jeudi 24 mars 2011

Le mirage des possessions

"L'obsession d'améliorer nos conditions matérielles, qui détermine notre comportement, peut devenir une fin en soi et une distraction dénuée de sens. … Je pense parfois que le plus grand accomplissement de la culture moderne est la publicité remarquable qu'elle fait pour le samsara et ses distractions stériles. La société contemporaine m'apparaît comme une célébration de tout ce qui nous éloigne de la vérité, nous empêche de vivre pour cette vérité et nous décourage de seulement croire à son existence. Étrange paradoxe que cette civilisation qui prétend adorer la vie mais lui retire en fait toute signification réelle, qui clame sans cesse vouloir rendre les gens « heureux » mais, en réalité, leur barre la route menant à la source de la joie véritable !
Ce samsara moderne entretient et favorise en nous une angoisse et une dépression dont il se nourrit en retour. Il les alimente soigneusement par le biais d'une société de consommation qui cultive notre avidité afin de se perpétuer. Il est extrêmement organisé, habile et sophistiqué ; il nous assaille de tous côtés avec sa propagande et crée autour de nous un environnement de dépendance presque insurmontable. Plus nous tentons de lui échapper, plus nous semblons tomber dans les pièges qu'il nous pose si ingénieusement. …
Ainsi, obsédés par des ambitions, des espoirs et des rêves trompeurs qui promettent le bonheur pour mener seulement, en fin de compte, au mal-être, nous ressemblons à des personnes mourant de soif, rampant dans un désert sans fin. Et tout ce que ce samsara nous offre à boire, c'est un verre d'eau salée, destiné à nous assoiffer davantage encore!"

SOGYAL Rinpoché, « Le livre tibétain de la vie et de la mort », Le Livre de Poche n°30 024, p. (p. 43-44/60-61

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