mercredi 7 décembre 2011

Tendre l'oreille à nos états d'âme

"Il y a de nombreuses façons d’approcher ses états d’âme. Souvent, il faut s’arrêter. S’arrêter de faire ce qu’on est en train de faire : travailler, courir, pester contre le monde … Nos états d’âme sont toujours là, en bruit de fond. On s’arrête et on écoute, comme on le fait en forêt, lorsqu’on cesse de marcher et qu’on tend l’oreille ; on entend alors le vent, les arbres, les oiseaux, toute la rumeur des bois. Simplement s’arrêter et observer ce qui murmure en nous est souvent suffisant, au début. Puis on veut aller un peu plus loin : alors, il nous faudra apprendre à mieux écouter et mieux observer nos états d’âme, par exemple par la méditation, dont nous parlerons, ou par l’écriture de soi, dont nous parlerons aussi. Il y a ainsi beaucoup d’apprentissages et de pratiques qui vont nous permettre de plonger dans nos états d’âme, nous apprendre à les observer, à les décomposer… . Il existe dans la méditation zen une belle métaphore, celle de la cascade : chacun de nous peut observer ses états d’âme, tout en restant très proche de ceux–ci, à l’image du promeneur qui s’est glissé derrière la cascade, et se trouve transitoirement à l’abri entre le rocher et le torrent qui dégringole – un peu trempé, un peu tremblant, mais protégé et privilégié. Un des objectifs de la méditation dite de pleine conscience est ainsi de se mettre un instant sur le côté, et de voir passer ses états d’âme, les décomposer, les comprendre. Mais sans chercher à en arrêter le flot : qui songerait à couper l’eau d’une cascade ?"

Christophe ANDRÉ, « Les états d’âme, un apprentissage de la sérénité », Éd. Odile Jacob, 2009, p. 22-23

Niger

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