samedi 3 août 2013

Permettre à la conscience de reprendre le gouvernail (I)

Régner sans gouverner
Paul Valéry écrivait, dans ses « Mauvaises Pensées » : « La conscience règne et ne gouverne pas. » Nous sommes tous pareils, grands et petits : nous aimerions que notre cerveau nous obéisse, comme ça, sans efforts autres que lui donner des ordres, comme nous en donnons à notre petit doigt. Nous nous étonnons naïvement ment, que notre ego ne contrôle pas totalement notre cerveau. Et puis nous laissons tomber, et nous passons à autre chose …
Pourquoi renoncer si vite ? Sans doute à cause d’un curieux mélange de naïveté, de fatalisme et d’ignorance …
Naïveté : nous pensons trop souvent que notre cerveau est à nos ordres, qu’il est « nous ». Il est vrai que, lorsque nous lui disons « marche », il fait marcher nos jambes ; lorsque nous lui disons « regarde », « lis », « chante », « prends ta douche », l’efficacité est foudroyante et tout s’accomplit. Par contre, cela se passe moins bien lorsque nous lui disons « dors », « calme-toi », « cesse de t’inquiéter », « prends la vie du bon côté » ; cela se passe moins bien lorsque nous essayons de le pousser à d’autres choses encore, un peu plus compliquées (« fais preuve de sagesse ») ou même un peu plus simples (« sors-toi cette mélodie stupide de la tête »).
Fatalisme : constatant cela, nous risquons de nous dire que, « puisque je n’y arrive pas, c’est que ce sont des domaines que l’on ne peut pas contrôler … » Croyance erronée, bien sûr, certitude simpliste et mensongère, adoptée par dépit et par paresse. Si, on peut les contrôler ! On peut faciliter son endormissement, et son bonheur, et bien d’autres choses encore. Mais seulement de manière progressive, et partielle, et à condition de le travailler régulièrement. Mais comment ?
Ignorance, car, une fois cette prise de conscience faite, nous butons alors en général sur un troisième obstacle : « Comment m’y prendre ? » Si nous renonçons si souvent, c’est que nous ne savons pas comment faire, ni par quel bout aborder le problème. Nous manquons de méthodes, de repères, de modèles. Mais il faut avouer que nous avons des excuses…
(Préface de Christophe ANDRÉ p. 12-15 pour le livre de Rick HANSON et Richard MENDIUS, « Le cerveau de Bouddha : Bonheur, amour et sagesse au temps des neurosciences » (2009), Pocket n°15 216, 2013)


Lac de Bohinj (Slovénie)

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