Tout d’abord, ils nous permettent un meilleur autocontrôle : c’est-à-dire qu’ils nous aident à nous engager dans des comportements nécessitant une contrainte immédiate pour des bénéfices différés, par exemple faire des efforts aujourd’hui (régime, exercice) pour sa santé de demain. C’est pour cela, en partie, que les tendances dépressives et anxieuses sont si souvent associées à des « comportements de santé » défaillants (davantage de consommation d’alcool, de tabac, moins d’exercice physique). Et aussi que les personnes faisant un régime alimentaire ou se sevrant de l’alcool ou du tabac sont si vulnérables aux oscillations de leurs états d’âme : de nombreuses rechutes sont liées aux coups de spleen ou de stress.
Les états d’âme positifs donnent aussi davantage de discernement envers les buts à se fixer pour réussir : si on va bien dans sa tête, on réussira davantage de choses parce qu’on aura soin (inconsciemment) de s’engager de préférence dans des démarches comportant une chance raisonnable de succès. Alors que les sujets englués dans des états d’âme plus douloureux risquent, lorsqu’ils ne seront pas victimes de renoncements prématurés, de faire des choix au-dessus de leurs forces ou de leurs capacités. Dans ce second cas, comme ils auront aussi tendance à être moins flexibles mentalement, ils persisteront trop longtemps.
Par ailleurs, être de bonne humeur ne nous rend pas aveugles et sourds à ce qui ne va pas ou pourrait être amélioré et ne nous empêche pas d’évoluer : c’est même le contraire. Ainsi, on a montré que l’écoute des critiques qu’on leur adressait était meilleure chez les personnes mises de bonne humeur.
Les états d’âme positifs rendent aussi plus persuasif et convaincant. Ils nous aident à mieux mémoriser ce qui nous est utile. Cela explique pourquoi il est important de créer une ambiance affective positive au travail ou dans l’enseignement, si l’on veut que nos conseils soient mieux écoutés et retenus. Même notre créativité est accrue par nos états d’âme positifs. La souffrance ne conduit à un accroissement de créativité (vous savez, les études montrant que les artistes sont souvent tourmentés…) qu’une fois surmontée et qu’une fois revenue notre aptitude à aimer la vie, même de manière imparfaite et maladroite…
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(Christophe ANDRÉ, « Sérénité, 25 histoires d’équilibre intérieur », Éd. Odile Jacob, 2012, p. 19-21)
Fresque du XIVe siècle Église de Saint Jean-Baptiste à Bohinj (Slovénie) |
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