mercredi 22 octobre 2014

Faire la cuisine en pleine conscience

… Je m'organiserai de façon à avoir assez de temps et d'énergie pour faire mon travail dans la détente et la liberté, sans avoir à me presser. En laissant l'eau du robinet couler dans la bassine pleine de légumes, je la contemple pour voir sa nature merveilleuse. Je vois l'eau prendre sa source à la cime des montagnes ou dans les profondeurs de la terre et couler jusqu'à ma cuisine. Je sais aussi qu'il y a des endroits sur cette planète où l'eau manque, où les gens doivent marcher des kilomètres sous le soleil pour aller remplir des seaux et les porter ensuite jusqu'à leur maison. Ici, l'eau est disponible à tout moment, il suffit d'ouvrir le robinet. Une simple coupure de quelques heures, et me voilà tout désemparé. C'est pourquoi je sais que l'eau est précieuse. Il en va de même pour l'électricité qui me permet d'allumer la lumière ou de faire bouillir de l'eau. Il me suffit d'être conscient que l'eau et l'électricité me sont facilement accessibles pour qu'immédiatement, la joie emplisse mon cœur. Devant une tomate, une carotte ou un morceau de tofu, je peux également regarder en profondeur, voir leur nature merveilleuse et leur origine dans la terre, le soleil, la pluie et la graine. En préparant le thé, je peux y voir les plantations de thé sur les hauts plateaux en Asie ou les collines brumeuses de l'Inde.
Je peux couper les légumes ou faire la cuisine en pleine conscience et également avec amour. Je sais que travailler avec amour ne me fatigue pas alors que, si je me sens obligé de cuisiner pour les autres, je perds toute ma joie. Je suis conscient que c'est un grand bonheur d’avoir la chance de faire la cuisine pour ma famille ou ma communauté, que les énergies d'amour et de compassion présentes dans la cuisine pénètrent directement dans la nourriture que je prépare pour ceux que j'aime. Je […] promets de ne pas parler dans la cuisine, en particulier de ne pas médire et de ne pas aborder de sujets préjudiciables au bonheur de ma famille ou de ma communauté. Je peux travailler en silence avec ma famille et mes amis. Chacun d'entre nous peut ainsi préparer le repas en pleine conscience, dans l'amour et la joie.
(Thich Nhat Hanh, « Conversations intimes avec le Bouddha », Le courrier du Livre 2013, p.65-66)


vendredi 17 octobre 2014

Vraie nature

Si l'on peut dire que la conscience même est en un sens notre vraie nature, alors demeurer en elle peut nous éviter de rester bloqué dans tout état mental ou corporel, toute pensée ou émotion, peu importe la gravité de la situation, réelle ou perçue comme telle. Mais quand nous nous sentons prisonniers des glaces, par exemple, nous ne croyons même pas à la possibilité de l'eau, et nous oublions que notre vraie nature transcende toutes les formes qu'elle peut adopter.

(KABAT-ZINN Jon, « Méditer, 108 leçons de pleine conscience » (2009) + CD de 12 méditations guidées avec la voix de Bernard Giraudeau, Éditions Marabout, 2011, p.105 ; Jon Kabat-Zinn est l’inventeur d’une méditation accessible à tous : la « méditation en pleine conscience ». À ce jour [en 2012], plus de 550 centres, hôpitaux ou cliniques utilisent la MBSR aux États-Unis, et plus de 700 à travers le monde, l’utilisent comme outil de soin.)

A proximité d'Essendilène, Algérie)

lundi 13 octobre 2014

Le test du marshmallow

La force de volonté, c'est le destin
Des décennies d'étude ont révélé l'importance singulière de la force de la volonté dans la détermination du cours d'une vie. L'un des premiers travaux de ce genre est un petit projet réalisé dans les années 1960 où des enfants de foyers démunis ont reçu une attention particulière en maternelle pour les aider notamment à cultiver la maîtrise de soi et d'autres aptitudes vitales. Le projet visait à faire augmenter leur QI, mais ça n’a pas fonctionné. Pourtant, des années plus tard, lorsqu'on a comparé ces enfants à d'autres qui n'avaient pas participé au programme, on a trouvé chez eux moins de grossesses adolescentes, moins d'échecs scolaires, moins de délinquance et même moins d'absentéisme au travail. Ces conclusions ont été un argument de poids pour la création de ce qui est devenu le programme de soutien préscolaire Head Start, que l'on rencontre aujourd'hui partout aux États-Unis.
Puis, dans les années 1970, il y a eu le « test du marshmallow », une étude légendaire menée par le psychologue Walter Mischel à l'université Stanford. Mischel a accueilli l'un après l'autre des enfants de quatre ans dans une « salle de jeux » de la Bing Nursery School, sur le campus de Stanford. Là, on présentait à l'enfant un plateau garni de marshmallows et d'autres sucreries en lui disant de choisir ce qu'il voulait.
Ensuite, l'affaire se corsait. Le chercheur disait à l'enfant : « Tu peux le manger maintenant, si tu veux. Mais si tu attends que je sois revenu d'une course que j'ai à faire, tu en auras deux. »
Il n'y avait rien dans la pièce pour se distraire : pas de jouets, pas de livres, pas même une image. Dans des conditions si difficiles, la maîtrise de soi était pour un enfant de quatre ans un véritable exploit. Environ un tiers des enfants a immédiatement avalé le marshmallow, un autre tiers a attendu que s'écoule l’interminable quart d'heure pour recevoir la récompense (le dernier tiers s'est situé quelque part entre les deux). Mais le plus significatif, c'est que ceux qui ont résisté à la tentation ont obtenu de meilleures notes aux exercices de mesure du contrôle exécutif, et plus précisément dans la réaffectation de l'attention.
C'est dans la façon dont on se focalise que réside la clef de la force de volonté, dit Mischel. Les centaines d'heures passées à observer ces enfants aux prises avec la tentation ont révélé que tout découle de l’« affectation stratégique de l'attention », selon ses termes. Ceux qui ont su patienter jusqu'au bout du quart d'heure se sont occupés par des tactiques telles que jouer dans sa tête, chanter des chansons, ou se cacher les yeux. Si un enfant se contentait de contempler le marshmallow, il était fichu (ou, plus exactement, c'est le marshmallow qui l'était).
Dans l'opposition entre la faculté de se retenir et la gratification immédiate, au moins trois sous-catégories de l'attention sont en jeu, toutes relevant de l'exécutif. La première est l'aptitude à volontairement décrocher son attention d'un objet de désir particulièrement captivant. La deuxième, la résistance à la distraction, permet de maintenir sa focalisation ailleurs — sur un jeu imaginaire, par exemple — au lieu de constamment revenir à cet objet de convoitise quel qu'il soit. Et la troisième nous permet de rester focalisé sur un objectif futur — les deux marshmallows promis. Tout cela constitue la force de volonté.
 ... La capacité d'un enfant à se maîtriser est un aussi bon indicateur prédictif de sa réussite financière et de sa santé à l'âge adulte (ainsi que de son casier judiciaire, d'ailleurs) que la classe sociale, la fortune familiale ou le QI. La force de volonté est apparue comme un facteur à part entière de la réussite d'une vie – en vérité, pour la réussite économique, la maîtrise de soi à l'enfance s'est avérée un meilleur indicateur que le QI ou la classe sociale de la famille d’origine.
 (GOLEMAN Daniel, « Focus, Attention et concentration : les clefs de la réussite » (2013), Éditions Robert Laffont, p.92-93 + 95)

Bonbons en cristal de Murano, lagune de Venise (Italie)

jeudi 9 octobre 2014

Méditation sur internet ou sur le courriel

L'Internet et le courriel sont maintenant au XXlème siècle un nouveau mode de vie et un moyen de communication essentiel. Il est très facile de nous laisser complètement dévorer par Internet, rivés à notre chaise, d'oublier de nous lever et de nous déplacer, de manger ou de rester en contact avec notre corps. Après des heures passées à regarder l'écran de notre ordinateur, nos yeux sont fatigués, notre dos peut nous faire mal, nos épaules sont contractées et nous pouvons sombrer dans un état de torpeur.
Nous pouvons facilement nous revigorer en pratiquant une respiration consciente. La méditation suivante est très utile pour éviter des erreurs graves ou des catastrophes qui se produisent quand nous sommes saturés d'informatique, par exemple l'envoi de courriels confidentiels à des personnes auxquelles ils n'étaient pas destinés. Vous pouvez faire cette méditation chaque fois que vous écrivez un courriel avant de cliquer « Envoi » :
En inspirant, je remercie Internet des services qu'il rend.
En expirant, je suis pleinement conscient des conséquences qu'aura le courriel que j'envoie.
(Thich Nhat Hanh and Dr Lilian Cheung, « Mindful eating, mindful life », Hay House 2010 ; « Savourez, mangez et vivez en pleine conscience », Éditions Tredaniel, 2011, p.251)


Dune (Essendilène, Algérie)

lundi 6 octobre 2014

Le bonheur de l’homme réside dans la satisfaction. (Gandhi)

Demandez d'être satisfait
Le seigneur Vishnu était tellement lassé par les incessantes requêtes de son dévot qu'il lui apparut un jour et lui dit : « J'ai décidé de vous accorder trois demandes, quelles qu'elles soient. Après, je ne vous accorderai plus rien. »
Ravi, le dévot fit tout de suite sa première demande : ce fut que sa femme mourût, de façon qu'il pût en épouser une meilleure. Sa demande fut immédiatement exaucée. Mais quand amis et parents se rassemblèrent pour les funérailles et commencèrent à rappeler toutes les excellentes qualités de sa femme, le dévot se rendit compte qu'il avait agi un peu vite. Il se rendait compte maintenant qu'il n'avait pas su voir toutes les qualités de sa femme. Trouverait-il jamais une autre femme aussi bonne que celle-ci ? Aussi, demanda-t-il au seigneur de la ramener à la vie. Ce qui le laissa avec une seule autre demande à formuler. Et il était déterminé à ne faire aucune erreur, cette fois, car il n'aurait aucune possibilité de la réparer.
Il eut la sagesse de consulter. Certains amis lui conseillèrent de demander l’immortalité, mais à quoi lui servirait l'immortalité, disaient d'autres, s'il ne jouissait pas d'une bonne santé ? Et à quoi bon la santé, s'il n'avait pas d'argent ? Et à quoi bon l'argent, s'il n'avait pas d'amis ?
Des années passèrent, sans qu'il se décide à faire une demande précise : la vie ou la santé ou la richesse ou le pouvoir ou l'amour. Finalement, il dit au dieu « Je vous en prie, donnez-moi un conseil sur la demande à faire.
Le Seigneur se mit à rire, quand il aperçut la situation du bonhomme et dit « Demandez d'être satisfait, quel que soit ce que la vie vous apportera. »
(Anthony de Mello, s.j., « Comme un chant d’oiseau » [1982], Éd. Desclée de Brouwer/Bellarmin 1984, p.155-156)

L’homme échoue dans sa quête d’un idéal de vie simple et de pensée supérieure dès qu’il cherche à multiplier ses désirs quotidiens. Le bonheur de l’homme réside dans la satisfaction. (Gandhi)

Il n’est de plus grande erreur que de vouloir satisfaire ses désirs, il n’est de plus grande misère que de ne savoir se suffire, il n’est de pire calamité que le désir de posséder ; celui qui sait se contenter de peu est toujours satisfait. (Lao-tseu)

L’ironie veut qu’une fois obtenu l’objet de notre désir, nous ne soyons toujours pas satisfaits. Ainsi la convoitise est sans limites et source de troubles. Le seul antidote, c’est le contentement. (Le XIVème Dalaï-Lama)

Désirez ce que vous avez et ne désirez pas ce que vous n’avez pas. Vous trouverez là une vraie plénitude. (Pensée bouddhiste)


vendredi 3 octobre 2014

L'exercice du raisin sec

Je vais faire le tour de la classe et je vais donner à chacun quelques « objets ».
Maintenant, ce que j'aimerais que vous fassiez, c'est vous focaliser sur l'un de ces objets et imaginer simplement que vous n'avez jamais rien vu de pareil auparavant. Imaginez que vous descendez de Mars à l'instant et que vous n'avez jamais rien vu de tel de toute votre vie....
  • Prenez un de ces objets et tenez-le dans la paume de la main ou entre l'index et le pouce. (Pause)
  • Prenez soin de le regarder. (Pause)
  • Regardez-le soigneusement, comme si vous n'aviez jamais rien vu de tel auparavant. (Pause)
  • Tournez-le entre les doigts. (Pause)
  • Explorez sa texture entre les doigts. (Pause)
  • Examinez les reliefs où la lumière brille... les coins et les plis plus sombres. (Pause)
  • Laissez vos yeux explorer chacune de ses parties, comme si vous n'aviez jamais vu une telle chose auparavant. (Pause).
  • Et si, en faisant cela, des pensées vous viennent à l'esprit, telles que « c'est vraiment étrange ce que nous sommes en train de faire » ou « quel est le but de ceci « ou « je n'aime pas ces choses », alors, notez les simplement comme des pensées et ramenez votre conscience vers l'objet. (Pause)
  • Et maintenant, sentez l'objet, prenez-le et portez-le à votre nez, et à chaque inspiration, notez soigneusement son odeur. (Pause)
  • Et maintenant, regardez-le à nouveau. (Pause)
  • Et maintenant, amenez lentement l'objet à la bouche, en remarquant peut-être comment votre main et votre bras savent exactement où aller, en remarquant peut-être que votre bouche salive alors que l'objet s'approche. (Pause)
  • Et maintenant, mettez doucement l'objet dans la bouche, et remarquez de quelle manière il est « accueilli », sans le mordre, en explorant simplement les sensations de l'avoir dans la bouche. (Pause)
  • Et lorsque vous serez prêts, mordez très consciemment dedans et notez le goût qu'il libère. (Pause)
  • Mâchez-le lentement... remarquez la salive dans la bouche... le changement de consistance de l'objet. (Pause)
  • Ensuite, lorsque vous vous sentez prêts à avaler, regardez si vous pouvez d'abord détecter l'intention d'avaler au fur et à mesure qu'elle se forme, de telle sorte que vous expérimentiez ceci consciemment avant même de réellement avaler l'objet. (Pause)
  • Pour terminer, examinez si vous pouvez suivre les sensations quand l'objet est avalé et descend dans votre estomac, tout en réalisant également que votre estomac contient un raisin de plus.
(SEGAL Zindel, WILLIAMS Mark, TEASDALE John, « La thérapie cognitive basée sur la pleine conscience pour la dépression : Une nouvelle approche pour prévenir la rechute », Éditions De Boeck 2006, Préface du Dr Jon KABAT-ZINN p. 126 ; Jon Kabat-Zinn est l’inventeur d’une méditation accessible à tous : la « méditation en pleine conscience ». À ce jour [en 2012], plus de 550 centres, hôpitaux ou cliniques utilisent la MBSR aux États-Unis, et plus de 700 à travers le monde, l’utilisent comme outil de soin.)

Raisins secs dorés (Source : Wikipédia)