vendredi 21 juin 2019

Les deux type de méditation bouddhiste

Toutes les sortes de méditations bouddhistes peuvent se ramener à deux techniques appelées shamatha et vipashyana en sanscrit et shiné et lhaktong en tibétain. Shi signifie « paix » ou « tranquillité » et aussi « calmer ». Né signifie « stabilité durable ». Donc shiné peut être traduit par « calme durable ». Lhak signifie « extraordinaire » et peut aussi signifier « clair et pénétrant » ou « sans aucune obstruction ». Thong signifie « voir ». Lhaktong signifie donc « voir clairement » ou « intuition particulière ». Shiné est le moyen de rendre l'esprit calme, stable et paisible tandis que lhaktong nous conduira à voir clairement la vérité, la vraie nature de toute chose. Toutes les méditations sont incluses dans ces deux-là. (p.63)
... Lhaktong c'est voir les choses de manière pénétrante, connaître la vérité, non seulement de manière intellectuelle, mais directement, sans aucune confusion. C'est ce qui tranche réellement à travers l'ignorance, la racine de tous nos problèmes. (p.74)

Lhakthong dans son véritable sens vient presque naturellement une fois que shiné s'est développé sur une base ferme. [...] Quand nous avons développé une méditation de shiné forte et inébranlable, notre esprit devient calme et clair. Si nous sommes alors capables de regarder, dans cet état de calme et de clarté, nous pouvons vraiment faire l'expérience de faire un avec tout ce qui nous entoure et en être conscient. Nous pouvons tout expérimenter tel que c'est sans élaboration et donc sans distorsion. Nous ne nous empêtrons pas dans le canevas de l'aversion et de l'attachement. C'est la libération. Notre nature se dévoile telle qu'elle est.
Quand nous pouvons regarder ..., et voir nos pensées se manifester en un défilement continu, libre de réflexion, auquel nous ne nous agrippons pas, au moment même où nous ne nous agrippons pas, nous ne sommes pas piégés dans le filet de la saisie. Alors naturellement l'ego n'est plus là, puisqu'il fonctionne à partir de concepts. C'est le plus puissant des concepts, mais peu importe sa force et sa puissance, ce n'est qu'un concept. À l'intérieur de l'expérience directe et non conceptuelle, il n'y a pas d'ego, donc nous n'avons pas la sensation d'un soi séparé. C'est assez subtil et profond. Ainsi, cette manière de voir n'est pas quelque chose que l'on peut simplement atteindre comme ça, mais il est dit aussi que cela peut être assez facile.
Quand nous pouvons demeurer sans concepts, nous pouvons être complètement libres et nous réjouir de tout sans pensée ni ego. Une fois libérés de cela, nous faisons l'expérience de l'état éveillé. Ce n'est pas quelque chose qui nous vient de l'extérieur. Cela vient de l'absence de complication. L'état samsarique de l'esprit est vu comme un filet que nous avons tissé autour de nous-mêmes. Nous sommes comme une chenille qui produit à partir de son propre corps quelque chose qui la ligote complètement. Elle est emprisonnée pour quelque temps, puis elle fait soudainement un trou dans son cocon, et devenue papillon elle s'en va en volant. C'est exactement ce qui est supposé se produire. Quand nous brisons la coquille que nous avons créée autour de nous-mêmes, nous pouvons devenir complètement libres et en harmonie avec les qualités de l'éveil.

RINGOU TULKOU Rinpoché, « En route vers l’éveil », Quatrième de couverture de Mathieu RICARD, TheBookEdition (2015), p. 63, 74 et 330-331)
Titre original : « Daring steps towards fearlessness [The Three Vehicles of Buddhism] », Traduit de l’anglais par Bodhicharya France


Chenille devenue papillon, Château de Hac  (Bretagne, France)

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