La plupart du temps, nous ne sommes pas conscients de nos états mentaux. Nous ne remarquons même pas si notre esprit est calme ou agité. Supposez qu’au cours d’une séance de méditation vous ayez soudain l’idée d’aller au marché. Si vous êtes conscients de cette pensée et la laissez se dissoudre d’elle-même, cela n’ira pas plus loin. Si, par contre, vous ne la remarquez pas et la laissez se développer, elle donnera naissance à une deuxième pensée – celle, par exemple, d’interrompre votre pratique – puis à une troisième – celle de vous lever et de prendre la direction du marché, et bientôt d’autres idées envahiront votre esprit : où acheter ceci, comment vendre cela, etc. Vous serez alors bien loin de votre méditation !
Il est tout à fait naturel que les pensées surviennent les unes après les autres. Notre but n’est pas de les arrêter, ce qui serait d’ailleurs impossible, mais de les libérer. On y parvient en demeurant dans la simplicité, la fraîcheur du moment, en laissant les pensées aller et venir sans les entretenir ni s’y attacher. Lorsqu’on n’alimente plus le mouvement des pensées, celles-ci s’évanouissent d’elles-mêmes sans laisser de traces. Quand on n’altère plus l’état de quiétude par des constructions mentales, on peut maintenir sans effort la sérénité naturelle de l’esprit.
(Dilgo Khyentsé Rinpotché, cité par Matthieu RICARD, « Chemins spirituels, petite anthologie des plus beaux textes tibétains » (2010), Pocket n°14 777, 2011, p.194-195)
Dunes à proximité de lArakao (Niger) |
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