jeudi 24 mars 2011

L'intelligence du coeur

"L’idéogramme pour le mot « pensée » en chinois ancien est composé des deux caractères « cerveau » et « cœur ». La philosophie chinoise antique voyait l’activité de l’esprit comme la confluence de la raison et des émotions. … Au-delà de sa valeur symbolique, nous savons aujourd’hui, que la description chinoise de la pensée est une traduction fidèle de la physiologie elle-même. En effet, le cœur possède 40 000 neurones formant un petit cerveau semi-autonome, qui entretient des relations intenses avec l’ensemble du cerveau situé dans la boîte crânienne. Certains neuroscientifiques et cardiologues – comme le professeur J. Andrew Annour, de l’université de Montréal – parlent d’un « système cœur-cerveau » indissociable.
L’intestin, lui aussi, possède plusieurs millions de neurones qui en font un « deuxième cerveau » d’après le professeur Michael Gershon, de l’université de Columbia. Enfin, Candace Pert, de l’Institut national de la santé américain, a montré que le système immunitaire échange constamment des molécules d’information avec le cerveau. Au total, comme Spinoza l’avait suggéré au XVIIe siècle, et comme le grand neurologue Antonio Damasio l’a étayé au tournant du XXIe, il n’y a pas d’événement conscient qui ne soit à la fois une manifestation du cerveau et de l’infinie vibration de tous les organes du corps. Une conversation permanente a cours entre tous ces organes – entre les uns et les autres, et avec le cerveau. Ils échangent de l’information à travers les fibres nerveuses de ce qu’on appelle le système nerveux autonome (qui régit, indépendamment de la volonté, les battements du cœur, la tension artérielle, la sudation, etc.), mais aussi à travers toutes les molécules des émotions décrites par Candace Pert qui forment via le flux sanguin un réseau de communication parallèle au système nerveux. Du coup, nos élans, nos désirs, nos décisions ne sont que la manifestation de l’activité bourdonnante de toutes ces molécules qui, chacune essaient de maintenir la vie autour d’elles, et ils agissent en retour sur ces pulsations. La « santé », elle, résultant à chaque instant de l’équilibre entre toutes ces relations. Une vibration harmonieuse".

Servan-Schreiber David, « Anticancer, Prévenir et lutter grâce à nos défenses naturelles », Éditions Robert Laffont 2007, p. 251-253

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