temps, les personnes sondées avaient l'esprit distrait et que "la distraction des sujets était généralement la cause, et non la conséquence, de leur tristesse". "Cette étude montre que notre vie mentale est envahie, à un degré remarquable, par ce qui n'est pas présent", souligne Matthew Killingsworth.

L'activité sexuelle est la seule au cours de laquelle les sujets sont vraiment concentrés sur ce qu'ils font, selon l'étude. En revanche, pendant toutes les autres activités, l'esprit vagabonde au moins 30% du temps. Les personnes interrogées ont répondu que le sexe, l'exercice physique et la conversation étaient les activités qui leur donnaient le plus grand sentiment de contentement, tandis que celles qui leur en donnaient le moins étaient l'utilisation de leur ordinateur à la maison, le repos et le travail. L'application pour iPhone est disponible à l'adresse internet www.trackyourhappiness.org."

Attachement

"Si tu regardes avec attention, tu verras qu’il y a une chose, une seule, qui cause le malheur. Son nom est Attachement. Qu’est-ce ? Un état émotionnel qui te fait croire que sans cette chose-là ou sans cette personne à laquelle tu t’accroches, tu ne peux pas être heureux".

Père Anthony de Mello, s. j., Extrait de "1000 Merveilles de la sagesse chrétienne", p. 8

Murailles de Marrakech

Expérience sur les perceptions

"Lors de la première conférence de l’institut Mind and Life, en 1987, le Dr Livingston décrivit une expérience simple qui consistait à montrer à plusieurs personnes la lettre T, dessinée de telle sorte que la barre verticale et la barre horizontale soient exactement de la même longueur. Lorsqu’on leur demanda si l’une des barres était plus longue que l’autre ou si les deux étaient de longueur égale, les sujets donnèrent trois réponses différentes, chacune liée à leur environnement familier. La plupart de ceux qui vivaient ou avaient grandi dans un pays plat, comme la Hollande, avaient tendance à percevoir la barre horizontale comme plus longue. Par contre, ceux qui avaient l’habitude d’une région montagneuse et avaient donc plus fréquemment l’occasion de voir les choses selon des critères de haut et de bas étaient presque tous persuadés que c’était la barre verticale qui était la plus longue. Une poignée seulement de participants s’aperçut que les deux barres étaient de même longueur.
D’un point de vue purement biologique, donc, le cerveau joue un rôle actif dans le façonnage et le conditionnement de nos perceptions. Bien que les scientifiques n’aillent pas jusqu’à nier l’existence d‘un « monde réel » d’objets situé au-delà des imites du corps, ils s’accordent généralement Sur le fait que, malgré notre impression de percevoir les choses de manière directe et immédiate avec nos sens, les processus mis en jeu sont beaucoup plus subtils et complexes qu’il y paraît. Comme Francisco Varela le déclara plus tard, au cours de la même conférence : « C’est comme si le cerveau faisait surgir le monde à travers les perceptions. »

YONGEY MINGYOUR Rinpotché, « Bonheur de la méditation », préfacé par Matthieu Ricard, Le livre de poche n°31 349, 2009, p. 142-143 ; [Cette expérience est décrite par le Dr Livingston dans « Passerelles – Entretiens avec le Dalaï-lama sur les sciences de l’esprit » sous la direction de J. Hayward et Francisco Varela, Albin Michel, 1995, p. 241]

Optimisme

"Si l’on observe la manière dont les gens perçoivent les événements de leur vie, apprécient la qualité du moment vécu et construisent leur futur en surmontant les obstacles grâce à une attitude ouverte et créative, les optimistes possèdent un avantage indéniable sur les pessimistes : un grand nombre de données montrent qu’ils réussissent mieux aux examens, dans leur ,profession et dans leur couple, vivent plus longtemps et en meilleure santé, ont plus de chance de survivre à un choc postopératoire et sont moins sujets à la dépression et au suicide. Pas si mal, n’est-ce pas ? Des chiffres ? Une étude a été conduite sur plus de neuf cents personnes admises dans un hôpital américain en 1960. Leur degré d’optimisme, ainsi que d’autres traits psychologiques, avaient été évalués par des tests et des questionnaires. Quarante ans plus tard, il s’avère que les optimistes ont vécu en moyenne 19 % plus longtemps que les pessimistes, soit seize ans de vie pour un octogénaire ! Par ailleurs, on sait que les pessimistes ont huit fois plus de chances de sombrer dans la dépression lorsque les choses vont mal. En outre, « ils ont des résultats scolaires, sportifs et professionnels inférieurs à ce que leurs capacités laissaient présager et ont plus de difficultés relationnelles ». Il a pu être montré que c’était bien le pessimisme qui aggravait la dépression et les autres difficultés citées, et non le contraire, car si l’on apprend à ces personnes à remédier spécifiquement au pessimisme en transformant leur vision des choses, elles sont nettement moins sujettes à des rechutes dépressives. Il y a des raisons précises à cela. Les psychologues décrivent en effet le pessimisme comme un mode d’explication du monde qui engendre une impuissance acquise".

Matthieu RICARD, Plaidoyer pour le bonheur , Pocket n°12 276, 2005, p. 226-227

Vie éternelle

"Voici le secret de la vie éternelle: Que tous tes actes, ta foi, ta pensée, ton amour soient constants. Tout attiédissement est agonie, disparition. Toute pause molle est évanouissement, mort"
(Dialogues avec l'Ange, cité dans César l'éclaireur, p.209)


Communion

"Était-ce de moi? Était-ce de lui dont je parlais? Toujours est-il que sa souffrance devint la mienne. D'ailleurs, est-on capable de voir au-dehors autre chose que ce qui existe au-dedans ?"
(César l'éclaireur, p. 179

dimanche 7 novembre 2010

Le bonheur est en soi

"Chercher le bonheur en dehors de nous, c’est comme attendre le soleil dans une grotte orientée au nord".

Adage tibétain

Construire le bonheur

"Le bonheur n’arrive pas automatiquement, ce n’est pas une grâce qu’un sort heureux peut répandre sur nous et qu’un revers de fortune peut nous enlever ; il dépend de nous seuls. On ne devient pas heureux en une nuit, mais au prix d’un travail patient, poursuivi de jour en jour. Le bonheur se construit, ce qui exige de la peine et du temps. Pour devenir heureux, c’est soi-même qu’il faut savoir changer."

Luca et Francesco Cavalli-Sforza, « La science du bonheur », Odile Jacob, 1998

Jardin Majorelle, Marrakech

samedi 6 novembre 2010

Science et religion

"S’il y a une religion qui répond aux besoins de la science moderne, c’est le bouddhisme."

Albert Einstein.

Méditer dans la nature

"Méditer dans un environnement naturel permet de pratiquer plus facilement. La nature est une source d’inspiration inépuisable. Elle donne une sensation d’aisance et d’espace, de majesté et de dignité. Tout cela entre en résonance avec ce qu’il y a de plus profond en nous. L’esprit est ainsi fait qu’il cherche toujours à saisir, mais dans l’espace il n’y a rien à saisir. On ne peut que lâcher prise , juste se détendre et goûter l’instant. Quand nous sommes à l’aise avec nous-mêmes, que rien ne nous contraint, ne nous limite, que les yeux se posent sur l’horizon, nous éprouvons un sentiment de liberté et une sensation de relaxation profonde."

Sogyal Rinpoché, in Véronique Jannot "Trouver le chemin", J’ai Lu n°8108, 2007, p. 194

vendredi 5 novembre 2010

Insatisfaction

"L’homme recherche le bonheur de façon erronée. Il se précipite sans cesse en cherchant à satisfaire ses désirs, croyant ainsi approcher le bonheur. Or, celui–ci ne naît pas de ce que l’on reçoit mais de ce que l’on donne. Plus on reçoit, plus on exige, Les désirs sont inassouvissables et l’insatisfaction, perpétuelle."

Maître Taisen Deshimaru, cité dans « ÉVEILS, 365 pensées de Sages d’Asie » de Danielle et Olivier Föllmi, Éditions de La Martinière 2007, pensée du 23/07

Détail de tangka

jeudi 4 novembre 2010

Méditer sur les goûts

"Il m’a fallu du temps pour me rendre compte je buvais ou mangeais j’étais à peine conscient de ce que je faisais. Mon esprit était généralement occupé par des conversations, des problèmes personnels, des conflits ou des rêveries. En conséquence, je ne m’impliquais pas dans ce que je faisais, et je manquais l’occasion d’éprouver la richesse du moment présent. L’attention au goût est une méthode extrêmement utile qui permet de pratiquer de courtes méditations à plusieurs reprises dans la journée.
Lorsqu’on m’a appris à utiliser le goût comme support d’attention, on m’a bien sûr dit, comme il se doit, que je devais reposer mon esprit pendant quelques instants, avant de simplement prêter attention, de façon légère, à toutes les saveurs que je percevais, sans les analyser pour savoir si elles étaient sucrées, amères, acides ou autres, puis reposer  nouveau mon esprit dans son état naturel, et continuer ainsi à alterner."

YONGEY MINGYOUR Rinpotché, « Bonheur de la méditation », préfacé par Matthieu Ricard, Le livre de poche n°31 349, 2009, p. 253-254

Citronnier, fleurs et fruits

samedi 30 octobre 2010

En paix

"Demandez à plusieurs personnes de raconter des épisodes de « parfait » bonheur : certains parlent de moments de paix profonde ressentie dans un environnement naturel harmonieux, dans une forêt où filtrent des rayons de soleil, au sommet d’une montagne face un vaste horizon, au bord d’un lac tranquille, lors d’une marche de nuit dans la neige sous un ciel étoilé, etc. D’autres mentionnent un événement longtemps attendu : la réussite d’un examen, un triomphe sportif, la rencontre avec une personne qu’ils ont ardemment souhaité connaître, la naissance d’un enfant. D’autres enfin parlent d’un moment d’intimité paisible vécu en famille ou en compagnie d’un être cher, ou le fait d'avoir rendu quelqu’un heureux.
Il semble que le facteur commun à ces expériences fertiles mais fugitives soit la disparition momentanée de conflits intérieurs. La personne se sent en harmonie avec le monde qui l'entoure et avec elle-même. Pour celui qui vit une telle expérience, comme de se promener dans un paysage enneigé, les points de référence s'évanouissent : en dehors de l'acte simple de marcher, il n'attend rien de particulier. il « est » simplement, ici et maintenant, libre et ouvert. L'espace de quelques instants, les pensées du passé ne surgissent plus , les projets du futur n'encombrent plus l'esprit, et le moment présent est affranchi de toute construction mentale. Ce moment de répit durant lequel tout état d'urgence émotionnel disparaît est ressenti comme une paix profonde."

Matthieu RICARD, « Plaidoyer pour le bonheur », Pocket n°12 276, 2005, p. 14-15

vendredi 29 octobre 2010

Etrange humanité

On a demandé au XIVème Dalaï-lama : Qu’est-ce qui vous surprend le plus dans l’humanité ?
Il a répondu :
« Les hommes... Parce qu’ils perdent la santé pour accumuler de l’argent, ensuite ils perdent de l’argent pour retrouver la santé.
Et à penser anxieusement au futur, ils oublient le présent de telle sorte qu’ils finissent par ne vivre ni le présent ni le futur.
Ils vivent comme s’ils n’allaient jamais mourir... et meurent comme s’ils n’avaient jamais vécu. »

Détail de tangka

Problème

« Si le problème que vous rencontrez a une solution, il ne sert à rien de s'inquiéter. Mais s'il n'en a pas, alors s'inquiéter ne change rien »

Proverbe Tibétain

Vallée de l'Oukaïmeden, Maroc

Calmer l'esprit

"[Lors de mon apprentissage de la méditation], je ne comprenais pas trop ce qui se passait en moi. J’essayais de reposer mon esprit comme on me l’expliquait, mais mon esprit ne restait jamais tranquille. Je m’aperçus en fait, durant ces premières années d’entraînement, que je devenais encore plus distrait que par le passé. Toutes sortes de choses m’agaçaient : la sensation d’inconfort, les bruits autour de moi, les conflits avec les autres. Ce n’est que des années plus tard que je compris un point essentiel : rien n’empirait, je ne faisais que prendre davantage conscience du flux continuel de pensées et de sensations que je n’avais jamais remarqué à ce point auparavant. Après avoir rencontré d’autres personnes qui étaient, elles aussi, passées par ce stade, j’ai constaté que c’est une expérience commune à tous ceux qui apprennent à examiner leur esprit au moyen de la méditation".

YONGEY MINGYOUR Rinpotché, « Bonheur de la méditation » préfacé par Matthieu Ricard, Le livre de poche n°31 349, 2009, p. 37-38

jeudi 28 octobre 2010

Destin

« Ce qui ne vient pas à la conscience revient sous forme de destin. »

Carl Jung


Le vrai bonheur

"S’il est recherché pour nous satisfaire, le bonheur est impossible à trouver ; s’il diminue en étant partagé, jamais il ne nous suffira. Il y a une sorte de bonheur faux et momentané dans la satisfaction, mais elle mène à la tristesse car elle nous rapetisse et étouffe l’esprit. Le vrai bonheur se trouve dans l’amour généreux, celui qui augmente en étant partagé".
Thomas Merton, Extrait de "1000 Merveilles de la sagesse chrétienne", p. 38

Kasbah en ruine, vallée du Dadès, Maroc

Nouvelle époque

"Seuls ceux qui auront une grande spiritualité pourront traverser sans trop de problèmes l'époque que nous allons vivre et qui est déjà commencée".
(Dr B. Woestelandt, "De l'homme cancer à l'homme Dieu", p.271, ed. Dervy-livres)

Ste Berthe, vitrail de la basilique, colline de Sion

Extra-sensoriel

"Si l'homme savait faire confiance à ses perceptions extra-sensorielles, il pourrait se passer de beaucoup de ces machines qui lui servent de prothèses".
(Mario Mercier, La nature et le sacré, ed. Dangles

Evolution

"D'existences en existences, la vie psychique nous élève en une évolution ascendante. Chacun de nous a été minéral, végétal et animal, avant d'être homme, et l'homme n'est pas le dernier terme. Nous sommes encore très inférieurs".
(Camille Flammarion, Après la mort, p.303, ed. J'ai Lu)

Profondeurs

"Il en est de l'homme comme de l'arbre. Plus il veut aller vers les hauteurs et la clarté, plus ses racines aspirent à s'enfoncer dans la terre, à plonger vers le bas, l'ombre, les profondeurs."
(Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra)

dimanche 24 octobre 2010

Ecologie et spiritualité


Forum organisé à l'institut Karma Ling en 2004, en 7 vidéos.

Une question

Trinh Xuan Thuan : "Autre question qui me dérange : la population de la terre croît sans cesse et chaque flux de conscience est associé à une personne : y aurait-il dans l’univers un réservoir inépuisable de flux de conscience qui alimente cette démographie galopante ? Un réservoir qui aurait existé de tout temps, depuis la création de l’univers ? Cela signifie-t-il également qu’il existerait d’innombrables flux de conscience qui ne se sont jamais associés à un support matériel depuis le big bang ?"

(Matthieu Ricard  – Trinh Xuan Thuan, "L’infini dans la paume de la main, Le moine et l'astrophysicien", Pocket n°11171, 2005 p. 261)

Lumière

"La lumière doit venir du dedans. Vous ne pouvez demandez à l’obscurité de partir, vous devez allumer la lumière".

Sogyal Rinpotché

Eduquer

"Quelle planète laisserons-nous à nos enfants et quels enfants laisserons-nous à la planète?"

Question de Pierre Rabhi lors d'une interview sur l'émission Sagesses Bouddhistes sur France 2.

mardi 19 octobre 2010

Le moment présent

Je ne vis ni dans mon passé ni dans mon avenir. Je n’ai que le présent, et c’est lui seul qui m’intéresse. Pendant que je mange, je ne fais rien d’autre que manger. Quand je marche, je marche, c’est tout. Si tu peux demeurer toujours dans le présent, alors tu seras un homme heureux. … La vie … est toujours le moment que nous sommes en train de vivre, et cela seulement.

Paulo Coelho, « L’Alchimiste », J’ai Lu , 2007, p.108-109

Poussière d'étoiles

"Nous sommes tous faits de poussière d’étoiles, frères des bêtes sauvages et cousins des fleurs des champs, nous portons tous en nous l’histoire cosmique. Le simple acte de respirer nous relie à tous les êtres qui ont vécu sur le globe. Par exemple, nous inhalons encore aujourd’hui des millions de noyaux d’atomes partis en fumée lors du supplice de Jeanne d’ Arc en 1431, et quelques molécules provenant du dernier souffle de Jules César. Quand un organisme vivant meurt et se décompose, ses atomes sont libérés dans l'environnement, puis intégrés dans d’autres organismes. Nos corps contiennent environ un milliard d’atomes qui ont appartenu à l’arbre sous lequel le Bouddha atteint l’Eveil".

Matthieu Ricard  – Trinh Xuan Thuan, "L’infini dans la paume de la main, Le moine et l'astrophysicien", Pocket n°11171, 2005, p. 100-101

mercredi 13 octobre 2010

Tous reliés

"Les physiciens nous assurent que notre matière, dans ce qu’elle a de plus élémentaire (c’est-à-dire les particules), ne meurt pas, ne peut pas mourir. Nos particules se recomposent en d’autres corps, végétaux, animaux et autres qui à leur tour pourront connaître ce que nous appelons la mort.
Et le nombre de ces particules est si élevé – nous disent, et même nous démontrent les scientifiques – qu’à chaque respiration nous inspirons quelques particules de Socrate, de son vêtement, des oignons qu’il mangeait, et non seulement de Socrate et de Jules César, mais de tous les millions et millions d’anonymes qui ont marché sur cette terre, composés de la même matière élémentaire qui passe inlassablement de l’un à l’autre. Ainsi, chaque fois qu’il respire, le Dalaï-lama inhale quelques particules qui ont provisoirement formé le Bouddha Çâkyamuni lui-même. Et moi aussi j'en inspire quelques-unes, et les autres personnes qui sont dans la pièce font de même, et tous les habitants de la terre".

DALAÏ-LAMA – J-C CARRIÈRE, « La force du Bouddhisme »,Pocket n°4455, 2003, p. 154