mardi 13 mai 2014

Cultivez les émotions positives : elles sont contagieuses !

La nature contagieuse des émotions est reconnue depuis un certain temps déjà. Elle repose sur des recherches qui ont pu révéler que le simple fait de voir les autres exprimer certaines émotions nous amène à les ressentir à notre tour. En investiguant les mécanismes du cerveau responsables de ce phénomène, certains neuroscientifiques en sont venus à considérer qu'ici, des « neurones miroirs » pourraient entrer en action. Un neurone miroir est une cellule cérébrale qui s'active quand on exécute l'action ou quand on observe la même action exécutée par l'un de nos semblables. On pense que ces neurones nous aident à nous mettre à l'écoute des autres et en résonance avec leurs états émotionnels, et qu'ils joueraient un rôle dans l'empathie.
Dans une étude stupéfiante publiée par le British Medical Journal (en janvier 2009), des chercheurs de l'université de Californie-San Diego et de Harvard ont découvert que la nature contagieuse du bonheur, en se propageant dans les réseaux sociaux [non virtuels] à la façon d'un virus, se révèle en réalité beaucoup plus profonde, étendue et durable que nous ne l'aurions imaginé. Ils se sont aperçus que l'individu qui fréquente des gens heureux au sein de son réseau social augmente radicalement ses chances de l'être lui-même.
Si vous êtes heureux, vous accroissez de 34 % les chances que votre voisin de palier le soit aussi et de 24 % celles de tel ou tel de vos amis — pour peu qu'il vive à moins de mille cinq cents mètres de chez vous ! Et le degré de contagion dépend du type de relation et de la distance géographique qui vous sépare. En moyenne, les auteurs soulignent que toute personne heureuse, au sein d'un réseau social, augmente de 9 % vos chances d'être heureux. Cela fonctionne dans les deux sens : avoir une famille ou des amis heureux dans son réseau personnel accroît les chances d'être heureux soi-même. Chose remarquable, ces universitaires ont aussi compris que le bonheur se propage dans le réseau social de la personne « jusqu'à trois degrés de séparation ». Votre bonheur affectera non seulement votre ami, mais aussi un ami de votre ami, voire un ami de votre ami de votre ami — que vous ne rencontrerez peut-être jamais, et dont vous n'entendrez peut-être jamais parler. Outre la portée étendue de cet effet transmissible, sa durabilité est plus marquée qu'on ne l'avait cru de prime abord. En fait, les chercheurs estiment que les effets de ce bonheur que l'on « attrape » grâce aux autres peuvent durer jusqu'à un an ! À mesure que le bonheur et les émotions positives se propagent dans les réseaux sociaux, les collectivités et les sociétés, leurs avantages collectifs se répandent et s'enracinent dans une société en même temps que leurs bienfaits personnels.
Le rôle du bonheur et des émotions positives dans la valorisation du changement social et l'édification d'un monde meilleur va au-delà des questions débattues ici. Par exemple, Ronald Inglehart, professeur au Centre d'études politiques de l'université du Michigan, a effectué des études soulignant que l'accroissement du bonheur au sein d'une population entraînera un renforcement des libertés et de la démocratie dans ce pays. Il semblerait en effet que les bienfaits du bonheur et des émotions positives soient sans pareils. Au lieu de percevoir la poursuite d'un plus grand bonheur personnel comme le luxe égoïste de ceux qui ne se refusent rien, on pourrait avancer que si vous êtes vraiment soucieux du bien-être des autres et de la construction d'un monde meilleur, il est de votre devoir d'être heureux, ou de faire ce que vous pouvez pour l'être plus encore.
(DALAÏ-LAMA et CUTLER Howard, « L’art du bonheur dans un monde incertain » (2009), Éditions Robert Laffont, 2011, p. 408-410)


La Gomera (Îles Canaries, Espagne)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire