dimanche 11 septembre 2011

L'état de vigilance est contagieux

"Même si je suis sous le coup d'une émotion, une petite part de moi est capable de participer à cette prise de conscience , et j'éprouve: "J'existe, c'est moi, je vis, je suis là." Et, du fait même que j'éprouve: "Je suis là", je porte mon attention vers ce qui m'entoure, je le vois d'une façon nouvelle. Parce que je deviens plus conscient de moi, je deviens aussi plus conscient de ce qui m'entoure. Je suis là, je suis en train de regarder cette statue. Il y a donc une certaine division de l'attention, une part de l'attention est portée sur je suis moi, une part de l'attention sur la statue que je suis en train de regarder. Je suis là, en train de regarder : c'est une part de l'attention. Par rapport à l'état habituel dans lequel l'homme ordinaire vit toute la journée, l'état que je décris est inhabituel, même si, avec une attention aiguë, tout le monde peut en faire l'expérience.
Mais la vérité est que cette division de l'attention est pratiquement impossible à maintenir.
(...) Dans les conditions ordinaires de la vie, pour celui qui va vivre au milieu de gens non attentifs, c'est une tâche presque impossible. pourtant cette attention, cette vigilance, ont quelque chose de contagieux. Si cinq ou six personnes qui ont une petite expérience de la méditation ou de la présence à soi-même sont prises dans leurs pensées ou par ce qu'elles regardent, sont absorbées, identifiées, confondues, sans conscience de soi, et que l'une d'elles s'éveille pour un moment et, pour un moment accède à la conscience de soi et s'y maintient, au bout de quelques instants, ceux qui l'entourent ressentent, perçoivent quelque chose, s'ils ne sont pas totalement emportés."

Arnaud Desjardins, "A la recherche du Soi", La Table Ronde, p.158, 159

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