Comme l'illustre cette histoire, la plupart des fautes d'inattention de la vie de tous les jours ne sont pas dues à une mauvaise capacité de concentration. Le plus souvent, l'erreur vient simplement d'une mauvaise programmation de l'attention soit parce que nous n'avons pas fait assez attention, alors que nous aurions facilement pu y arriver (mauvaise intensité), soit parce que nous n’avons pas porté notre attention là où il le l'allait (mauvaise cible), soit encore parce que nous n'avons pas fait attention au bon moment ou suffisamment longtemps (mauvais timing). Il s'agit souvent de petites actions courtes, mais mal menées ; un verre cassé, des clés oubliées... Ça vous rappelle quelque chose ? Si quelqu'un nous avait rappelé de bien faire attention au verre ou à nos clés, nous aurions su nous concentrer suffisamment pour laver le verre sans le casser ou pour ne pas oublier nos clés. Ce n'est donc pas notre capacité de concentration qui est en cause, mais notre capacité à programmer notre attention. Ces erreurs se produisent le plus souvent lorsque nous sous-estimons la difficulté d'une tâche et que nous n'utilisons pas correctement notre système exécutif. L'attention évolue à son gré, sans directive particulière. En admettant qu'un dispositif d'entraînement de la concentration existe, il ne nous empêcherait pas de continuer à casser des verres ou d'oublier nos clés. Cela ne sert à rien d'avoir des gros muscles si on ne les utilise pas. La maîtrise de l'attention n'est pas qu'une affaire de musculation ; la maîtrise de l'attention est, je le répète, un art.
(LACHAUX Jean-Philippe, « Le cerveau attentif ; Contrôle, maîtrise et lâcher-prise » (2011), Éditions Odile Jacob Poche n°328, 2013, p.319-320)
Dans le jardin Majorelle, Marrakech (Maroc) |
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