Dharmakirti illustre la complexité de ce processus par une série d'analogies frappantes puisées dans l'expérience quotidienne. Les forces en opposition seraient comparables à la chaleur et au froid, qui ne coexistent jamais sans que l'un affaiblisse l'autre. En même temps, aucun n'élimine l'autre instantanément – le processus est graduel. Dharmakirti avait probablement à l'esprit ce qui se passe quand on allume du feu pour réchauffer une pièce froide ou bien quand les pluies de la mousson rafraîchissent les tropiques, où il vivait. En revanche, Dharmakirti dit que la lumière d'une lampe chasse immédiatement les ténèbres.
Cette loi, selon laquelle deux états opposés ne peuvent exister sans que l'un affaiblisse l'autre est la prémisse clé de l'argument bouddhique relatif à la capacité de transformation de la conscience. Cela signifie que la culture de l'amour bienveillant peut, au bout d'un certain temps, réduire la force de la haine dans l'esprit. De plus, selon Dharmakirti, en supprimant l'une des conditions de base, on en supprimera les effets. Ainsi, en éliminant le froid, on supprime effectivement tout ce qu'il entraîne, chair de poule, frissons et claquements de dents.
(Dalaï-lama, « Tout l’univers dans un atome, Science et bouddhisme, une invitation au dialogue », Robert Laffont, 2006, p. 169-170 ; Pocket n°13 348, 2009, p. 151-152)
Lever de brume, Lac de Gerardmer , Vosges (France) |
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