jeudi 12 juillet 2012

Vivre privé d'émotions

"À la suite de lésions isolées de leur système nerveux, certaines personnes [décrites par Antonio Damasio, neurologue de renommée internationale, dans son ouvrage « L’Erreur de Descartes »] perdent la capacité de ressentir des émotions, tout en conservant intact le reste de leurs facultés. La plupart sont d’une humeur remarquablement égale, souvent d’une compagnie agréable, mais elles n’arrivent plus à construire ou à respecter un emploi du temps, à savoir ce qu’elles préfèrent, à choisir entre différentes solutions à un problème simple, à se sentir motivées par un projet. Sur le plan affectif, elles peuvent se désintéresser des relations avec les autres, ou bien se montrer exagérément familières ou entreprenantes, avec des résultats dommageables dans les deux cas. Car elles éprouvent aussi de grandes difficultés à reconnaître l’état émotionnel des autres, ce qui leur fait commettre fautes de tact et erreurs de jugement. Ces patients sont des exemples extrêmes et permanents de ce qui nous arrive à tous de temps en temps : commettre des erreurs parce que nous n’avons pas été attentifs à certaines de nos émotions ou parce que nous n’avons pas su comprendre celles des autres. « La capacité d’exprimer et de ressentir des émotions [fait] partie de notre raison, pour le meilleur et pour le pire », conclut Antonio Damasio. Les émotions, même désagréables, nous sont nécessaires !"

ANDRÉ Christophe et Lelord François, « La force des émotions » (2001/2003), Éd. Odile Jacob - édition poche n°114, 2011,p. 13

Peinture à l'entrée d'un temple bouddhiste, Ladakh

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