dimanche 9 décembre 2012

Ne pas être prisonniers de nos pensées et de nos émotions

Albert Einstein a également articulé avec clarté importance de voir avec une vision d’ensemble. À la fin du programme de réduction du stress, nous donnons à nos patients un livret. La dernière page se termine par quelques lignes tirées d’une lettre d’Einstein et publiées dans le New York Times du 29 mars 1972. Cette lettre est très parlante, en partie car elle capture si bien l’esprit de la pratique de la méditation et aussi parce qu’elle a été dite par un scientifique qui, plus que tout autre, a révolutionné nos concepts de la réalité physique et démontré l’unité de l’espace et du temps ainsi que de la matière et l’énergie.
... Le passage suivant est extrait d’un courrier qu’il a écrit en réponse à un rabbin. Celui-ci lui avait expliqué dans une lettre qu’il avait cherché en vain à réconforter sa fille de dix-neuf ans au sujet de la mort de sa sœur, une « enfant pure et belle de seize ans ». Cette lettre à Einstein était clairement un appel à l’aide, venant d’une des expériences humaines les plus douloureuses, la mort d’un enfant. Einstein répondit :
Un être humain est une partie de la totalité, que nous appelons « univers », une partie limitée dans le temps et l’espace. Il fait l’expérience de lui-même, de ses pensées et de ses sentiments, comme de quelque chose de séparé du reste – une sorte d’illusion optique de sa conscience. Cette illusion est une sorte de prison pour nous, nous limitant à nos désirs personnels et à notre affection pour quelques personnes les plus proches de nous. Notre tâche doit être nous libérer de cette prison en élargissant notre cercle de compassion pour embrasser toutes les créatures vivantes et la nature entière dans sa beauté. Personne n’est capable de réaliser cela complètement, mais tendre à cet accomplissement est en soi une part de la libération et le fondement d’une sécurité intérieure.
Dans sa réponse, Einstein suggère que nous pouvons facilement devenir prisonniers de nos pensées et de nos émotions, et être aveuglés par elles, car nous sommes uniquement préoccupés par les côtés particuliers notre vie et de nos désirs en tant qu’êtres séparés. Il ne minimise pas la souffrance que nous vivons dans une telle perte. Mais il dit que notre préoccupation extrême pour notre vie séparée ignore un niveau autre et fondamental de la réalité. Selon lui, nous arrivons tous dans ce monde, puis le quittons comme des agrégats passagers d’énergie structurée. Einstein nous invite à voir l’ensemble comme plus fondamental que les parties. Il nous rappelle que notre expérience de nous-mêmes, comme séparés et permanents, est une illusion qui, au final, nous emprisonne.
(Dr Jon Kabat-Zinn, « Au cœur de la tourmente, la pleine conscience » (1989), J’ai Lu n°9 932, 2012, Préfaces de Thich Nhat Hanh (1989) et Christophe André (2009), p. 301-303)
Jon Kabat-Zinn est l’inventeur d’une méditation accessible à tous : la « méditation en pleine conscience ». À ce jour [en 2012], plus de 550 centres, hôpitaux ou cliniques utilisent la MBSR aux États-Unis, et plus de 700 à travers le monde, l’utilisent comme outil de soin.

Jardin public, Madrid (Espagne)

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