mercredi 5 février 2014

Qu’est-ce que la vigilance ?

Qu’est-ce que la « pratique » de la vigilance ? Comment fait-on ?
La vigilance consiste très simplement à se souvenir de fixer l’attention en pleine conscience sur le présent, sur ici et maintenant. C’est la « pensée sans support », le « jeûne de l’esprit », le « vrai silence ». Lorsqu’un objet pénètre dans la conscience par n’importe laquelle des six entrées (les cinq sens et l’imagination), cet objet doit être vu comme il est, sans être bienvenu ou rejeté, sans que le pratiquant cherche à s’y accrocher ou à le repousser – il faut « le laisser aller comme si c’était un morceau de bois pourri », comme disait Huang Po. Tel est le vrai sens de la « voie du milieu » du bouddhisme : voir chaque objet tel qu’il se présente avec un esprit qui soit « alerte, pleinement conscient, auto-attentif, évitant autant l’attachement que la répulsion pour quoi que ce soit ». « N’aimez pas, ne détestez pas, alors tout sera clair. » Le Bouddha avait l’habitude de définir la vigilance et la pleine conscience comme ceci : « voir l’apparition, la présence et la disparition de toutes les perceptions, les sensations et les pensées ». Il avait aussi coutume de dire que son enseignement pouvait se résumer par « voir seulement ce que l’on voit dans ce que l’on voit ; entendre seulement ce que l’on entend dans ce que l’on entend ». C’est la même chose.
Mais quand nous essayons de faire cela, que découvrons-nous ? Nous constatons d’abord qu’il est tout à fait impossible de le faire, ne serait-ce qu’une minute ; l’esprit est emporté par un flot de pensées tumultueuses qui l’empêche d’être assez clair et précis pour éviter de réagir aux pensées et objets qui se présentent. Nous pouvons seulement commencer. Pour cette raison le Bouddha, plein d’« habileté tactique », enseigna la pratique de la vigilance comme une méthode d’entraînement graduel grâce à laquelle, partant d’un état initial de chaos, de confusion et d’indiscipline, l’esprit sauvage peut être sevré de l’habitude de « courtiser des dieux étranges » pour être calme et savoir CE QUI EST.
(BERCHOLZ S. et CHÖDZIN KOHN S., « Pour comprendre le bouddhisme » (1993), Pocket 4794 (2004), par Bhikku Mangalo p.195-196)

Quartier des potiers, Bhaktapur (Népal)

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