Bien qu'elle ne compte qu'à peine plus de cent mille habitants, la commune de Dunedin abrite l'une des plus grandes universités du pays. Cette caractéristique en a fait la candidate idéale pour une des études les plus significatives des annales de la science sur les ingrédients d'une vie réussie.
Ce projet à l'ambition colossale consistait à étudier de près 1 037 sujets — tous les bébés nés sur une période de douze mois — pendant l'enfance et à les faire suivre pendant plusieurs décennies par une équipe venue de différents pays. L'équipe comportait les représentants de nombreuses disciplines, chacune possédant sa propre optique sur la maîtrise de soi, ce marqueur déterminant de la conscience de soi.
Ces enfants ont été soumis tout au long de leur vie scolaire, à une batterie impressionnante de tests, comme l'évaluation de leur tolérance à la frustration ou de leur niveau d'agitation, d'un côté, et de la force de leur concentration et de leur persistance, de l'autre.
Après une interruption de deux décennies, on les a tous retrouvés, sauf quatre pour cent d'entre eux (ce qui est beaucoup plus facile dans un pays stable comme la Nouvelle-Zélande que, par exemple, aux États-Unis, où la mobilité est particulièrement élevée). Désormais jeunes adultes, ils ont été évalués en matière de :
Voilà le grand choc : l'analyse statistique a permis de révéler que la capacité d'un enfant à se maîtriser est un aussi bon indicateur prédictif de sa réussite financière et de sa santé à l'âge adulte (ainsi que de son casier judiciaire, d'ailleurs) que la classe sociale, la fortune familiale ou le QI. La force de volonté est apparue comme un facteur à part entière de la réussite d'une vie – en vérité, pour la réussite économique, la maîtrise de soi à l'enfance s'est avérée un meilleur indicateur que le QI ou la classe sociale de la famille d’origine.
Il en va de même avec la réussite scolaire. Lors d'une expérience où l'on proposait à des élèves américains de quatrième de recevoir un dollar immédiatement ou deux dollars dans une semaine, ce critère élémentaire de maîtrise de soi s'est révélé plus corrélé à leur moyenne de notes que leur QI. Une forte aptitude à se maîtriser ne prédit pas seulement de meilleures notes, mais un bon ajustement émotionnel, de meilleures aptitudes interpersonnelles, un plus grand sentiment de sécurité et davantage de faculté d'adaptation.
Résumons : un enfant a beau jouir de la plus privilégiée des enfances sur le plan économique, s'il n'apprend pas à retarder la gratification dans la poursuite de ses objectifs, cet avantage de départ peut facilement s'effacer au fil de la vie. Aux États-Unis, par exemple, parmi les enfants de parents appartenant à la tranche des vingt pour cent les plus riches, seuls deux sur cinq connaîtront le même niveau de privilège ; environ six pour cent dériveront jusqu'à atteindre la tranche des vingt pour cent les plus pauvres. Savoir se montrer consciencieux constitue apparemment un atout aussi puissant à long terme que la fréquentation de bonnes écoles et de camps de vacances ruineux ou que de disposer des professeurs particuliers. Ne sous-estimez pas l'importance du fait qu'un enfant travaille sa guitare ou qu'il tienne sa promesse de nourrir le hamster et nettoyer sa cage.
Autre conclusion de base : tout ce que l'on peut faire pour accroître la capacité de l'enfant à exercer son contrôle cognitif lui sera utile toute sa vie.
(GOLEMAN Daniel, « Focus, Attention et concentration : les clefs de la réussite » (2013), Éditions Robert Laffont, p.93-95)
Ce projet à l'ambition colossale consistait à étudier de près 1 037 sujets — tous les bébés nés sur une période de douze mois — pendant l'enfance et à les faire suivre pendant plusieurs décennies par une équipe venue de différents pays. L'équipe comportait les représentants de nombreuses disciplines, chacune possédant sa propre optique sur la maîtrise de soi, ce marqueur déterminant de la conscience de soi.
Ces enfants ont été soumis tout au long de leur vie scolaire, à une batterie impressionnante de tests, comme l'évaluation de leur tolérance à la frustration ou de leur niveau d'agitation, d'un côté, et de la force de leur concentration et de leur persistance, de l'autre.
Après une interruption de deux décennies, on les a tous retrouvés, sauf quatre pour cent d'entre eux (ce qui est beaucoup plus facile dans un pays stable comme la Nouvelle-Zélande que, par exemple, aux États-Unis, où la mobilité est particulièrement élevée). Désormais jeunes adultes, ils ont été évalués en matière de :
- santé : que ce soit en laboratoire ou lors d'examens médicaux, on a analysé leur état cardio-vasculaire, métabolique, psychiatrique, respiratoire et même dentaire et inflammatoire ;
- prospérité : on a vérifié s'ils possédaient une épargne, une maison, s'ils étaient parents célibataires, rencontraient des problèmes d'endettement, avaient investi de l'argent, ou disposaient d'un capital retraite ;
- délinquance : toutes les archives de la justice en Nouvelle-Zélande et en Australie ont été fouillées pour voir s'ils avaient été condamnés pour un délit.
Voilà le grand choc : l'analyse statistique a permis de révéler que la capacité d'un enfant à se maîtriser est un aussi bon indicateur prédictif de sa réussite financière et de sa santé à l'âge adulte (ainsi que de son casier judiciaire, d'ailleurs) que la classe sociale, la fortune familiale ou le QI. La force de volonté est apparue comme un facteur à part entière de la réussite d'une vie – en vérité, pour la réussite économique, la maîtrise de soi à l'enfance s'est avérée un meilleur indicateur que le QI ou la classe sociale de la famille d’origine.
Il en va de même avec la réussite scolaire. Lors d'une expérience où l'on proposait à des élèves américains de quatrième de recevoir un dollar immédiatement ou deux dollars dans une semaine, ce critère élémentaire de maîtrise de soi s'est révélé plus corrélé à leur moyenne de notes que leur QI. Une forte aptitude à se maîtriser ne prédit pas seulement de meilleures notes, mais un bon ajustement émotionnel, de meilleures aptitudes interpersonnelles, un plus grand sentiment de sécurité et davantage de faculté d'adaptation.
Résumons : un enfant a beau jouir de la plus privilégiée des enfances sur le plan économique, s'il n'apprend pas à retarder la gratification dans la poursuite de ses objectifs, cet avantage de départ peut facilement s'effacer au fil de la vie. Aux États-Unis, par exemple, parmi les enfants de parents appartenant à la tranche des vingt pour cent les plus riches, seuls deux sur cinq connaîtront le même niveau de privilège ; environ six pour cent dériveront jusqu'à atteindre la tranche des vingt pour cent les plus pauvres. Savoir se montrer consciencieux constitue apparemment un atout aussi puissant à long terme que la fréquentation de bonnes écoles et de camps de vacances ruineux ou que de disposer des professeurs particuliers. Ne sous-estimez pas l'importance du fait qu'un enfant travaille sa guitare ou qu'il tienne sa promesse de nourrir le hamster et nettoyer sa cage.
Autre conclusion de base : tout ce que l'on peut faire pour accroître la capacité de l'enfant à exercer son contrôle cognitif lui sera utile toute sa vie.
(GOLEMAN Daniel, « Focus, Attention et concentration : les clefs de la réussite » (2013), Éditions Robert Laffont, p.93-95)
Boucle de la rivière Rijeka Crnojevica, avec le lac Skadar en toile de fond (Monténégro) |
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