vendredi 7 octobre 2016

La pleine conscience commence par la conscience

En un sens, cette capacité humaine nous est familière depuis toujours. Mais le mode « faire » l'a éclipsée. La conscience ne procède pas par analyse critique, mais par connaissance directe. On l'appelle le mode « être ».
Avant d'être pensées, les choses sont expérimentées directement par nos sens. Nous sommes capables de sentir et de réagir directement à des choses comme une tulipe, des voitures, un vent glacial. Et d'en être conscient. Nous avons des intuitions. Nous appréhendons les choses non seulement par l'intellect, mais par le cœur et les sens. Et nous pouvons être conscients du fait que nous pensons. Le mode « être » est un mode de connaissance entièrement différent du mode « faire »et des pensées qui l'accompagnent. Pas meilleur, simplement différent. Mais ce mode nous ouvre à une toute autre façon de vivre notre vie et d'entrer relation avec nos émotions, nos tensions, nos idées et notre corps. Et cette capacité, nous la possédons déjà. Elle est simplement un peu négligée et sous-développée.
Le mode « être » est l'antidote aux problèmes que crée le mode « faire ». En cultivant le mode « être », on peut :
  • Sortir de sa tête et apprendre à expérimenter directement le monde, débarrassé du perpétuel commentaire de la pensée. On peut tout simplement s'ouvrir aux possibilités infinies de bonheur qu'offre la vie.
  • Voir les pensées comme des événements mentaux qui vont et viennent dans l'esprit comme les nuages dans le ciel. L'idée que l'on est sans valeur, indigne d'amour et bon à rien peut enfin être vue pour ce qu'elle est – une idée – et pas comme la vérité, ce qui va la rendre plus facile à rejeter.
  • Commencer à vivre ici et maintenant, dans l'instant présent. Quand on cesse de s'appesantir sur le passé et de se projeter dans l'avenir, on s'ouvre à de riches sources d'informations jusque-là négligées – des informations qui peuvent nous permettre d'éviter la spirale de la dépression et d'enrichir notre vie.
  • Débrancher le pilote automatique qui est dans notre tête. Une meilleure conscience de nous-même – par  nos sens, nos émotions, notre esprit – peut nous aider à diriger nos actes dans la direction que nous souhaitons et résoudre nos problèmes.
  • Éviter la cascade d’évènements mentaux qui nous tire vers la dépression. En développant notre conscience, nous devenons capables de reconnaître très vite les moments où nous risquons de glisser dans la dépression et nous apprenons à ne pas nous laisser entraîner plus bas.
  • Cesser de vouloir changer la vie, sous prétexte qu'elle n'est pas agréable en ce moment. Nous comprendrons alors que vouloir que les choses soient différentes de ce qu'elles sont, c'est le début de la rumination.
(WILLIAMS Mark, TEASDALE John, SEGAL Zindel, et KABAT-ZINN Jon, « Méditer pour ne plus déprimer » (2007), préface de Christophe ANDRÉ, Éditions Odile Jacob, 2009, p.71-73)

Vallée du Dadès (Maroc)

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