mercredi 25 août 2010

L'accompagnement aux mourants

TÉMOIGNER D'UN AMOUR INCONDITIONNEL
"Ce dont une personne au seuil de la mort a besoin, c'est qu'on lui manifeste un amour inconditionnel et libéré de toute attente. Ne pensez pas qu'il vous faille en aucune façon être un expert. Soyez naturel, soyez vous-même, soyez un ami véritable ; la personne sera réconfortée en vous sachant ainsi totalement proche, communiquant avec elle sur un pied d'égalité, d'être humain à être humain, en toute simplicité.
Je vous ai dit : « Témoignez au mourant un amour inconditionnel. » Mais dans certaines situations, cela est loin d'être facile. Peut-être y a-t-il entre la personne et nous tout un passé de souffrance ; la façon dont nous avons agi envers elle autre-fois peut nous avoir laissé un sentiment de culpabilité à son égard, ou bien nous éprouvons du ressentiment et de la colère en raison de sa conduite envers nous.
J'aimerais vous présenter ici deux moyens très simples qui vous permettront de libérer votre amour pour la personne en fin de vie. Mes étudiants qui assistent les mourants, et moi-même, en avons vérifié toute l'efficacité. Tout d'abord, considérez cette personne qui est là devant vous comme s'il s'agissait de vous-même : elle a les mêmes besoins, le même désir fondamental de connaître le bonheur et d'éviter la souffrance, la même solitude, la même peur de l'inconnu, les mêmes zones secrètes de tristesse, les mêmes sentiments d'impuissance à peine avoués. Si vous faites réellement cela, vous verrez votre cœur s'ouvrir à l'autre et l'amour sera présent entre vous.
Le deuxième moyen, que je trouve encore plus efficace, est de vous mettre directement et résolument à sa place. Imaginez-vous vous-même sur ce lit, confronté à votre propre mort. Imaginez que vous êtes là, seul, et que vous souffrez. Posez-vous alors vraiment ces questions : de quoi aurais-je le plus besoin ? Qu'est-ce qui me ferait le plus plaisir, qu'aimerais-je vraiment recevoir de l'ami en face de moi ?
Si vous faites ces deux pratiques, vous découvrirez sans doute que ce que la personne mourante désire est ce que vous-même désireriez le plus : être réellement aimé et accepté.
J'ai souvent remarqué aussi que les malades graves éprouvent un grand désir d'être touchés, d'être traités comme des personnes à part entière, et non comme des individus en mauvaise santé. Vous pouvez leur procurer beaucoup de réconfort en leur prenant simplement la main, en les regardant dans les yeux, en les massant doucement, en les tenant dans vos bras ou bien en respirant doucement au même rythme qu'elles. Le corps a sa manière propre d'exprimer l'amour. Utilisez sans crainte son langage : vous apporterez aux mourants apaisement et réconfort."
(Sogyal Rinpoché, SOGYAL Rinpoché, « Le livre tibétain de la vie et de la mort », Éditions de la Table Ronde, 2005, p.243 ; ou Le Livre de Poche n°30 024, p.324)

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