mardi 18 juin 2013

S’éloigner des niveaux pathologiques de l’affairement

« Je m’occupe. » Beaucoup de retraités emploient ce genre d’expression, probablement pour s’assurer – et par la même occasion pour assurer les autres – qu’ils ne sont pas désœuvrés et qu’ils ne sombrent pas peu à peu dans l’oubli sous prétexte qu’ils ne touchent plus un salaire régulier.
Un jour, j’ai entendu ces mots s’élever d’une faille profonde de mon esprit et pénétrer dans le combiné du téléphone avant même que je ne puisse les arrêter. « Une minute ! », me suis-je dit. « Qu’est-ce que suis en train de raconter et qui est-ce qui le raconte ? » Je ne me tiens pas occupé. Il serait même plus exact de dire que j’essaie de me tenir inoccupé, ce qui s’apparente souvent à un travail à plein temps. Bien que Je sois parvenu à m’éloigner des niveaux pathologiques d’affairement et d’action, je découvre finalement qu’il n’est pas si facile de repousser les occasions extérieures ou intérieures qui, prises chacune séparément, semblent parfaitement séduisantes, parfaitement nécessaires, parfaitement importantes, parfaitement raisonnables et maîtrisables, mais qui finissent toujours par absorber plus d’énergie que prévu et nous empêcher totalement ou presque de profiter de la beauté qu’il y a à demeurer au même endroit plusieurs mois d’affilée et à vivre dans un équilibre durable entre bonne mesure intérieure et bonne mesure extérieure.
Dire « oui » à trop de choses pour pouvoir leur être présent avec aisance et intégrité revient en effet à dire « non » à toutes ces choses, à tous ces gens et à tous ces endroits auxquels nous avons déjà dit « oui ».
Pourquoi ? Précisément parce que celui qui est submergé est généralement si agité, si affolé, si préoccupé par lui-même qu’il n’est pas capable d’aller à la rencontre des gens et des événements avec aisance et plénitude – y compris de lui-même et de ceux qui comptent le plus à ses yeux. Peut-être ferions-nous donc bien d’examiner les pulsions qui nous entraînent dans des situations aussi regrettables.
(Dr Jon Kabat-Zinn John, « L’éveil des sens : vivre l’instant présent grâce à la pleine conscience », 2005, Pocket n°14 424, 2011, Préface de Matthieu Ricard, p.432-433)
Jon Kabat-Zinn est l’inventeur d’une méditation accessible à tous : la « méditation en pleine conscience ». À ce jour [en 2012], plus de 550 centres, hôpitaux ou cliniques utilisent la MBSR aux États-Unis, et plus de 700 à travers le monde, l’utilisent comme outil de soin.

Marmotte, Parc de Yosémite (États-Unis)

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