dimanche 30 septembre 2012

Je pense donc je suis ?

… Je vais procéder aussi lentement que possible car les conséquences de cette connaissance sont dévastatrices. Extraordinaires ou extraordinairement terrifiantes, tout dépend du point de vue.
Commençons par ceci : suis-je mes pensées, suis-je les pensées qui sont dans ma tête ? Non. Les pensées apparaissent et disparaissent ; je ne suis pas mes pensées. Suis-je mon corps ? On nous dit que des millions de cellules se transforment ou se renouvellent constamment dans notre organisme, et que sept années suffisent à les changer entièrement. Nous n’avons plus, à l’issue de ce processus de changement, une seule cellule qui ait été présente dans notre corps sept ans plus tôt. Les cellules apparaissent et disparaissent. Les cellules naissent et meurent. Mais il semble que « je » survive. Suis-je mon corps ? Non.
« Je » est à la fois différent et plus important que le corps. On pourrait dire que le corps est une partie de ce « je », une partie qui change. Il ne cesse de bouger, de se transformer. Nous avons toujours le même mot pour le nommer mais il ne cesse de changer. Comme nous avons le même mot pour nommer les chutes du Niagara, constituées par des eaux qui ne cessent de bouger. Nous utilisons le même mot pour une réalité essentiellement changeante.
(Anthony de Mello, s.j., « Quand la conscience s’éveille » [1984], Éd. Albin Michel 2010, p.64-65)

Dans notre vie quotidienne, comme dans la pratique formelle, il est extrêmement bon de savoir que nous ne sommes pas nos pensées (y compris nos idées, nos opinions et même nos positions bien arrêtées) et qu’elles ne sont pas nécessairement vraies, ou seulement vraies dans une certaine mesure, et souvent peu utiles de toute façon. C’est lorsque nous ne les connaissons pas comme telles, lorsque nous n’avons pas conscience de leur flux même, des bulles individuelles, des courants et des tourbillons de pensée au sein du flux, que nous n’avons aucun moyen d’œuvrer à nous affranchir de leurs énergies incroyablement puissantes et persistantes, mais souvent trompeuses.
(Dr Jon Kabat-Zinn John, « L’éveil des sens : vivre l’instant présent grâce à la pleine conscience », 2005, Pocket n°14 424, 2011, Préface de Matthieu Ricard, p. 289)

Pour la plupart d’entre nous, les pensées sont apparemment très solides, très vraies. Nous nous y attachons, ou bien nous en avons peur. Dans un sens comme dans l’autre, nous leur accordons tout pouvoir sur nous. Plus nous les croyons solides et vraies, plus nous leur accordons de pouvoir. Mais dès que nous les observons, leur pouvoir commence à faiblir.
Parfois, quand on observe ses pensées, on remarque qu’elles apparaissent et disparaissent plutôt vite en laissant des petits blancs entre elles. Au début, l’espace entre une pensée et la suivante peut ne pas être très long. Mais avec la pratique, cet espace s’étire, et l’esprit se pose avec plus d’ouverture et de paix dans une attention sans objet. Parfois, la simple pratique d’observer ses pensées ressemble au fait de regarder la télévision ou un film. Sur l’écran, il peut se passer des tas de choses, mais en fait, on n’est pas dans le film ou à la télé. Il y a un peu d’espace entre celui qui regarde et ce qu’il regarde. Alors, tandis que vous pratiquez l’observation des pensées, vous pouvez faire l’expérience de ce petit espace entre vous-même et vos pensées. Cet espace, ce n’est pas réellement vous qui le créez ; il a toujours été là. Vous ne faites que le remarquer.
(Yongey Mingyour Rinpotché, « Bonheur de la sagesse », préfacé par Matthieu Ricard, Le livre de poche n°32 372, 2011, p. 202-203)

Papillon, Château de Hac  (Bretagne)



mercredi 26 septembre 2012

La parole peut détruire sans laisser de trace.

Une légende du désert raconte l’histoire d’un homme sur le point de changer d’oasis, qui chargeait ses bagages sur son chameau. Il empila les tapis, les ustensiles de cuisine, les malles de vêtements, et le chameau tint bon.
Au moment de partir, l’homme se souvint d’une belle plume bleue que son père lui avait offerte. Il décida de l’emporter elle aussi et la posa sur la monture. À cet instant, l’animal s’effondra sous le poids et mourut.
« Mon chameau n’a pas supporté le poids d’une plume », a sans doute pensé l’homme.
Parfois, nous disons la même chose de notre prochain, sans comprendre que notre plaisanterie a peut-être été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase de la souffrance.
(Paulo COELHO, « Maktub », 1994, Éditions Anne Carrière, 2004, p.183)

Maîtrise ta parole, car elle est très dangereuse ; la parole non maîtrisée peut provoquer une terrible souffrance. Une seule parole malveillante peut détruire beaucoup de bien. Une blessure par le feu finit par guérir ; mais une blessure par la parole laisse une cicatrice qui ne guérit jamais.
(Valluvar, cité dans « Sagesses, 365 pensées de Maîtres de l’Inde » de Danielle et Olivier Föllmi, Éditions de La Martinière 2008, pensée du 20-06)

Les médisances et calomnies créent des contestations opposant des individus ou des groupes de personnes et peuvent causer de graves préjudices. Les maîtres disent que lorsqu'on est en compagnie on doit veiller à sa langue, et, lorsqu'on est seul, à son esprit.
Les paroles oiseuses, bavardages, « papotages » sont sans utilité. Étant généralement axés sur le désir, l'attachement ou l'antipathie ils ne peuvent qu'augmenter en nous les illusions.
(DALAÏ-LAMA, « Enseignements essentiels », Albin Michel 1989, p. 71)

Lézard, près de l'Église de Tanahat (Arménie)

dimanche 23 septembre 2012

Nous voulons les émotions

"Nous voulons l'aventure, le mouvement, le combat, la joie, l'excitation des ruts, l'amour fou jusqu'à la démence, jusqu'au meurtre. N'importe quoi, mais que quelque chose se passe, et non pas une vie plate, que l'on considère calmement."Vivre poétiquement, dangereusement ou religieusement", ainsi parlait Nietzsche. 
Nous voulons les émotions (...).
Si les impressions étaient reçues de la même façon que l'air est reçu par les poumons, il n'y aurait jamais de souffrance, ni de "grande joie" non plus. Seul régnerait l'état non troublé, la paix intérieure. Sans aller jusque là, ne pourrions-nous recevoir ce qui vient à nous, dans une attitude d'ouverture, où chaque objet, chaque élément vital, humain, végétal, animal, serait accueilli comme le don unique, précieux dans sa diversité, que nous offre constamment l'univers?"

Denise Desjardins, La Mémoire des vies antérieures, p.68


Bénin, marché aux oignons

samedi 15 septembre 2012

Humilité

Un maître bouddhiste voyageait à pied avec ses disciples quand il s’aperçut que ceux-ci débattaient pour savoir lequel d’entre eux était le meilleur.
- « Je pratique la méditation depuis quinze ans », disait l’un.
- « Je fais la charité depuis que j’ai quitté la maison de mes parents », renchérissait un autre.
- « J’ai toujours suivi les enseignements du Bouddha », affirmait un troisième.
À midi, ils firent halte sous un pommier pour se reposer. Les branches de l’arbre ployaient sous le poids des fruits.
Alors le maître prit la parole :
« Quand un arbre est chargé de fruits, ses branches ploient et touchent le sol. De même, le véritable sage est humble.
Quand un arbre n’a pas de fruits, ses branches se dressent, arrogantes et hautaines. De même, l’imbécile se croit toujours meilleur que son prochain. »
(Paulo COELHO, « Maktub », 1994, Éditions Anne Carrière, 2004, p. 156)

Le petit  Ararat et  le grand Ararat, vus depuis Byurakan (Arménie)

jeudi 6 septembre 2012

Non-violence

"Celui qui cherche à comprendre la violence n'appartient à aucun pays, à aucune religion, à aucun parti politique, à aucun système particulier. Ce qui lui importe, c'est la compréhension totale de l'humanité."

Krishnamurti, "Se libérer du connu", ed. Stock, p. 64






mercredi 5 septembre 2012

Bannir la routine

Tout, autour de nous, change sans cesse. Chaque jour, le soleil illumine un monde nouveau. Ce que nous appelons routine est rempli d’occasions nouvelles, mais nous ne savons pas voir que chaque jour est différent du précédent.
Aujourd’hui, quelque part, un trésor vous attend. Ce peut être un petit sourire, ce peut être une grande conquête, peu importe. La vie est faite de petits et de grands miracles. Rien n’est ennuyeux, car tout change constamment. L’ennui n’est pas dans le monde, mais dans la manière dont nous voyons le monde.
Comme l’a écrit le poète T. S. Eliot : « Parcourir les routes / rentrer à la maison / et voir tout comme si c’était la première fois. »
(Paulo COELHO, « Maktub », 1994, Éditions Anne Carrière, 2004, p. 195)

Fleurs dans le désert mauritanien

samedi 1 septembre 2012

"Ce que nous sommes aujourd'hui provient de nos pensées d'hier et nos pensées présentes façonnent notre vie de demain. Notre vie est la création de notre esprit"

(Auteur inconnu)

Coucher de soleil sur le littoral Corse