lundi 29 novembre 2010

Méditer sur les odeurs

"Vous pouvez, en fait, utiliser comme objet de méditation toute sensation, quelle qu’elle soit, qui attire le plus votre attention à un moment particulier. Les odeurs, par exemple, peuvent être très utiles, que ce soit pendant les pratiques formelles ou lorsque vous vaquez à vos occupations journalières. Dans les séances formelles, prêtez attention au parfum de l’encens, si vous en utilisez, ou à l’odeur particulière du lieu où vous vous trouvez. Dans la vie de tous les jours, les odeurs de cuisine peuvent vous servir d’utiles supports et vous permettre de transformer une routine ennuyeuse – préparer de la nourriture ou la manger, traverser un endroit où l’on fait cuire quelque chose – en une pratique qui calme et fortifie l’esprit".

YONGEY MINGYOUR Rinpotché, « Bonheur de la méditation », préfacé par Matthieu Ricard, Le livre de poche n°31 349, 2009, p. 253

Marché aux épices, Bénin

dimanche 28 novembre 2010

Paresse à l'occidentale

"Combien d'entre nous, (...)sommes pris dans le tourbillon de ce que j'appelle aujourd'hui une « paresse active » ? Il existe, naturellement, différentes sortes de paresse : il y a la paresse à l'orientale, et celle à l'occidentale. La paresse à l'orientale est pratiquée à la perfection en Inde. Elle consiste à flâner au soleil toute la journée, sans rien faire, à éviter toute forme de travail et toute activité utile, à écouter de la musique de film hindie à la radio et à discuter avec des amis tout en buvant force tasses de thé. La paresse à l'occidentale est tout à fait différente : elle consiste à remplir sa vie d'activités fébriles, si bien qu'il ne reste plus de temps pour affronter les vraies questions.
Si nous examinons notre vie, nous verrons clairement que nous accumulons, pour la remplir, un nombre considérable de tâches sans importance et quantité de prétendues « responsabilités ». ... Nous nous disons que nous voulons consacrer du temps aux choses importantes de la vie, mais ce temps, nous ne le trouvons jamais. Rien qu'en se levant le matin, il y a tant à faire : ouvrir la fenêtre, faire le lit, prendre une douche, se brosser les dents, donner à manger au chien ou au chat, faire la vaisselle de la veille au soir, s'apercevoir qu'on n'a plus de sucre, ou plus de café, aller en acheter, préparer le petit déjeuner – la liste est interminable. Puis, il y a les vêtements à trier, à choisir, à repasser et à replier. Enfin il faut se coiffer, se maquiller... Impuissants, nous voyons nos journées se remplir de coups de téléphone, de projets insignifiants ; nous avons tant de responsabilités... Ne devrions-nous pas dire plutôt d'« irresponsabilités » ?
C'est notre vie qui semble nous vivre, nous porter et posséder sa propre dynamique étrange. En fin de compte, tout choix et tout contrôle semblent nous échapper. Bien sûr, il nous arrive d'en ressentir un certain malaise, d'avoir des cauchemars et de nous réveiller en sueur. Nous nous demandons alors : « Que suis-je en train de faire de ma vie ? » Mais au petit déjeuner, nos peurs se sont dissipées ; nous reprenons l'attaché-case et... nous voici revenus au point de départ."
SOGYAL Rinpoché, « Le livre tibétain de la vie et de la mort », Editions de la Table Ronde 2003, p. 46-47, Egalement disponible dans le Livre de Poche.


samedi 27 novembre 2010

Pleine conscience

"Nous menons tous des vies très affairées. Même si nous avons moins de labeur manuel à accomplir que les gens d’autrefois, il semble que nous n’ayons jamais assez de temps pour nous-mêmes. Je connais même des gens qui prétendent n’avoir pas assez de temps pour manger ou pour respirer, et cela, je le crois ! Que pouvons-nous faire pour y remédier? Pouvons-nous prendre le temps entre nos mains et le faire ralentir ?
D’abord, allumons la torche de la Pleine Conscience et réapprenons à savoir comment boire du thé, manger, laver la vaisselle, marcher, s’asseoir, conduire, et travailler en Pleine Conscience. Nous ne devons pas nous laisser emporter par le courant de la vie. Nous ne sommes pas simplement une feuille ou un morceau de bois ballotté par une rivière en furie. Grâce à la Pleine Conscience, chacun de nos gestes quotidiens prend une nouvelle dimension, et nous découvrons que nous ne sommes pas de simples machines, que nos activités ne sont pas que des actes répétés mécaniquement. Nous nous apercevons que la vie est un miracle, que l’univers est un miracle, et que nous aussi, nous sommes un miracle.
Quand nous sommes gagnés par la confusion et la dispersion, nous pouvons nous demander : « Que suis-je en train de faire en ce moment? Suis-je en train de gaspiller ma vie? » Ces questions raniment immanquablement notre Pleine Conscience et ramènent notre attention sur notre respiration. Un léger sourire naît alors naturellement sur nos lèvres, et chaque seconde de notre travail redevient vivante".

THICH NHAT HANH, « La vision profonde, De la pleine conscience à la contemplation intérieure », Albin Michel n°131, 2009, p. 46

Relativiser

"Il est très important de transformer toute situation, qu’elle soit bonne ou mauvaise, en une occasion de s’améliorer. Quand il nous arrive un malheur auquel nous ne nous attendions point, une maladie ou autre, si nous ne pensons alors qu’à nous-mêmes, la difficulté prendra des proportions énormes et cet événement nous paraîtra totalement injuste. En revanche, si nous réfléchissons aux autres et à leurs problèmes, ne serait-ce qu’un instant, nous verrons que notre situation n’a rien d’exceptionnel.
La notion de problème est toute relative. Il est possible de trouver un côté positif à tout ennui. Une même situation peut être perçue soit comme insoutenable soit comme salutaire. Tout dépend sous quel angle nous l’envisageons. En tout cas, il faut faire en sorte que les choses ne nous paraissent pas insupportables. Lorsque nous avons des ennuis, si nous les regardons de trop près, nous ne verrons qu’eux et ils seront sans commune mesure avec la réalité ; ils nous paraîtront alors intolérables. Par contre, si nous pouvons prendre de la distance, nous pourrons mieux les juger et ils nous sembleront moins graves".

DALAÏ-LAMA, « Au-delà des dogmes », Albin Michel 1994, p. 100

Demi-sourire

"… Le demi-sourire d’un Bouddha, cette légère esquisse de sourire, combien d’artistes ont peiné pour arriver à la déposer sur les lèvres d’innombrables statues du Bouddha ? Peut-être avez-vous vu ces sourires sur des visages à Angkor Vat au Cambodge, ou à Gandhara au nord-ouest de l’Inde. … Le sourire de Mona Lisa est aussi très léger, juste un soupçon de sourire. Et cependant, même un tel sourire est suffisant pour détendre tous les muscles de votre visage, pour faire disparaître ennuis et fatigue. Une légère esquisse de sourire sur vos lèvres nourrit la Pleine Conscience et vous apaise miraculeusement. Ce sourire vous ramène à l’état de paix que vous avez perdu".

THICH NHAT HANH, « La vision profonde, De la pleine conscience à la contemplation intérieure », Albin Michel n°131, 2009 (p. 36-37)

Méditer sur le son

"La méditation sur le son est très semblable à la méditation sur la forme. Commencez par détendre votre esprit un instant, puis prenez peu à peu conscience des sons que vous entendez près de votre oreille, comme vos battements de cœur ou votre respiration, ou des bruits qui se produisent dans votre entourage immédiat. Certains trouvent utile d’écouter des enregistrements de sons naturels ou de musiques agréables. Il n’est pas nécessaire d’identifier ces sons ou de se concentrer sur l’un d’eux en particulier. Il est, en fait, plus facile d’être conscient de tout ce que vous entendez. L’essentiel est de maintenir la conscience simple, nue, des sons à mesure qu’ils parviennent à vos oreilles.
Comme pour les formes et les couleurs, vous vous apercevrez que vous pouvez porter attention aux sons autour de vous pendant quelques secondes de suite, puis que votre esprit se met à vagabonder. Ce n’est pas un problème. Quand vous constatez que vous êtes distrait, détendez-vous simplement et ramenez votre esprit aux sons. Tour à tour, prêtez attention à ce que vous entendez et laissez votre esprit demeurer dans un état méditatif ouvert et détendu.
L’un des grands bienfaits de la méditation sur le son est qu’elle vous enseigne à vous détacher peu a peu du sens que vous attribuez à ce vous entendez. Vous apprenez à écouter les sons sans devoir nécessairement répondre émotionnellement à leur contenu. En vous habituant à faire simplement attention aux sons en tant que sons, vous pourrez peu à peu entendre des critiques sans vous mettre en colère ou prendre une attitude défensive, et des louanges sans être excité ou enfler d’orgueil. Vous pouvez écouter ce que les autres ont à dire avec une attitude beaucoup plus équilibrée, sans vous laisser emporter par vos émotions".

YONGEY MINGYOUR Rinpotché, « Bonheur de la méditation », préfacé par Matthieu Ricard, Le livre de poche n°31 349, 2009, p. 248-249

Méditation et entraînement de l'esprit

"L'un des réflexes les plus primitifs du répertoire humain, le sursaut, repose sur une cascade de contractions musculaires très rapides en réponse à un bruit inattendu ou à une vision choquante soudaine. Chez tous les humains, les cinq mêmes muscles faciaux se contractent instantanément, notamment autour des yeux. Le sursaut intervient environ deux dixièmes de seconde après le son qui le déclenche et prend fin autour d'une demi-seconde plus tard. Le tout dure environ un tiers de seconde. Ces étapes sont invariablement les mêmes ; nous sommes ainsi faits.
Comme tous les réflexes, le sursaut répond à l'activité du tronc cérébral, la partie la plus primitive, reptilienne du cerveau. A l'instar d'autres réponses aux ordres du tronc cérébral — et à la différence des réponses aux ordres du système nerveux autonome, comme le rythme cardiaque — le sursaut échappe au contrôle de la volonté. Pour autant que le sache la science, aucun acte intentionnel ne peut influer sur le mécanisme qui contrôle le sursaut.
[le Dr] Ekman s'était intéressé au sursaut parce que son intensité est révélatrice de l'importance des émotions négatives ressenties — notamment la peur, la colère, la tristesse et le dégoût. Plus une personne sursaute, plus elle est sujette à des émotions négatives — il n'y a en revanche aucune relation entre le sursaut et des émotions positives telles que la joie.
Pour tester comment [le moine tibétain] Öser sursautait, Ekman l'accompagna au laboratoire de psychophysiologie de son collègue Robert Levenson, de l'université de Berkeley. On brancha des capteurs sur Öser, pour enregistrer son pouls, sa sudation et d'autres paramètres physiologiques, et on filma les expressions de son visage. L'idée était de saisir toutes ses réactions physiologiques en réponse à un bruit inattendu. Afin d'éliminer toute différence due aux variations d'intensité du son, on choisit le seuil maximal de la tolérance humaine — un son extrêmement puissant, l'équivalent d'un coup de feu ou d'un gros pétard qui éclaterait à côté de l'oreille.
On expliqua à Öser qu'il verrait sur un écran un décompte de 10 à 1, au terme duquel il entendrait un grand bruit. On lui demanda d'essayer de réprimer l'inévitable tressaillement, au point si possible de le rendre imperceptible pour un observateur extérieur. C'est un exercice où certaines personnes s'avèrent meilleures que d'autres, mais personne ne parvient jamais à supprimer totalement le sursaut, loin s'en faut. Une fameuse étude des années quarante a même établi l'impossibilité de supprimer ce réflexe, en dépit des efforts les plus intenses, les plus scrupuleux, pour retenir les spasmes musculaires. De tous les sujets qu'Ekman et Robert Levenson avaient testés, aucun n'avait jamais réussi. Des recherches avaient même montré que les tireurs d'élite de la police, qui tirent des coups de feu tous les jours, ne peuvent s'empêcher de sursauter.
Öser, lui, l'a fait.
— « Lorsque Öser cherche à réprimer son sursaut, il le fait quasiment disparaître. Je n'ai jamais vu personne faire cela. Ni aucun autre chercheur, non plus. C'est incroyable. Nous n'avons pas la moindre idée des caractéristiques anatomiques qui lui permettent de réprimer son réflexe de sursaut. »
Lors de ces tests, Öser avait pratiqué deux types de méditation : la concentration sur un seul objet et la présence éveillée. Peut-être l'analyse des données de l'IRMf sur ces deux exercices fournira-t-elle des indications sur les parties du cerveau impliquées dans la suppression de ce réflexe.
Pour Öser, le meilleur effet était obtenu par la méditation de la présence éveillée : « En état de présence éveillée, la détonation m'a paru plus faible, comme si j'étais éloigné des sensations, comme si j'entendais le bruit de loin. » En fait, de toutes ces expériences, c'était celle dont Öser attendait les meilleurs résultats, et il avait donc tenu à ce qu'elle soit réalisée en état de présence éveillée. Ekman raconta que quelques légers changements s'étaient effectivement produits dans la physiologie d’Öser, mais pas un muscle de son visage n'avait bougé, ce qu'Öser rapprocha du fait que son esprit n'avait pas été secoué par la détonation. En fait, comme il devait l'expliquer par la suite : « Si l'on parvient à se maintenir dans cet état, la détonation paraît un événement neutre, qui ne laisse aucune trace, comme un oiseau qui traverse le ciel. »
Aucun des muscles faciaux d’Öser n'avait bronché lorsqu'il était en présence éveillée, mais ses paramètres physiologiques (pouls, sudation, pression artérielle) avaient montré les modifications habituelles du sursaut. Pour Ekman, la meilleure inhibition générale avait été obtenue lors de la concentration sur un seul objet. Au cours de cette méditation, au lieu de montrer leur invariable bond, les courbes d’Öser avaient décliné. En revanche, ses muscles faciaux avaient bien affiché une légère réaction propre au sursaut ; les mouvements « ont été très légers, mais présents, remarqua Ekman. Il y a tout de même eu quelque chose d'inhabituel. Chez tous les autres sujets, les sourcils descendent. Chez Öser, ils sont remontés. »
En somme, chez Öser, la concentration sur un seul objet semble l'isoler des stimuli extérieurs – fût-ce l'assourdissante déflagration d'un coup de feu. L'ampleur du sursaut étant proportionnelle à l'intensité avec laquelle le sujet vit les émotions pénibles, la performance d’Öser a des implications frappantes et laisse deviner un remarquable niveau d'équanimité émotionnelle."
Dalaï-lama, Daniel Goleman , … « Surmonter les émotions destructrices », Pocket n°12 331, 2008, p. 52-55



Vers une psychologie positive

"Jusqu’aux années 1980, peu de chercheurs s’étaient penchés sur les moyens permettant de développer les traits positifs de notre tempérament. En 1998, un groupe de psychologues américains s’est réuni sous l’égide de Martin Seligman, alors président de l’Association américaine de psychologie, pour fonder le Réseau de psychologie positive et coordonner les différentes recherches qui le constituent. Il s’agit d’un élargissement du champ d’étude de la psychologie par rapport à ce qui a été longtemps sa vocation principale : étudier et, si possible, remédier aux dysfonctionnements émotionnels et aux états mentaux pathologiques. Si l’on consulte le répertoire des livres et articles consacrés à la psychologie depuis 1887 (Psychological Abstracts), on y relève 136 728 titres mentionnant la colère, l’anxiété ou la dépression contre seulement 9 510 titres mentionnant la joie, la satisfaction ou le bonheur ! Il est certes légitime de traiter les troubles psychologiques qui handicapent, voire paralysent la vie des gens, mais le bonheur ne se résume pas à l’absence de malheur. La psychologie positive, représentée par cette nouvelle génération de chercheurs, a pour but d’étudier et de renforcer les émotions positives qui nous permettent de devenir de meilleurs êtres humains tout en acquérant une plus grande joie de vivre".

Matthieu RICARD, « Plaidoyer pour le bonheur », Pocket n°12 276, 2005, p. 124

Interdépendance

"Nous ne pensons pas assez que nous dépendons les uns des autres : sur le simple plan matériel, nous sommes tous interdépendants pour nos besoins quotidiens, et c’est ainsi que nous avons une dette envers tous les êtres". Kalou Rinpotché

"Il est important de percevoir combien votre propre bonheur est lié à celui des autres. Il n’existe pas de bonheur individuel totalement indépendant d’autrui".
Le XIVème Dalaï-Lama

(Pensées du 15 et 25 octobre citée dans « Offrandes, 365 pensées de Maîtres bouddhistes » de Danielle et Olivier Föllmi, Éditions de La Martinière 2008)


Grenier à nourriture, Bénin

mercredi 17 novembre 2010

Bavardages et médisances

"Maîtrise ta parole, car elle est très dangereuse ; la parole non maîtrisée peut provoquer une terrible souffrance. Une seule parole malveillante peut détruire beaucoup de bien. Une blessure par le feu finit par guérir ; mais une blessure par la parole laisse une cicatrice qui ne guérit jamais."

Valluvar, cité dans « Sagesses, 365 pensées de Maîtres de l’Inde » de Danielle et Olivier Föllmi, Éditions de La Martinière 2008, pensée du 20-06.


"Les médisances et calomnies créent des contestations opposant des individus ou des groupes de personnes et peuvent causer de graves préjudices. Les maîtres disent que lorsqu'on est en compagnie on doit veiller à sa langue, et, lorsqu'on est seul, à son esprit.
Les paroles oiseuses, bavardages, « papotages » sont sans utilité. Étant généralement axés sur le désir, l'attachement ou l'antipathie ils ne peuvent qu'augmenter en nous les illusions".

DALAÏ-LAMA, « Enseignements essentiels », Albin Michel 1989, p. 71


Simplement être...

"À l’inverse du plaisir, Soukha naît de l’intérieur. S’il peut être influencé par les circonstances, il n’ y est pas soumis. Loin de se transformer en son contraire, il perdure et croît à mesure qu’on l’éprouve. Il engendre un sentiment de plénitude qui, avec le temps, devient un trait fondamental de notre tempérament.
Soukha n’est pas lié à l’action, c’est un « état d’être », un profond équilibre émotionnel issu d’une compréhension subtile du fonctionnement de l’esprit. Tandis que les plaisirs ordinaires se produisent au contact d’objets agréables et prennent fin dès que cesse le contact, soukha est ressenti aussi longtemps que nous demeurons en harmonie avec notre nature profonde. Il a pour composante naturelle l’altruisme qui rayonne vers l’extérieur au lieu d’être centré sur soi. Celui qui est en paix avec lui-même contribuera spontanément à la paix dans sa famille, son voisinage, son village et, si les circonstances s’y prêtent, dans son pays et dans le monde entier. Par son rayonnement spirituel, par sa sérénité et sa plénitude, le sage et l’homme heureux facilitent naturellement le bien-être de la société dans laquelle ils vivent. Selon Alain : « On ne dit pas assez que ce que nous pouvons faire de mieux pour ceux qui nous aiment, c’est encore d’être heureux. »

Matthieu RICARD, « Plaidoyer pour le bonheur », Pocket n°12 276, 2005, p.46

Avoir l'esprit distrait rend triste

Dépêche AFP du 11/11/2010

"Les individus passent presque la moitié du temps à imaginer faire autre chose que ce qu'ils sont réellement en train de faire, et cette continuelle distraction les rend tristes, selon une étude américaine menée auprès de propriétaires d'iPhones et publiée aujourd'hui. "Un esprit humain est un esprit distrait, et un esprit distrait est un esprit malheureux", résument les psychologues Matthew Killingsworth et Daniel Gilbert, de la prestigieuse université Harvard, dans cette étude publiée par le magazine Science. "Pouvoir penser à quelque chose qui n'a pas réellement lieu est une habilité cognitive qui a un coût émotionnel", selon eux.

Leur étude a été menée auprès de 2.250 personnes (dont 74% d'Américains), grâce à une application de leur téléphone multifonctions iPhone, qui les contactait à des moments pris au hasard. Les cobayes volontaires étaient interrogés sur leur état d'esprit du moment et sur l'activité qu'ils étaient en train de mener. Ils devaient aussi indiquer s'ils pensaient à autre chose qu'à la tâche en cours, et si ces pensées étaient plaisantes, neutres ou déplaisantes. Les résultats de l'étude ont montré que 46,9% du temps, les personnes sondées avaient l'esprit distrait et que "la distraction des sujets était généralement la cause, et non la conséquence, de leur tristesse". "Cette étude montre que notre vie mentale est envahie, à un degré remarquable, par ce qui n'est pas présent", souligne Matthew Killingsworth.

L'activité sexuelle est la seule au cours de laquelle les sujets sont vraiment concentrés sur ce qu'ils font, selon l'étude. En revanche, pendant toutes les autres activités, l'esprit vagabonde au moins 30% du temps. Les personnes interrogées ont répondu que le sexe, l'exercice physique et la conversation étaient les activités qui leur donnaient le plus grand sentiment de contentement, tandis que celles qui leur en donnaient le moins étaient l'utilisation de leur ordinateur à la maison, le repos et le travail. L'application pour iPhone est disponible à l'adresse internet www.trackyourhappiness.org."

Attachement

"Si tu regardes avec attention, tu verras qu’il y a une chose, une seule, qui cause le malheur. Son nom est Attachement. Qu’est-ce ? Un état émotionnel qui te fait croire que sans cette chose-là ou sans cette personne à laquelle tu t’accroches, tu ne peux pas être heureux".

Père Anthony de Mello, s. j., Extrait de "1000 Merveilles de la sagesse chrétienne", p. 8

Murailles de Marrakech

Expérience sur les perceptions

"Lors de la première conférence de l’institut Mind and Life, en 1987, le Dr Livingston décrivit une expérience simple qui consistait à montrer à plusieurs personnes la lettre T, dessinée de telle sorte que la barre verticale et la barre horizontale soient exactement de la même longueur. Lorsqu’on leur demanda si l’une des barres était plus longue que l’autre ou si les deux étaient de longueur égale, les sujets donnèrent trois réponses différentes, chacune liée à leur environnement familier. La plupart de ceux qui vivaient ou avaient grandi dans un pays plat, comme la Hollande, avaient tendance à percevoir la barre horizontale comme plus longue. Par contre, ceux qui avaient l’habitude d’une région montagneuse et avaient donc plus fréquemment l’occasion de voir les choses selon des critères de haut et de bas étaient presque tous persuadés que c’était la barre verticale qui était la plus longue. Une poignée seulement de participants s’aperçut que les deux barres étaient de même longueur.
D’un point de vue purement biologique, donc, le cerveau joue un rôle actif dans le façonnage et le conditionnement de nos perceptions. Bien que les scientifiques n’aillent pas jusqu’à nier l’existence d‘un « monde réel » d’objets situé au-delà des imites du corps, ils s’accordent généralement Sur le fait que, malgré notre impression de percevoir les choses de manière directe et immédiate avec nos sens, les processus mis en jeu sont beaucoup plus subtils et complexes qu’il y paraît. Comme Francisco Varela le déclara plus tard, au cours de la même conférence : « C’est comme si le cerveau faisait surgir le monde à travers les perceptions. »

YONGEY MINGYOUR Rinpotché, « Bonheur de la méditation », préfacé par Matthieu Ricard, Le livre de poche n°31 349, 2009, p. 142-143 ; [Cette expérience est décrite par le Dr Livingston dans « Passerelles – Entretiens avec le Dalaï-lama sur les sciences de l’esprit » sous la direction de J. Hayward et Francisco Varela, Albin Michel, 1995, p. 241]

Optimisme

"Si l’on observe la manière dont les gens perçoivent les événements de leur vie, apprécient la qualité du moment vécu et construisent leur futur en surmontant les obstacles grâce à une attitude ouverte et créative, les optimistes possèdent un avantage indéniable sur les pessimistes : un grand nombre de données montrent qu’ils réussissent mieux aux examens, dans leur ,profession et dans leur couple, vivent plus longtemps et en meilleure santé, ont plus de chance de survivre à un choc postopératoire et sont moins sujets à la dépression et au suicide. Pas si mal, n’est-ce pas ? Des chiffres ? Une étude a été conduite sur plus de neuf cents personnes admises dans un hôpital américain en 1960. Leur degré d’optimisme, ainsi que d’autres traits psychologiques, avaient été évalués par des tests et des questionnaires. Quarante ans plus tard, il s’avère que les optimistes ont vécu en moyenne 19 % plus longtemps que les pessimistes, soit seize ans de vie pour un octogénaire ! Par ailleurs, on sait que les pessimistes ont huit fois plus de chances de sombrer dans la dépression lorsque les choses vont mal. En outre, « ils ont des résultats scolaires, sportifs et professionnels inférieurs à ce que leurs capacités laissaient présager et ont plus de difficultés relationnelles ». Il a pu être montré que c’était bien le pessimisme qui aggravait la dépression et les autres difficultés citées, et non le contraire, car si l’on apprend à ces personnes à remédier spécifiquement au pessimisme en transformant leur vision des choses, elles sont nettement moins sujettes à des rechutes dépressives. Il y a des raisons précises à cela. Les psychologues décrivent en effet le pessimisme comme un mode d’explication du monde qui engendre une impuissance acquise".

Matthieu RICARD, Plaidoyer pour le bonheur , Pocket n°12 276, 2005, p. 226-227

Vie éternelle

"Voici le secret de la vie éternelle: Que tous tes actes, ta foi, ta pensée, ton amour soient constants. Tout attiédissement est agonie, disparition. Toute pause molle est évanouissement, mort"
(Dialogues avec l'Ange, cité dans César l'éclaireur, p.209)


Communion

"Était-ce de moi? Était-ce de lui dont je parlais? Toujours est-il que sa souffrance devint la mienne. D'ailleurs, est-on capable de voir au-dehors autre chose que ce qui existe au-dedans ?"
(César l'éclaireur, p. 179

dimanche 7 novembre 2010

Le bonheur est en soi

"Chercher le bonheur en dehors de nous, c’est comme attendre le soleil dans une grotte orientée au nord".

Adage tibétain

Construire le bonheur

"Le bonheur n’arrive pas automatiquement, ce n’est pas une grâce qu’un sort heureux peut répandre sur nous et qu’un revers de fortune peut nous enlever ; il dépend de nous seuls. On ne devient pas heureux en une nuit, mais au prix d’un travail patient, poursuivi de jour en jour. Le bonheur se construit, ce qui exige de la peine et du temps. Pour devenir heureux, c’est soi-même qu’il faut savoir changer."

Luca et Francesco Cavalli-Sforza, « La science du bonheur », Odile Jacob, 1998

Jardin Majorelle, Marrakech

samedi 6 novembre 2010

Science et religion

"S’il y a une religion qui répond aux besoins de la science moderne, c’est le bouddhisme."

Albert Einstein.

Méditer dans la nature

"Méditer dans un environnement naturel permet de pratiquer plus facilement. La nature est une source d’inspiration inépuisable. Elle donne une sensation d’aisance et d’espace, de majesté et de dignité. Tout cela entre en résonance avec ce qu’il y a de plus profond en nous. L’esprit est ainsi fait qu’il cherche toujours à saisir, mais dans l’espace il n’y a rien à saisir. On ne peut que lâcher prise , juste se détendre et goûter l’instant. Quand nous sommes à l’aise avec nous-mêmes, que rien ne nous contraint, ne nous limite, que les yeux se posent sur l’horizon, nous éprouvons un sentiment de liberté et une sensation de relaxation profonde."

Sogyal Rinpoché, in Véronique Jannot "Trouver le chemin", J’ai Lu n°8108, 2007, p. 194

vendredi 5 novembre 2010

Insatisfaction

"L’homme recherche le bonheur de façon erronée. Il se précipite sans cesse en cherchant à satisfaire ses désirs, croyant ainsi approcher le bonheur. Or, celui–ci ne naît pas de ce que l’on reçoit mais de ce que l’on donne. Plus on reçoit, plus on exige, Les désirs sont inassouvissables et l’insatisfaction, perpétuelle."

Maître Taisen Deshimaru, cité dans « ÉVEILS, 365 pensées de Sages d’Asie » de Danielle et Olivier Föllmi, Éditions de La Martinière 2007, pensée du 23/07

Détail de tangka

jeudi 4 novembre 2010

Méditer sur les goûts

"Il m’a fallu du temps pour me rendre compte je buvais ou mangeais j’étais à peine conscient de ce que je faisais. Mon esprit était généralement occupé par des conversations, des problèmes personnels, des conflits ou des rêveries. En conséquence, je ne m’impliquais pas dans ce que je faisais, et je manquais l’occasion d’éprouver la richesse du moment présent. L’attention au goût est une méthode extrêmement utile qui permet de pratiquer de courtes méditations à plusieurs reprises dans la journée.
Lorsqu’on m’a appris à utiliser le goût comme support d’attention, on m’a bien sûr dit, comme il se doit, que je devais reposer mon esprit pendant quelques instants, avant de simplement prêter attention, de façon légère, à toutes les saveurs que je percevais, sans les analyser pour savoir si elles étaient sucrées, amères, acides ou autres, puis reposer  nouveau mon esprit dans son état naturel, et continuer ainsi à alterner."

YONGEY MINGYOUR Rinpotché, « Bonheur de la méditation », préfacé par Matthieu Ricard, Le livre de poche n°31 349, 2009, p. 253-254

Citronnier, fleurs et fruits