lundi 6 avril 2015

L'importance de la pratique de la pleine conscience pour les patients... et les instructeurs

Les participants au programme MBSR apprennent de deux manières : par leur propre pratique et lorsque l'instructeur lui-même peut la vivre dans la manière d'aborder les questions soulevées pendant la classe. C’était différent de notre première conception de la pleine conscience comme technique à laquelle les patients peuvent être entraînés par un thérapeute qui n'était pas nécessairement conscient lui-même. Si les thérapeutes eux-mêmes ne sont pas conscients lorsqu'ils enseignent, les participants pourront acquérir cette pleine conscience de manière limitée. Comme en escalade, ceux qui apprennent doivent sentir que l'instructeur a l'habileté et l'expérience pour aborder les situations difficiles qui vont se présenter. De la même manière, l'entraînement à la « pleine conscience » implique que l'instructeur participe aux côtés des patients, et ne se contente pas de donner des instructions comme s'il restait au pied du rocher. Le défi pour nous, cliniciens et scientifiques, était de participer à cette pratique et de l'expérimenter de l'intérieur. Nous nous sommes engagés à développer une pratique régulière de méditation de pleine conscience.
S'engager à faire quelque chose est une chose ; le faire en est une autre. Nous avons rencontré beaucoup de résistances à faire cette « simple » chose que nous avions demandé de faire à nos patients. Trouver le temps dans un programme chargé, ou peut-être se lever trois quarts d'heure plus tôt que d'habitude, était difficile. Nous avons découvert l'incroyable éventail d'excuses imaginables pour interrompre un jour la pratique quotidienne. Venait ensuite la question de savoir combien de ceci nous pouvions dévoiler à nos collègues (en fait une question sans importance, nous le verrions plus tard ; nous sommes constamment surpris de découvrir le nombre de nos collègues qui pratiquent la méditation sans en avoir parlé). Nous nous souvenions de ce que nous avions entendu dire par les instructeurs MBSR à leurs patients : qu'il est stressant de suivre une classe de réduction du stress. Nous savions maintenant ce qu'ils voulaient dire. Sans parler du reste, nous trouvions que notre respect pour nos patients grandissait fortement ; plus encore peut être pour ceux dont le combat se rejouait de semaine en semaine devant la classe.
Au fil du temps, nous avons pu intégrer l'expérience d'une pratique de pleine conscience avec nos lectures supplémentaires, nos discussions et les rencontres avec les enseignants de la Clinique de Réduction du Stress lors de nos visites subséquentes. Notre difficulté à mettre en œuvre l'entraînement au contrôle attentionnel nous avait appris quelque chose de très important. Nous avions réalisé que l'approche que nous avions développée pour réduire les rechutes chez les patients dépressifs devait être révisée et nous nous sentions maintenant prêts à la retravailler en ce sens. Nous avions radicalement changé d'avis sur ce que les patients devaient apprendre en classe et au cours de leurs travaux à domicile. Nous étions plus confiants dans le fait que les patients portaient déjà en eux les ressources nécessaires pour avancer dans la gestion de leurs problèmes. Nous nous demandions comment leur permettre de faire cela au mieux, et ceci allait nous demander de modifier à la fois notre théorie et notre pratique.
(SEGAL Zindel, WILLIAMS Mark, TEASDALE John, « La thérapie cognitive basée sur la pleine conscience pour la dépression : Une nouvelle approche pour prévenir la rechute », Éditions De Boeck 2006, p.79-81)

Paysage impressioniste du Lac Skadar (Monténégro)

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