vendredi 24 décembre 2010

Sélectionner les "nourritures d'impressions"

"Nos sens sont nos fenêtres sur le monde extérieur, et parfois le vent souffle et chamboule tout en nous. Beaucoup d’entre nous laissent leurs fenêtres ouvertes tout le temps, permettant aux images et aux sons du monde de nous envahir, de nous pénétrer, exposant nos « soi » tristes et troublés. Nous nous sentons si glacés et si seuls alors. Ne vous arrive-t-il pas de regarder un programme de télévision ennuyeux et d’être incapable de l’arrêter ? Les bruits tapageurs, les crépitements des armes vous incommodent. Cependant, vous ne vous levez pas pour éteindre votre poste. Pourquoi vous torturez-vous de cette façon ? Ne voulez-vous pas fermer vos fenêtres ? Avez-vous peur de la solitude – du vide et de l’isolement que vous devez affronter en vous retournant vers vous-même ?
Nous sommes ce que nous ressentons et ce que nous percevons. Si nous sommes en colère, nous sommes la colère. Si nous sommes amoureux, nous sommes l’amour. Si nous regardons un pic de montagne enneigé, nous sommes la montagne. En regardant un mauvais programme de télévision, nous sommes ce programme. En rêvant, nous sommes le rêve. Nous pouvons être tout ce que nous voulons, sans avoir besoin d’une baguette magique. Aussi, pourquoi ouvrons-nous nos fenêtres à de mauvais films et programmes, des films faits par des producteurs avides de spectaculaire, à la recherche d’argent facile, des films qui font battre nos cœurs à toute vitesse, nous font serrer les poings, et nous rejettent à la rue complètement épuisés ? Qui permet que de tels films et programmes de télévision soient réalisés ? Et surtout pour les plus jeunes. Mais c'est nous ! Nous sommes trop peu exigeants, prêts à regarder tout ce qui passe à l’écran, trop seuls, paresseux, ou blasés pour créer nos propres vies. Nous allumons la télévision et la laissons en permanence, permettant à quelqu’un d’autre de nous guider, de nous modeler, et de nous détruire. En nous perdant de cette façon, nous laissons notre destin entre les mains d’autres qui n’agissent peut-être pas de manière responsable. Nous devons être conscients des types de programmes qui endommagent nos systèmes nerveux, nos esprits, et nos cœurs, et déterminer quels émissions et films sont bénéfiques pour nous".

Thich Nhat Hanh, « La vision profonde, De la pleine conscience à la contemplation intérieure », Albin Michel n°131, 2009, p. 60-62

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