– L’élargissement progressif de la conscience ne se décide pas du jour au lendemain, par un effort de volonté. Il s’apprend peu à peu, grâce à une pratique régulière, qui va certes impliquer le corps entier, mais qui ne saurait se passer d’une restructuration progressive des voies neuronales. Cet entraînement est indispensable. Il n’est pas difficile en soi, je dirais même qu’il est très accessible. Ce qui est difficile, et même mystérieusement insurmontable pour beaucoup de gens, c’est de prendre la décision de le faire ! J’avoue que cette inertie me sidère souvent : voilà des techniques gratuites, faciles à mettre en œuvre et dont les résultats sont flagrants … et pourtant, quelque chose de fantastiquement puissant semble paralyser beaucoup d’entre nous. Nous gaspillons cent fois plus de temps à surfer sur internet !
– Qu’est-ce qui nous freine ainsi ?
– ... Paul Valéry nous souffle une réponse ... : « L’esprit règne, mais ne gouverne pas. » Notre esprit conscient est comme le souverain d’une monarchie parlementaire, il incarne plus qu’il ne gouverne. Il est important, c’est le siège de notre identité personnelle, mais ce n’est pas lui qui prend la plupart de nos décisions. Tant de choses échappent à notre volonté ! Il faut humblement se mettre au travail, descendre au niveau de notre « peuple intérieur », c’est-à-dire faire des exercices pratiques. Vouloir décider est vain si l’on n’a pas longuement expérimenté au préalable.
(Christophe ANDRÉ, Pierre BUSTANY, Boris CYRULNIK, Thierry JANSSEN, Jean-Michel OUGHOURLIAN, Entretiens avec Patrice VAN EERSEL « Votre cerveau n’a pas fini de vous étonner » (2012), Éditions Albin MICHEL 2012, Entretien avec Christophe ANDRÉ, p.151-152)
Près du monastère d'Alchi, Ladakh (Inde) |
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