vendredi 25 février 2011

Méditer au téléphone

 "Le téléphone est très pratique mais il peut nous tyranniser. Sa sonnerie peut nous déranger. On peut être interrompus par un trop grand nombre d’appel. Quand on parle au téléphone, on oublie parfois. Que l’on parle au téléphone – on perd alors un temps précieux (et de l’argent). Souvent, on parle de choses qui ne sont pas importantes. Combien de fois n’avons-nous pas fait la grimace en recevant la facture de téléphone ? La sonnerie du téléphone crée en nous une sorte de vibration - et peut-être quelque anxiété : « Qui appelle ? Bonnes ou mauvaises nouvelles ?» Pourtant, une force nous pousse vers le téléphone et l’on ne peut pas y résister. Nous sommes victimes de notre propre téléphone.
Je recommande ceci : la prochaine fois que vous entendez votre téléphone sonner, restez simplement là où vous êtes. Inspirez et expirez en conscience. Souriez et récitez ces vers : « Écoute, écoute. Ce son merveilleux me fait revenir à mon vrai moi. » À la seconde sonnerie, vous pouvez répéter ce vers et votre sourire va encore se renforcer. Quand vous souriez, les muscles de votre visage se détendent et vos tensions disparaissent. Vous pouvez vous permettre de respirer et de sourire ainsi. Car si la personne qui appelle a quelque chose d’important à dire, elle attendra certainement trois sonneries. Quand le téléphone sonne pour la troisième fois, vous pouvez continuer à respirer et à sourire tout en marchant vers le téléphone lentement, d’un air souverain. Vous êtes votre propre maître. Vous savez que votre sourire n’est pas destiné à vous seul, mais aussi à l’autre. Si vous êtes irrité ou en colère, l’autre va recevoir votre négativité. Mais comme vous avez respiré avec attention et que vous souriez, vous demeurez dans la pleine conscience. Quand vous décrochez le téléphone, quelle chance pour la personne qui vous appelle !
Avant de passer un coup de téléphone, vous pouvez aussi inspirer puis expirer trois fois. Ensuite, composez le numéro. Quand vous entendez la sonnerie, vous savez que votre amie pratique la respiration, qu’elle sourit et qu’elle ne décrochera pas avant la troisième sonnerie. Alors dites-vous à vous-même : « Elle respire, pourquoi pas moi ? » Vous inspirez et expirez, elle aussi. C’est très beau !"

Thich Nhat Hanh, « La sérénité de l’instant », préface du XIVème Dalaï-lama, J’ai Lu n°8863, 2009, p. 44-45

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