mercredi 6 février 2013

Le rapport à l'argent

Contempler un trou béant au pied d’un arbre
Un avare avait caché son or au pied d’un arbre, dans son jardin. Chaque semaine il le déterrait et le regardait pendant des heures. Un jour, un voleur déterra l’or et s’enfuit avec. Lorsque, la fois suivante, l’avare vint contempler son trésor, tout ce qu’il vit, ce fut un trou. L’homme se mit à hurler de désolation et les voisins accoururent pour découvrir de quel malheur il s’agissait. Quand ils furent mis au courant, l’un d’eux demanda : « Avez-vous utilisé une partie de l’or ?
– Non, dit l’avare : je ne faisais que le regarder chaque semaine.
– Eh bien alors, dit le voisin, pour tout le profit que vous apportait cet or, vous pourrez tout aussi bien venir chaque semaine contempler le trou. »
(Anthony de Mello, s.j., « Histoires d’humour et de sagesse » [1987], Éd. Albin Michel poche 2011 n°172, p.81-82)


L’argent n’est rien d’autre qu’un moyen pour faciliter les échanges entre les êtres humains
...
– Vous m’avez fait part, reprit-il, des raisons qui motivent cette partie de vous désireuse de gagner de l’argent. Parlez-moi maintenant de cette autre partie de vous qui rejette cette idée.
– Je crois que l’argent en soi me répugne un peu. J’ai parfois l’impression qu’il n’y a plus que ça qui compte en ce bas monde, que l’argent devient le centre des préoccupations des gens.
– On assiste à une certaine dérive, en effet, et c’est dommage parce que l’argent est pourtant une belle invention.
– Pourquoi dites-vous cela ?
– On oublie souvent qu’à l’origine l’argent n’est rien d’autre qu’un moyen pour faciliter les échanges entre les êtres humains : échanges de biens, mais aussi échanges de compétences, de services, de conseils. Avant l’argent, il y avait le troc. Celui qui avait besoin de quelque chose était dans l’obligation de trouver quelqu’un qui soit intéressé par ce qu’il avait à offrir en échange. Pas facile… Tandis que la création de l’argent a permis d’évaluer chaque bien, chaque service, et l’argent collecté par celui qui les a cédés lui offre ensuite la possibilité d’acquérir librement d’autres biens et services. Il n’y aucun mal à cela. D’une certaine manière, on pourrait même dire que plus l’argent circule, plus il a d’échanges entre les êtres humains, et mieux c’est…
– Vu comme ça, c’est fabuleux !
– C’est comme ça que cela devrait être. Mettre à la disposition des autres ce que l’on est capable de faire, le fruit de son travail, de ses compétences, et obtenir en échange de quoi acquérir ce que d’autres savent faire et pas soi. L’argent n’est d’ailleurs pas quelque chose que l’on devrait accumuler, mais que l’on devrait utiliser. Si l’on partait tous de ce principe, le chômage n’existerait pas, car il n’y a pas de limites aux services que les êtres humains peuvent se rendre mutuellement. Il suffirait de favoriser la créativité des gens et de les encourager à mettre en œuvre leurs projets.
…si l’on utilise l’argent gagné pour donner à d’autres la possibilité d’exprimer leurs talents, leurs compétences, en faisant appel à leurs services, alors l’argent produit une énergie positive. À l‘inverse, si l’on se contente d’accumuler des biens matériels, alors la vie se vide de son sens. On se dessèche petit à petit. Regardez autour de vous : les personnes qui ont passé leur vie à accumuler sans rien donner sont déconnectées des autres. Elles n’ont plus de vraies relations humaines. Elles ne sont plus capables de s’intéresser sincèrement à une personne, ni d’aimer. Et, croyez-moi, quand on en arrive là, on n’est pas heureux.
(GOUNELLE Laurent, « L’homme qui voulait être heureux », Pocket n°13 841, 2010, p.133-135)

Atomium, Bruxelles (Belgique)

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