jeudi 16 juin 2011

Comment supporter la douleur?

"Une synthèse des résultats publiés dans une cinquantaine d’articles scientifiques (1) a montré que, dans 85 % des cas, le recours aux méthodes mentales augmente la capacité à supporter la douleur. Parmi ces diverses techniques, l’imagerie mentale s’est avérée la plus efficace, encore que cette efficacité varie en fonction des supports visuels. On peut ainsi visualiser une situation neutre (imaginer que l’on écoute attentivement une conférence) ou agréable (se voir dans un endroit plaisant, devant un superbe paysage). Il existe d’autres méthodes destinées à distraire le patient de sa douleur, telles que la concentration sur un objet extérieur (regarder une projection de photographie), la pratique d’un exercice répétitif (compter de cent à zéro, de trois chiffres en trois chiffres), ou l’acceptation consciente de la douleur ; toutefois ces trois dernières méthodes ont donné de moins bons résultats. L’interprétation proposée pour expliquer cette disparité est que l’imagerie mentale mobilise davantage l’attention et est ainsi plus apte à distraire le malade de sa douleur que les méthodes fondées sur des images extérieures, un exercice intellectuel ou une attitude. Un groupe de chercheurs a établi qu’au terme d’un mois de pratique guidée d’imagerie mentale, 21% des patients attestent une amélioration notable de leur migraine chronique, contre 7% du groupe contrôle, qui n’a pas suivi l’entraînement (2)."
Matthieu RICARD, « Plaidoyer pour le bonheur », Pocket n°12 276, 2005, p. 79
(1)  Voir Ephrem Fernandez et Dennis C. Turk : « The utility of cognitive coping strategies for altering pain perception : a meta-analysis. » in Pain, 38 (1989) 123-135. 
(2)  2. Lisa K. Mannix, Rohit.S. Chadurkar, Lisa A. Rubicki, Diane L. Tusek et Glen D. Solomon : « Effect of guided imagery on quality of life for patients with chronic tension-type headache », in Headache, 1999, 39 : 326-334. Les mêmes techniques ont été utilisées pour réduire les symptômes postopératoires, les douleurs intenses dues au cancer et les nausées provoquées par la chimiothérapie. 


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire