La mécanique quantique a établi que la lumière a une nature duelle, qu'elle prend l'apparence d’une onde ou d'une particule selon l'action de l'observateur. Si l'appareil de mesure est activé, la lumière est particule, sinon elle est onde. En Orient, un physicien bouddhiste ne sera pas pris de court par cette situation. Pour lui, la lumière n'a pas d'existence propre, parce qu'elle est interdépendante de l’observateur, l'interdépendance étant l'un des principes fondamentaux du bouddhisme. Puisque tout est interdépendant, rien ne peut se définir et exister par soi-même. Il va donc de soi que la nature de la lumière se définit en fonction de l'acte d'observation du physicien. Par contre, en Occident où l'idée d’une réalité solide intrinsèque est fortement ancrée, existant indépendamment de tout, et en particulier de l'observateur, il est plus difficile de concevoir que la lumière puisse avoir une nature duelle, dépendant de l'acte d'observation. Je ne pense pas que ce soit par accident que les fondateurs de la physique quantique, tels Niels Bohr et Erwin Schrödinger, aient plaidé pour une unité de pensée entre la science occidentale et les philosophies de l'Orient. Ils percevaient dans la pensée orientale une issue possible permettant de sortir des nombreux paradoxes inhérents à la mécanique quantique appréhendée selon un schéma occidental. Pour Bohr, « parallèlement aux leçons de la théorie atomique [...] nous devons nous tourner vers les problèmes épistémologiques auxquels des penseurs comme le Bouddha et Lao-Tseu ont été déjà confrontés, en essayant d'harmoniser notre situation de spectateurs et acteurs dans le grand drame de l'existence ». [Niels Bohr, « Physique atomique et connaissance humaine », traduit par Edmond Bauer et Roland Omnès, Gallimard, 1991].
(TRINH XUAN THUAN, « Le cosmos et le lotus », 2011, Éditions Albin Michel 2011, p. 156-157)Lune |
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