L'évaluation de votre – mauvaise – performance n'est possible qu'après coup, quand vous réalisez que vous vous êtes laissé distraire. Ceux qui ont une expérience de la méditation connaissent très bien ce phénomène. Je m'assois en essayant de rester concentré sur ma respiration, mais bien sûr, mon attention ne tarde pas à décrocher pour s'intéresser à mes pensées, bien plus intéressantes et donc bien plus captivantes. Mon esprit vagabonde ; c'est le phénomène de mind-wandering – terme consacré en neurosciences cognitives et traduction littérale de l'expression « vagabondage de l'esprit » – qui s'accompagne, comme l'ont montré les psychologues Kalina Christoff et Jonathan Schooler, d’une forte activité du réseau par défaut. Il peut alors s'écouler plusieurs minutes avant que je ne remarque que j'ai été captivé. La consigne de l'exercice me revient alors en mémoire, et je ramène simplement et doucement mon attention sur ma respiration, jusqu'à la prochaine distraction, et ainsi de suite. Pour bien faire, il faudrait que je puisse surveiller mon niveau d'attention de façon continue, pour corriger le tir au moindre décrochage et me reconcentrer. Mais si j'en étais capable, je n'aurais plus besoin d’entrainement car je serais en réalité parfaitement et tout le temps attentif. La méditation me propose une solution intermédiaire qui consiste à surveiller mon attention aussi souvent que, possible, c'est-à-dire à chaque fois que je n'oublie pas de le faire.
(LACHAUX Jean-Philippe, « Le cerveau attentif ; Contrôle, maîtrise et lâcher-prise » (2011), Éditions Odile Jacob Poche n°328, 2013, p.305-307)
Tassili N'Ajjer, près de Djanet (Algérie) |
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