dimanche 20 janvier 2013

Les médias et la violence

Dans un ménage américain moyen, nous disent certaines études, la télévision est allumée environ sept heures par jour, et de nombreux enfants la regardent de quatre à sept heures par jour. Ils y consacrent donc plus de temps qu’à n’importe quelle autre activité, si ce n’est à dormir. Ils sont exposés à des quantités impressionnantes d’informations, d’images et de bruits. La plupart sont frénétiques, violents et anxiogènes. Tous sont artificiels et bidimensionnels. Ils ne sont pas reliés aux expériences que les enfants font vraiment dans leur vie, en dehors de celle qui consiste à regard la télé.
Les films d’horreur en vogue exposent également les enfants à des images d’une violence et d’un sadisme extrêmes. Des simulations caricaturales, comprenant des meurtres, des viols, des mutilations et des démembrements, sont devenues très courues parmi les jeunes. Ces simulations très parlantes font à présent partie du régime des jeunes esprits, des esprits qui ont peu de défenses contre ce genre de distorsion de la réalité. Ces images sont très fortes pour troubler et déformer le développement d’un esprit équilibré, particulièrement s’il n’y a pas, dans la vie de l’enfant, une force égale pour les contrebalancer. Pour de nombreux enfants, la vie réelle est fade en comparaison de l’excitation des films, et il devient de plus en plus difficile, même pour les réalisateurs, de conserver l’intérêt de leurs spectateurs sans rendre les images plus fortes et plus violentes à chaque nouvelle production.
Nous n’avons pas idée de ce que ce nouveau régime des enfants américains des années 1980 donnera dans les décennies à venir. Il y a cependant déjà bien trop de cas d’adolescents et de jeunes adultes ayant tué d’autres personnes après avoir vu et s’être inspirés de films violents, comme si, dans leur esprit, la vie réelle était simplement une extension de ces films, et comme si la vie, les peurs et la souffrance des autres n’avaient pas de valeur, ou ne prêtaient pas à conséquence. Ce régime semble catalyser une profonde déconnexion des sentiments humains d’empathie et de compassion, au point où de nombreux enfants ne s’identifient plus à la peine d’une victime. Un article récent sur la violence des teenagers rapporte qu’à seize ans, les jeunes Américains ont assisté passivement, à la télévision et au cinéma, à une moyenne approximative de deux cent mille actes de violence, dont trente-trois mille meurtres.
(Dr Jon Kabat-Zinn, « Au cœur de la tourmente, la pleine conscience » (1989), J’ai Lu n°9 932, 2012, Préfaces de Thich Nhat Hanh (1989) et Christophe André (2009), p.698-699)
Jon Kabat-Zinn est l’inventeur d’une méditation accessible à tous : la « méditation en pleine conscience ». À ce jour [en 2012], plus de 550 centres, hôpitaux ou cliniques utilisent la MBSR aux États-Unis, et plus de 700 à travers le monde, l’utilisent comme outil de soin.

Champignon, Sologne (France)

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