jeudi 24 novembre 2016

Un conte sur l'altruisme

La légende des grandes cuillères

On raconte qu’un voyageur, après avoir parcouru la plupart des contrées de sa connaissance, se trouva un jour face à un embranchement inédit. Il prit la route de droite et se retrouva devant une porte qui n’avait pas de nom.
S’approchant, il entendit des cris de souffrance et d’horribles gémissements. Il ouvrit la porte et entra dans une vaste pièce où tout était préparé pour un extraordinaire festin. Au centre était dressée une grande table, et sur cette table, un plat contenait des mets délicieux dont les effluves le faisaient saliver. Cependant, les convives assis autour de la table hurlaient de faim : les cuillères, deux fois plus longues que leurs bras, étaient fixées à leurs mains de telle manière qu’ils pouvaient se servir mais qu’aucun n’arrivait à porter la nourriture à sa bouche.
Effrayé, le voyageur rebroussa chemin et choisit l’autre embranchement. Le lieu où il parvint semblait en tous points identiques, mais en s’approchant, il n’entendit résonner que des éclats de rire et de bonne humeur. Les convives étaient soumis au même défi, mais une seule chose avait changé : au lieu de tenter désespérément de porter la nourriture à leur bouche, ils se nourrissaient les uns les autres.

(Christophe ANDRÉ/Jon KABAT-ZINN/Pierre RABHI/Matthieu RICARD, « Se changer, changer le monde » (2013), Éd. J’ai Lu n°11074, 2015, p.159

 
À l'entrée du monastère de Geghard (Arménie)

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