Par exemple, si vous pensez que « Tom est paresseux », vous aurez tendance à voir là une vérité et non une simple opinion. Chaque fois que vous verrez Tom, vous verrez un paresseux, sans appréhender tous les autres aspects de sa personnalité, qui sont bloqués ou filtrés par une opinion non nécessairement fondée. En conséquence, vous n'avez avec lui qu'une relation limitée, et sa réponse à votre attitude ne peut que vous conforter dans votre opinion. En réalité, vous avez rendu Tom paresseux dans votre esprit, et vous ne voyez plus Tom en tant que Tom, tel qu'il est en tant qu'être entier, vous ne voyez plus que l'attribut qui vous préoccupe, qui n'est peut-être qu'en partie vrai et qui peut évoluer. Et cela vous empêche peut-être d'avoir avec lui un rapport authentique parce que tout ce que vous dites ou faites sera « chargé » d’une manière qui le met mal à l'aise et dont vous n'avez pas forcément conscience d'être responsable.
Les professeurs font parfois cela. Les parents aussi. Car, en vérité, nous le faisons tous, non seulement avec les enfants mais avec nous-mêmes. Nous nous disons que nous sommes trop ceci ou pas assez cela. Nous nous étiquetons. Nous nous jugeons. Puis nous y croyons. Ce faisant, nous rétrécissons notre vision de ce qui est réel et de ce qui est vrai, et notre opinion prend l'aspect d'une prophétie autoréalisée. Cela nous limite, nous et nos enfants. Cela nous rend incapable de voir le potentiel de transformation qui existe chez nous et chez les autres, parce que nous transportons notre vision rigide, nous refusons de percevoir les multiples dimensions des choses, leur complexité, leur intégrité, leur changement constant.
(KABAT-ZINN Jon et Myla, « À chaque jour ses prodiges, Être parents en pleine conscience » [1997], Éditions Les Arènes, 2012, Préface Christophe André [2012], p.135-136)
Éoliennes, Bretagne (France) |
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