samedi 23 novembre 2013

Comment gérer une douleur de la vie courante

Travailler avec la douleur physique : vous n’êtes pas votre douteur
La prochaine fois que vous vous écrasez le pouce avec un marteau ou que vous vous heurtez le tibia à une porte de voiture, vous aurez l’occasion de réaliser une petite expérience de pleine conscience. Voyez si vous pouvez observer l’explosion des sensations et l’enchaînement de qualificatifs, de gémissements, et de mouvements violents du corps qui s’ensuivent. Tout cela se déroule en une ou deux secondes. À ce moment-là, si vous êtes assez rapides pour diriger pleinement de la conscience vers les sensations que vous éprouvez, vous remarquerez peut-être que vous arrêtez de jurer, de crier ou de gémir, et que vos mouvements deviennent moins violents. En observant les sensations dans la région blessée, notez la façon dont elles changent. Ces sensations de piqure, d’élancements, de brûlure, de coupure, de déchirure, et bien d’autres peuvent se succéder à toute allure dans cette région du corps, se mêlant l’une à l’autre comme un jeu de lumières multicolores projetées bon gré mal gré sur un écran. Continuez à suivre le flot des sensations tandis que vous posez votre main sur l'endroit blessé, y mettez de la glace, le mettez sous l'eau froide, le tenez au-dessus de la tête, ou y faites autre chose encore.
Pendant cette petite expérience, en vous concentrant fortement, vous remarquerez peut-être un centre de paix au cœur de vous-même, duquel vous pouvez observer le déroulement de tout l'épisode. Cela vous donnera peut-être l'impression d'être complètement détaché des sensations dont vous faites l'expérience, comme si ce n'était pas tant « votre » douleur que, simplement, de la douleur. Peut-être vous sentirez-vous calme « dans » la douleur ou « derrière » la douleur. Si ce n'était pas le cas, vous pouvez toujours retenter l'expérience la prochaine fois que vous aurez la malchance de vous cogner bien fort.
Vous écraser le pouce avec un marteau ou vous heurter le tibia provoquent une douleur immédiate. Nous utilisons le terme douleur aiguë pour décrire une douleur qui survient soudainement. La douleur aiguë est habituellement très intense, mais elle ne dure également qu'un court instant. Soit elle s'en va d'elle-même, quand vous vous cognez par exemple, soit elle vous oblige à agir pour la faire partir, par exemple à consulter un médecin. Quand vous vous cognez, si vous essayez d'être précisément et pleinement conscient de ce que vous ressentez, vous observerez sans doute que votre mode de relation à vos sensations est important. Il a impact réel sur le degré de douleur que vous ressentez vraiment et sur l'intensité de votre souffrance. Il affecte aussi vos émotions et votre comportement. C'est vraiment une révélation de découvrir que vous disposez de différentes options pour gérer la douleur physique même une douleur très intense, outre l'option d'être automatiquement submergé par elle.
(Dr Jon Kabat-Zinn John, « Au cœur de la tourmente, la pleine conscience » (1989), J’ai Lu n°9 932, 2012, Préfaces de Thich Nhat Hanh (1989) et Christophe André (2009), p.487-489)
Jon Kabat-Zinn est l’inventeur d’une méditation accessible à tous : la « méditation en pleine conscience ». À ce jour [en 2012], plus de 550 centres, hôpitaux ou cliniques utilisent la MBSR aux États-Unis, et plus de 700 à travers le monde, l’utilisent comme outil de soin.

Cactus, Jardin Majorelle, Marrakech (Maroc)

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