Les humeurs tristes réactivent les attitudes et les croyances vulnérables
À la fin des années 1980, les travaux de Jeanne Miranda et Jackie Persons apportèrent des preuves nouvelles et importantes. Dans plusieurs études, elles observèrent les effets de l'humeur, non sur les mesures de la mémoire, comme l'avait fait John Teasdale, mais exactement sur les mêmes mesures d'attitudes dysfonctionnelles qui avaient donné les résultats décevants antérieurs. Elles trouvèrent que, lorsque des individus jamais déprimés auparavant disent être tristes, leurs croyances à ce moment changent peu. Au contraire, lorsque d'anciens déprimés disent être tristes, ils risquent plus d'adopter des attitudes dysfonctionnelles que lorsqu'ils sont de meilleure disposition. Ces personnes, par exemple, lorsqu'elles sont tristes, vont être plus enclines à penser que, pour être heureuses, elles doivent réussir dans tout ce qu'elles entreprennent.
Ces résultats aboutissaient à la même conclusion que celle obtenue par Teasdale : une petite pointe de tristesse peut mener ceux qui ont été dépressifs par le passé à un rétablissement des schémas de pensée connus au temps de leur dépression. En informatique, on dirait que le programme « pensées dépressives » n'avait pas été effacé du disque dur au cours de la guérison, et que de petites variations d'humeur pouvaient le réinstaller, comme s'il n'avait jamais été absent.
Au début du projet MacArthur, nous pensions que le degré avec lequel des variations d'humeur avaient rétabli des schémas de pensées négatives chez une personne, prédisait le risque qu'elle connaisse une rechute ou une récidive de la dépression. Une étude ultérieure confirma cette hypothèse. Zindel Segal et ses collègues induirent une humeur négative chez des patients qui venaient de terminer leur traitement (d'antidépresseurs ou de thérapie cognitive) dans un centre de santé mentale à Toronto. Ils cherchaient à déterminer l'effet du traitement sur les croyances dysfonctionnelles : plus précisément si les traitements modifiaient les croyances qui s'activaient en réponse aux détériorations de l'humeur. Segal et ses collègues voulaient également voir à quel point les changements de score sur l'échelle d'attitudes dysfonctionnelles prédisaient une rechute chez le patient.
Les résultats montrèrent que les patients chez lesquels le nombre de croyances dysfonctionnelles augmentait le plus suite à cette induction négative de leur humeur, étaient plus susceptibles de souffrir d'une rechute dans les trente mois suivant l'expérience. De plus, les patients qui avaient suivi une thérapie cognitive réagissaient dans une moindre mesure : leurs attitudes dysfonctionnelles étaient moins influencées par leurs changements d'humeur. Ceci confirma davantage notre point de vue selon lequel cette « réactivité cognitive », c'est-à-dire la tendance à réagir à de petits changements d'humeur par de grands changements de pensées négatives, était la question à laquelle il fallait s'atteler pour prévenir la dépression. En plus, des données d'autres sources suggéraient que la réactivité cognitive pouvait avoir un effet cumulatif, chaque épisode dépressif augmentant la probabilité d'un nouvel épisode.
(SEGAL Zindel, WILLIAMS Mark, TEASDALE John, « La thérapie cognitive basée sur la pleine conscience pour la dépression : Une nouvelle approche pour prévenir la rechute », Éditions De Boeck 2006, p.52-53)
À la fin des années 1980, les travaux de Jeanne Miranda et Jackie Persons apportèrent des preuves nouvelles et importantes. Dans plusieurs études, elles observèrent les effets de l'humeur, non sur les mesures de la mémoire, comme l'avait fait John Teasdale, mais exactement sur les mêmes mesures d'attitudes dysfonctionnelles qui avaient donné les résultats décevants antérieurs. Elles trouvèrent que, lorsque des individus jamais déprimés auparavant disent être tristes, leurs croyances à ce moment changent peu. Au contraire, lorsque d'anciens déprimés disent être tristes, ils risquent plus d'adopter des attitudes dysfonctionnelles que lorsqu'ils sont de meilleure disposition. Ces personnes, par exemple, lorsqu'elles sont tristes, vont être plus enclines à penser que, pour être heureuses, elles doivent réussir dans tout ce qu'elles entreprennent.
Ces résultats aboutissaient à la même conclusion que celle obtenue par Teasdale : une petite pointe de tristesse peut mener ceux qui ont été dépressifs par le passé à un rétablissement des schémas de pensée connus au temps de leur dépression. En informatique, on dirait que le programme « pensées dépressives » n'avait pas été effacé du disque dur au cours de la guérison, et que de petites variations d'humeur pouvaient le réinstaller, comme s'il n'avait jamais été absent.
Au début du projet MacArthur, nous pensions que le degré avec lequel des variations d'humeur avaient rétabli des schémas de pensées négatives chez une personne, prédisait le risque qu'elle connaisse une rechute ou une récidive de la dépression. Une étude ultérieure confirma cette hypothèse. Zindel Segal et ses collègues induirent une humeur négative chez des patients qui venaient de terminer leur traitement (d'antidépresseurs ou de thérapie cognitive) dans un centre de santé mentale à Toronto. Ils cherchaient à déterminer l'effet du traitement sur les croyances dysfonctionnelles : plus précisément si les traitements modifiaient les croyances qui s'activaient en réponse aux détériorations de l'humeur. Segal et ses collègues voulaient également voir à quel point les changements de score sur l'échelle d'attitudes dysfonctionnelles prédisaient une rechute chez le patient.
Les résultats montrèrent que les patients chez lesquels le nombre de croyances dysfonctionnelles augmentait le plus suite à cette induction négative de leur humeur, étaient plus susceptibles de souffrir d'une rechute dans les trente mois suivant l'expérience. De plus, les patients qui avaient suivi une thérapie cognitive réagissaient dans une moindre mesure : leurs attitudes dysfonctionnelles étaient moins influencées par leurs changements d'humeur. Ceci confirma davantage notre point de vue selon lequel cette « réactivité cognitive », c'est-à-dire la tendance à réagir à de petits changements d'humeur par de grands changements de pensées négatives, était la question à laquelle il fallait s'atteler pour prévenir la dépression. En plus, des données d'autres sources suggéraient que la réactivité cognitive pouvait avoir un effet cumulatif, chaque épisode dépressif augmentant la probabilité d'un nouvel épisode.
(SEGAL Zindel, WILLIAMS Mark, TEASDALE John, « La thérapie cognitive basée sur la pleine conscience pour la dépression : Une nouvelle approche pour prévenir la rechute », Éditions De Boeck 2006, p.52-53)
Dunes, pince de crabe de l'Arakao (Niger) |
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