dimanche 17 juillet 2011

Nos films intérieurs

"Selon la psychologie bouddhiste, notre conscience est divisée en deux parties, comme une maison à deux étages : au rez-de-chaussée le salon, que nous appellerons la « conscience immédiate », et sous le rez-de-chaussée le sous-sol, que nous appellerons la « conscience enfouie ». Notre conscience enfouie stocke tout ce que nous avons fait, expérimenté ou perçu sous forme de graines ou de films. Notre sous-sol est un véritable entrepôt qui renferme toutes sortes de films enregistrés sur des DVD. Et à l’étage, dans le salon, nous regardons les films projetés depuis le sous-sol.
Certains films – tels la colère, la peur ou le désespoir semblent avoir la capacité de surgir du sous-sol sans y avoir été invités. Que nous le voulions ou non, ils ouvrent la porte du salon, s’installent dans notre lecteur et nous avons alors le sentiment de n’avoir pas d’autre choix que de les regarder. Heureusement, chaque film a une durée limitée et, une fois fini, retourne au sous-sol. Mais le simple fait d’avoir regardé ce film lui donne plus d’importance, et nous savons alors que nous serons amenés à le revoir. Parfois, un stimulus extérieur – par exemple des paroles qui heurtent nos sentiments – déclenche la projection du film sur notre écran de télévision. Nous passons une grande partie de notre temps à regarder des films qui nous détruisent. Pour notre bien-être, il est important de savoir comment les arrêter.
Les textes traditionnels décrivent la conscience comme un champ, une parcelle de terre où l’on peut planter toutes sortes de graines – des graines de souffrance, de bonheur, de joie, de tristesse, de peur, de colère, d’espoir… La conscience enfouie est également décrite comme un entrepôt contenant toutes nos graines. Or, la qualité de notre vie dépend de la qualité des graines entreposées dans notre conscience enfouie.
Peut-être avons nous pris l’habitude de manifester dans notre conscience immédiate des graines de colère, de tristesse et de peur, et de rarement laisser germer les graines de bonheur et de paix".

Thich Nhat Hanh, « La sérénité de l’instant, vivre en pleine conscience », Marabout n°3655, 2011, p. 30-31

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