dimanche 5 mai 2013

Prendre les rênes de sa vie en main (II)

– Donc nous existons. C’est un fait et nous n’y pouvons rien. Maintenant il nous faut vivre. Et là, nous sommes concernés : car nous sommes appelés à devenir les auteurs de notre vie. Telle une œuvre d’art, nous devons tout d’abord la vouloir ; puis l’imaginer, la penser ; enfin la réaliser, la modeler, la sculpter, et cela à travers tous les événements, heureux ou malheureux, qui surviennent sans que nous y puissions rien. On apprend à vivre, comme on apprend à philosopher ou à faire la cuisine. Et le meilleur éducateur de la vie, c’est la vie elle-même et l’expérience qu’on peut en retirer.
– Je comprends cela. Mais en quoi avons-nous peur de la vie ?
– Nous avons peur de nous ouvrir pleinement à la vie, d’accueillir son flot impétueux. Nous préférons contrôler nos existences en menant une vie étroite, balisée, avec le moins de surprises possible. Cela est tout aussi vrai dans les humbles demeures que dans les palais ! L’être humain a peur de la vie et il est surtout en quête de la sécurité de l’existence. Il cherche, tout compte fait, davantage à survivre qu’à vivre. Or survivre, c’est exister sans vivre … et c’est déjà mourir.
Le sage regarda ses interlocuteurs avec un grand sourire. Puis il poursuivit :
– Passer de la survie à la vie, c’est une des choses les plus difficiles qui soient ! De même est-il si difficile et effrayant d’accepter d’être les créateurs de notre vie ! Nous préférons vivre comme des brebis, sans trop réfléchir, sans trop prendre de risques, sans trop oser aller vers nos rêves les plus profonds, qui sont pourtant nos meilleures raisons de vivre. Certes tu existes, mon jeune ami, mais la question que tu dois te poser c’est : « est-ce que je suis vivant ? »
(LENOIR Frédéric, « L’oracle della Luna », Albin Michel, 2006, p.434-435 ; ou J’ai Lu n°37281, 2008)

Fous de Bassan, Ile Rouzic (Bretagne, France)



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