samedi 28 mars 2015

La conscience n’est pas la pensée

 Méditation et pensée positive
C’est notre faculté de penser qui nous différencie d’une façon si radicale des autres espèces. Mais si nous n’y prenons pas garde, cette faculté peut évincer d’autres facettes tout aussi précieuses de notre personnalité. Souvent, la faculté d’éveil en est la première victime.
La conscience n’est pas la pensée. La conscience est dans une autre dimension, au-delà de la pensée, tout en l’utilisant et en reconnaissant sa valeur et son pouvoir. La conscience ressemble à un plat qui contiendrait nos pensées, en nous aidant à les considérer comme des pensées et non comme la réalité.
L’esprit pensant peut être sévèrement fragmenté à certains moments. La plupart du temps, d’ailleurs. C’est la nature de la pensée. Mais la conscience peut nous aider à percevoir que notre nature fondamentale est déjà intégrée et entière. ...
La méditation n’implique pas que nous changions notre manière de penser en pensant davantage. Elle propose seulement que nous observions le processus de notre pensée. Par l’observation, nous contenons en quelque sorte nos pensées. En les observant sans être entraînés dans leur flux, nous sommes en mesure d’apprendre quelque chose de libérateur au sujet de la pensée même. Nous échappons ainsi aux modèles habituels de raisonnement – qui nous dominent si fortement – et qui sont la plupart du temps étroits, inexacts, narcissiques et faux.
Une autre manière de considérer la méditation est de visualiser le processus de raisonner comme une cascade, une cataracte de pensées sans fin. En cultivant la pleine conscience nous nous plaçons au-delà ou en deçà de nos pensées, un peu comme si nous observions la cascade à l’abri d’une grotte. Nous entendons et nous voyons l’eau qui déferle mais nous ne sommes pas emportés par le courant du torrent.
En pratiquant de cette façon, nos habitudes de pensée se transforment insensiblement en intégrant dans nos vies la compréhension et la compassion. C’est en percevant la nature de notre faculté de raisonner en tant que pensées, qu’elles nous servent plutôt que nous soyons asservis par elles.
Lorsque nous nous efforçons de penser « positif », cela peut être utile mais il ne s’agit pas de méditation. Il s’agit simplement de plus de pensée. Nous risquons autant d’être prisonniers de la « pensée positive » que des pensées négatives. Elle aussi peut être réductrice, fragmentée, inexacte, illusoire, et fausse. La transformation de nos vies, au-delà des limites de la pensée, exige un élément autre que « penser positif ».
(Dr Jon KABAT-ZINN, « Où tu vas, tu es », 1994, J’ai Lu n°7 516, 2009, p.106-108)
Jon Kabat-Zinn est l’inventeur d’une méditation accessible à tous : la « méditation en pleine conscience ». À ce jour [en 2012], plus de 550 centres, hôpitaux ou cliniques utilisent la MBSR aux États-Unis, et plus de 700 à travers le monde, l’utilisent comme outil de soin.

Fontaine du jardin Majorelle, Marrakech (Maroc)

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