lundi 20 mai 2013

Comprendre pourquoi nous sommes attirés par le négatif pour contrebalancer les effets de cette tendance

... Le cerveau est conçu davantage pour éviter que pour rechercher. En effet, ce sont les expériences négatives, et non positives, qui déterminent en général la survie.
Par exemple, imaginez nos ancêtres mammifères qui tentaient d’échapper à des dinosaures dans un Jurassic Park mondial, il y a soixante-dix millions d’années. Un œil par-dessus l’épaule, attentifs au moindre craquement de brindilles, prêts à se figer, à détaler ou à attaquer selon la situation. Seuls les plus rapides s’en sortaient. S’ils manquaient une carotte – l’occasion de se nourrir ou de s’accoupler –, d’autres opportunités pouvaient se présenter plus tard. Mais s’ils ne parvenaient pas à éviter un bâton – un prédateur –, ils étaient probablement tués, sans autre perspective de récompense à l’avenir. Ceux qui vivaient suffisamment longtemps pour transmettre leurs gènes faisaient très attention aux expériences négatives.
Examinons six moyens à la disposition du cerveau pour éviter le bâton.
Vigilance et anxiété
Lorsque vous êtes éveillé et que vous ne faites rien de particulier, votre cerveau active un « réseau par défaut » dont l’une des fonctions semble être de scanner votre environnement et votre corps à la recherche de menaces potentielles. Cette conscience de base s’accompagne souvent d’un sentiment sous-jacent d’anxiété qui vous maintient en état d’alerte. Essayez de déambuler pendant quelques minutes dans la rue sans jamais vous sentir sur vos gardes, gêné ou tendu. C’est très difficile.
Cela n’a rien d’étonnant car nos ancêtres mammifères, primates et humains étaient à la fois des proies et des prédateurs. ...
La sensibilité aux informations négatives
En général, le cerveau détecte plus rapidement les informations négatives que les informations positives. Prenez l’exemple des expressions faciales. Pour l’animal social que nous sommes, elles sont un moyen essentiel de signaler un danger ou une opportunité : sur un visage, la crainte est perçue bien plus vite que le bonheur ou une expression neutre, probablement grâce à l’amygdale. En fait, même lorsque les chercheurs font des grimaces apeurées imperceptibles pour l’attention consciente, l’amygdale s’active. Le cerveau est attiré par les mauvaises nouvelles.
Stockage ultra-prioritaire
Lorsqu’un événement est signalé comme négatif, l’hippocampe veille à ce qu’il soit soigneusement stocké pour information. « Chat échaudé craint l'eau froide. » Votre cerveau agit comme du Velcro sur les expériences négatives et comme du Téflon sur les expériences positives – bien que la plupart le vos expériences soient probablement neutres ou positives.
Le négatif l’emporte sur le positif
En général, les événements négatifs ont plus d’impact que les événements positifs. Par exemple, il est facile d’acquérir un sentiment d’impuissance à partir le quelques échecs, mais difficile de s’en défaire, quel que soit le nombre de succès. On se démène davantage pour éviter une perte que pour obtenir un gain comparable. Les victimes d’accident mettent souvent plus de temps à retrouver leur état de bonheur originel que les gagnants de la loterie. Les mauvaises informations qui circulent sur une personne ont plus le poids que les bonnes, et, dans le domaine relationnel, il faut en moyenne cinq interactions positives pour compenser les effets d’une seule interaction négative.
Traces durables
Les expériences négatives « désapprises » laissent malgré tout une trace indélébile dans le cerveau. Ce résidu sommeille, prêt à se réactiver si vous vivez un événement déclenchant une peur similaire.
Cercles vicieux
Les expériences négatives créent des cercles vicieux. En vous rendant pessimiste, surréactif et finalement négatif.
(HANSON Rick et MENDIUS Richard, « Le cerveau de Bouddha : Bonheur, amour et sagesse au temps des neurosciences » (2009), Pocket n°15 216, 2013, Préface de Christophe André, p.73-77)


Peintures rupestres, Erg Mehedjebat (Algérie)

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