Cependant, malgré tout leur enthousiasme, ils ne trouvèrent rien. Déçu, l’Empereur regagna son campement, mais pour ne pas se décharger de sa frustration sur ses compagnons, il se sépara du cortège et décida de cheminer seul.
Ils étaient restés dans la forêt plus longtemps que prévu, et l’Empereur mourait de fatigue et de soif. À cause de la chaleur de l’été, les ruisseaux étaient à sec, il ne trouvait rien à boire, et puis – miracle ! – il vit devant lui un filet d’eau qui descendait d’un rocher.
Immédiatement, il détacha le faucon de son bras, prit la petite coupe en argent qu’il portait toujours avec lui, mit un long moment à la remplir, et, alors qu’il était sur le point de la porter à ses lèvres, le faucon prit son vol et lui arracha la coupe des mains, la jetant au loin.
L’Empereur était furieux, mais c’était son animal favori, peut-être avait-il soif lui aussi. Il saisit la coupe, nettoya la poussière et la remplit de nouveau. Le verre à demi plein, le faucon l’attaqua de nouveau, renversant le liquide.
L’Empereur adorait son animal, mais il savait qu’il ne pouvait tolérer en aucune circonstance qu’on lui manquât de respect ; quelqu’un pouvait assister de loin à la scène, et plus tard raconter à ses sujets que le grand conquérant était incapable de dompter ne serait-ce qu’un oiseau.
Cette fois, il tira son épée de sa ceinture, s’empara de la coupe, recommença à la remplir – gardant un œil sur la source et l’autre sur le faucon. Dès qu’il vit qu’il y avait assez d’eau, il se prépara à boire ; alors le faucon prit de nouveau son vol et se dirigea vers lui. L’Empereur, d’un coup précis, lui transperça le cœur.
Mais le filet d’eau avait séché. Décidé à boire d’une manière ou d’une autre, il grimpa sur le rocher pour trouver la source. À sa surprise, il y avait vraiment une nappe d’eau et, au milieu, mort, l’un des serpents les plus venimeux de la région. S’il avait bu l’eau, il aurait quitté le monde des vivants.
L’Empereur revint au campement avec le faucon mort dans les bras. Il fit fabriquer une reproduction en or de l’oiseau, et il grava sur une aile :
« Même quand un ami fait quelque chose qui ne te plaît pas, il reste ton ami. »
Sur l’autre aile, il fit écrire :
« Toute action motivée par la fureur est une action vouée à l’échec. »
(Paulo COELHO, « Comme le fleuve qui coule », Flammarion, 2006, J’ai Lu n°8285, 2011, p.42-43)
Chouette (Chouette Hulotte ?) |
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