lundi 14 février 2011

Changer, c'est vivre...

"-La résistance au changement, c’est la principale différence entre l’enfant et l’adulte : l’enfant a envie d’évoluer. L’adulte fait tout pour ne pas changer.
- Peut-être.
– Je vais te donner mon sentiment…
Il se pencha légèrement vers moi et prit le ton de la confidence.
- Quand on n’a plus envie d’évoluer, c’est que l’on commence tout doucement à mourir…
- Je me suis rendu compte d’une chose troublante, reprit-il. Chez la plupart des gens, cette volonté de ne plus faire évoluer son comportement apparaît aux alentours de vingt ou vingt-cinq ans. Tu sais à quoi correspond cet âge, biologiquement ?
– Non.
– C’est l’âge auquel le processus de développement du cerveau se termine.
– Alors, ce n’est peut-être pas un hasard si c’est l’âge auquel on n’a plus envie d’évoluer. C’est donc peut-être naturel…
- Oui, mais l’histoire ne s’arrête pas là. On a longtemps cru que le nombre de nos neurones diminuait alors de façon irréversible jusqu’à la fin de notre vie. Mais on a très récemment prouvé que l’on pouvait continuer d’en créer, étant adulte.
– Vous me remontez le moral je commençais à me sentir vieux...
– Plus précisément, ce processus de régénération peut survenir sous l’effet de différents facteurs, parmi lesquels… l’apprentissage. Bref, si l’on décide de continuer à apprendre et à évoluer, on reste jeune. Le corps et l’esprit sont intimement liés. Tu en veux une preuve ?
– Oui.
– Statistiques officielles du ministère de la Santé : au moment où la plupart des gens prennent leur retraite, leur santé décline brutalement. Pourquoi, d’après toi ? Tant qu’ils sont en activité, ils sont plus ou moins tenus de s’adapter, d’évoluer au moins un peu pour ne pas être considérés comme de vieux ringards. Dès qu’ils prennent leur retraite, ils ne font plus d’efforts sur ce point. Ils se figent dans leurs habitudes, et c’est le déclin qui commence…
- C’est gai…
- Pour rester en vie, il suffit de rester dans la vie, c’est-à-dire d’être dans le mouvement, d’évoluer. Je connais une femme qui s’est mise au piano à quatre-vingt-un ans. C’est fabuleux ! Tout le monde sait qu’il faut des années d’apprentissage avant de savoir vraiment en jouer. Ça veut dire qu’à quatre-vingt-un ans, elle considère que ça vaut quand même le coup d’investir quelques années à apprendre un instrument de musique pour ensuite savoir en jouer ! Je parierais gros sur ses capacités de vivre encore longtemps.
Si tu veux rester jeune toute ta vie, continue d’évoluer, d’apprendre, de découvrir, et ne t’enferme pas dans des habitudes qui sclérosent l’esprit, ni dans le confort engourdissant de ce que tu sais déjà faire".

GOUNELLE Laurent, « Dieu voyage toujours incognito », éd. Anne Carrière, 2010, p. 125-128

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