mercredi 17 novembre 2010

Simplement être...

"À l’inverse du plaisir, Soukha naît de l’intérieur. S’il peut être influencé par les circonstances, il n’ y est pas soumis. Loin de se transformer en son contraire, il perdure et croît à mesure qu’on l’éprouve. Il engendre un sentiment de plénitude qui, avec le temps, devient un trait fondamental de notre tempérament.
Soukha n’est pas lié à l’action, c’est un « état d’être », un profond équilibre émotionnel issu d’une compréhension subtile du fonctionnement de l’esprit. Tandis que les plaisirs ordinaires se produisent au contact d’objets agréables et prennent fin dès que cesse le contact, soukha est ressenti aussi longtemps que nous demeurons en harmonie avec notre nature profonde. Il a pour composante naturelle l’altruisme qui rayonne vers l’extérieur au lieu d’être centré sur soi. Celui qui est en paix avec lui-même contribuera spontanément à la paix dans sa famille, son voisinage, son village et, si les circonstances s’y prêtent, dans son pays et dans le monde entier. Par son rayonnement spirituel, par sa sérénité et sa plénitude, le sage et l’homme heureux facilitent naturellement le bien-être de la société dans laquelle ils vivent. Selon Alain : « On ne dit pas assez que ce que nous pouvons faire de mieux pour ceux qui nous aiment, c’est encore d’être heureux. »

Matthieu RICARD, « Plaidoyer pour le bonheur », Pocket n°12 276, 2005, p.46

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