dimanche 16 octobre 2016

Ne pas communiquer sous le coup de la colère (1)

Beaucoup d'entre nous souffrent d'une communication difficile avec leur entourage. Au travail, par exemple, nous pensons souvent avoir tout essayé et croyons qu'il n'y a aucun moyen d'aborder nos collègues. C'est aussi souvent le cas avec la famille : nous avons l'impression que nos parents, nos frères et sœurs ou nos enfants sont trop cramponnés à leur mode de pensée. Nous croyons qu'aucune communication réelle n'est possible.
Il y a pourtant de nombreuses manières de se réconcilier et de créer des ouvertures pour une communication plus compatissante.

Ne pas communiquer sous le coup de la colère
Une des raisons pour lesquelles nous avons du mal à communiquer est que nous essayons souvent de le faire quand nous sommes en colère. Nous souffrons et ne voulons pas rester seuls avec toute cette souffrance. Nous croyons que notre colère est de la faute des autres et nous voulons qu'ils le sachent. Il y a de l'urgence dans la colère. Nous voulons qu'ils sachent tout de suite quel est notre problème avec eux.
Pourtant, quand nous sommes sous l'emprise de la colère, nous manquons singulièrement de lucidité. Agir sous le coup de la colère peut engendrer beaucoup de souffrance et envenimer les choses. Cela ne veut pas dire que nous devrions supprimer notre colère. Ne faisons pas comme si tout allait bien quand ce n'est pas le cas. Ressentir de la colère tout en agissant d'une façon saine et avec compassion est possible. Quand la colère est là, gérons-la avec tendresse, parce qu'elle est nous-mêmes. Lui faire violence reviendrait à nous faire violence à nous-mêmes.
La respiration consciente nous aide à reconnaître la colère et à prendre soin d'elle tendrement. L'énergie de pleine conscience embrasse l'énergie de colère. La colère est une énergie forte, nous aurons peut-être besoin de nous asseoir avec elle pendant quelque temps. Quand vous faites cuire des pommes de terre, vous devez maintenir le feu sous la casserole pendant au moins quinze à vingt minutes. Il en est de même avec la pratique de la pleine conscience lorsqu'elle embrasse la colère : cela prendra du temps parce que la colère met du temps à cuire.
Après être resté assis en pleine conscience et avoir calmé votre colère, vous pouvez la regarder en profondeur pour découvrir sa nature et les circonstances qui l'ont provoquée. Quelle est la racine de cette colère ? La colère peut venir d’une perception erronée ou être une réponse habituelle à certains évènements ne reflétant pas nos valeurs les plus profondes.

(Thich Nhat Hanh, « L’art de communiquer en pleine conscience »(2013), Le courrier du Livre 2014, p.87-89)

Feu de camp (Akakus, Libye)

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