vendredi 3 juin 2011

Passer du temps avec soi-même

"Le souffle : porte de la biologie On commence par s’asseoir confortablement, le dos droit, pour laisser toute liberté de mouvement à la colonne d’air qui glisse des narines vers la gorge puis les bronches, puis jusqu’au fond des poumons avant de faire le chemin inverse. Le maître tibétain Sogyal Rinpoché parle d’une position « digne ». Il suffit de deux grandes respirations lentes et profondes accompagnées de toute notre attention, pour sentir que quelque chose se détend en nous. Une sorte de confort, de légèreté, de douceur s’instaure dans la poitrine, dans les épaules. On apprend alors, au fil des séances, à laisser à la fois le souffle être guidé par l’attention et l’attention se reposer sur le souffle. L’esprit devient comme une feuille posée sur un plan d’eau, montant et descendant au fil des vagues qui passent, portée par elles. L’attention accompagne la sensation de chaque inspiration, et elle se laisse porter par la longue expiration de l’air qui quitte le corps avec douceur, lenteur, grâce, jusqu’au bout de sa course, Jusqu’à ce qu’il n’y ait plus qu’un tout petit filet d’air, à peine perceptible. Puis une pause. On apprend à se laisser couler dans cette pause, de plus en plus profondément. C’est souvent là qu’on se sent le plus proche de son corps intime. Avec un peu d’habitude, on y sent son cœur qui bat pour soutenir la vie, comme il le fait inlassablement depuis tant d’années. Et puis, au bout de cette pause, sans que nous ayons le moindre effort à faire – sauf d’y prêter notre attention -, une petite étincelle se rallume toute seule, et déclenche une nouvelle inspiration. C’est l’étincelle même de la vie, qui est toujours en nous et que nous découvrons parfois pour la première fois. Inévitablement, notre esprit se laisse distraire de cette tâche au bout de quelques minutes et nous attire vers le monde extérieur : les préoccupations du passé ou les obligations de l’avenir. Tout l’art de cet « acte radical d’amour » [expression de John Kabat-Zinn, Ph. D, qui fut biologiste au MIT : « passer du temps, tous les jours, seul avec soi-même est un « acte radical d’amour »] consiste à faire ce que nous ferions pour un enfant qui a besoin de toute notre attention : reconnaître l’importance de ces autres pensées, leur promettre avec bienveillance notre attention le moment venu, et revenir à celui qui a besoin de nous dans l’instant présent – en cette occasion, nous-même".
(Servan-Schreiber David, « Anticancer, Prévenir et lutter grâce à nos défenses naturelles », Éditions Robert Laffont 2007, p. 257-258)

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