lundi 1 avril 2013

On ne peut arrêter les vagues [de l'esprit], mais on peut apprendre à surfer

On pense communément que la méditation est un moyen de fermer son esprit à la pression du monde extérieur. Cette impression est fausse. La méditation n’évacue rien du tout. Mais elle nous aide à voir les choses avec lucidité et à nous situer différemment par rapport à celles-ci.
Les gens qui viennent à notre clinique [de réduction du stress] comprennent très vite que le stress fait partie de la vie. Il est vrai que nous pouvons apprendre à améliorer notre situation en faisant certains choix, mais il existe de nombreux événements sur lesquels nous n’avons pas de prise. Le stress est donc inhérent à la condition humaine. Mais cela n’implique pas que nous devons toujours être victimes des forces négatives qui envahissent nos vies. Nous avons la possibilité d’apprendre à nous en servir, de les comprendre, et même d’y trouver un sens. En prenant les décisions qui s’imposent, nous pouvons utiliser l’énergie de ces forces pour grandir en sagesse et en compassion. Travailler là-dessus demeure le noyau dur de la pratique de la méditation.
Une manière d’appréhender le travail de la pleine conscience est de visualiser notre esprit comme un lac ou un océan. Il y a toujours des vagues. Elles sont parfois grandes, parfois petites. Quelquefois, elles sont presque imperceptibles. Elles sont provoquées par les vents contraires qui varient en intensité. De même, le stress et l’imprévu soulèvent des vagues dans notre esprit.
Quand on n’est pas familier avec la méditation, on croit souvent qu’elle consiste en une manipulation intérieure qui éliminera les vagues comme par magie de sorte que l’esprit sera apaisé et tranquille. Mais de même qu’on ne peut éliminer les vagues en les recouvrant d’un couvercle transparent, de même on ne peut supprimer artificiellement les vagues de notre esprit. D’ailleurs, il serait dangereux d’essayer. Cela ne ferait que créer davantage de tensions et de conflits intérieurs. On peut atteindre à la tranquillité de l’esprit, mais pas en essayant de réprimer l’activité naturelle de celui-ci.
Il est possible de s’abriter des vents violents qui agitent notre esprit en pratiquant la méditation. Au bout d’un certain temps, les turbulences s’atténueront par manque de feed-back. Mais en fin de compte les vents de la vie et de l’esprit finiront par souffler, quoi que nous fassions. La méditation s’applique à travailler avec cette énergie.
(Dr Jon KABAT-ZINN, « Où tu vas, tu es », 1994, J’ai Lu n°7 516, 2009, p.48-49)

Montagnes de marbre d'Ilakane,
dans le massif circulaire de l'adrar Chiriet (Niger)

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