La vocation de la thérapie cognitive basée sur la pleine conscience est d'aider les gens à devenir plus conscients. Un entraînement systématique les habitue à ramener leur attention au moment présent et à observer leur expérience d'instant en instant, plutôt qu'en fonction de ce que leur esprit leur raconte du futur ou du passé. Ils peuvent ainsi commencer à considérer leurs corps comme un espace vers lequel tourner leur attention et à remarquer les changements qui interviennent dans le flux des sensations. Ils explorent événements agréables et désagréables à partir d'une seule et même perspective, et commencent à envisager pensées et sentiments comme des aléas mentaux qui ne sont pas nécessairement exacts ni n'exigent qu'on s'identifie intensément à eux.
Nous les invitons donc, dans le cadre d'un groupe, à pratiquer des exercices méditatifs formels tels que le balayage corporel, le yoga-stretch en pleine conscience et la pleine conscience en se servant de la respiration, du corps, des sons ou des pensées pour focaliser leur attention. Nous cultivons aussi l'ouverture attentionnelle de la claire conscience sans choix.
Chez eux ils continuent à pratiquer ces mêmes exercices de méditation en pleine conscience à l'aide d'enregistrements audio. Nous nous servons aussi des activités de la vie quotidienne pour aider les personnes à être pleinement conscientes dans chacun de leurs actes. Cela passe par le développement d'activités à leur portée, associées au plaisir ou au contrôle, et par une fine anticipation des éventuelles rechutes. Nous admettons sans ambiguïté que la participation à notre programme ne leur garantit pas de ne plus retomber malades. Faire face à cette éventualité et s'y préparer peut cependant limiter les effets d'une rechute. Un suivi et un dialogue continus nous permettent également d'étudier les micro-expériences et les symptômes dépressifs. Nous pouvons ainsi aider les patients à apprendre à construire une relation à ces événements qui diffère de celle que leur esprit pourrait avoir initialement conçue. Pendant leur journée de travail et leurs loisirs, nous encourageons les gens à utiliser toutes ces approches, de façon que ces stratégies et pratiques s'intègrent à leur vie quotidienne. Ce n'est pas quelque chose d'extraordinaire à pratiquer tous les week-ends à la maison pendant quarante minutes, mais une initiative qu'ils peuvent prendre à tout moment s'ils sont assez conscients.
Nous avons voulu savoir si ces traitements apportaient aux patients un bénéfice réel. Dans notre première étude, nous avons découvert que, parmi les patients n'étant pas sous antidépresseurs à cette époque, ceux qui participaient à notre programme réduisaient de cinquante pour cent leur risque de rechute, par rapport à ceux qui suivaient leur traitement habituel. Soixante-six pour cent des personnes engagées dans le groupe MBCT sont restées en bonne santé (trente-pour cent poursuivant leur traitement habituel).
À ce stade initial de l'étude, personne ne prenait de médicaments. S'ils le souhaitaient, les patients pouvaient toutefois revenir à leur traitement; à la fin de l'étude, les gens suivant leur traitement habituel étaient plus nombreux à être revenus à leur médication que ceux qui suivaient la thérapie cognitive basée sur la pleine conscience. Les effets les plus prononcés se rencontraient chez les personnes ayant fait l'expérience d'au moins trois épisodes dépressifs majeurs. Plus la dépression était récurrente, et plus les personnes avaient souffert longtemps, plus ce traitement leur profitait, ce qui est intéressant à noter.
John Teasdale et Helen Ma ont réalisé une autre étude pour reproduire nos découvertes et ils ont trouvé des résultats similaires. Le groupe MBCT s'est trouvé mieux protégé des rechutes : soixante-quatre pour cent n'avaient pas rechuté après un an, contre seulement vingt-deux pour cent des gens suivant leur traitement habituel.
Pour la résumer, je dirais que notre approche avait pour objectif de réduire la rechute en aidant les patients à apprendre à se dégager d'une vision ruminante et réactive déclenchée par leurs humeurs tristes. Cette thérapie, à notre avis, apprend aux gens non pas à changer leurs pensées, mais plutôt à modifier leur relation à leurs pensées, de même que leur rapport à leurs sentiments et à leurs sensations. Cette approche convient idéalement aux personnes relevant d'une dépression : elles n'ont pas besoin d'être tristes pour en faire l'expérience ; elles peuvent l'appliquer à n'importe quel contenu mental car c'est vraiment le type de relation qu'elles essaient de développer. Les données que nous avons rassemblées indiquent que la protection vis-à-vis de la rechute dépressive s'accroit de cinquante pour cent parmi les personnes utilisant cette approche.
(KABAT-ZINN Jon et DAVIDSON Richard, « L’esprit est son propre médecin » (2011), Éditions Les Arènes 2014, p.159-161)
Nous les invitons donc, dans le cadre d'un groupe, à pratiquer des exercices méditatifs formels tels que le balayage corporel, le yoga-stretch en pleine conscience et la pleine conscience en se servant de la respiration, du corps, des sons ou des pensées pour focaliser leur attention. Nous cultivons aussi l'ouverture attentionnelle de la claire conscience sans choix.
Chez eux ils continuent à pratiquer ces mêmes exercices de méditation en pleine conscience à l'aide d'enregistrements audio. Nous nous servons aussi des activités de la vie quotidienne pour aider les personnes à être pleinement conscientes dans chacun de leurs actes. Cela passe par le développement d'activités à leur portée, associées au plaisir ou au contrôle, et par une fine anticipation des éventuelles rechutes. Nous admettons sans ambiguïté que la participation à notre programme ne leur garantit pas de ne plus retomber malades. Faire face à cette éventualité et s'y préparer peut cependant limiter les effets d'une rechute. Un suivi et un dialogue continus nous permettent également d'étudier les micro-expériences et les symptômes dépressifs. Nous pouvons ainsi aider les patients à apprendre à construire une relation à ces événements qui diffère de celle que leur esprit pourrait avoir initialement conçue. Pendant leur journée de travail et leurs loisirs, nous encourageons les gens à utiliser toutes ces approches, de façon que ces stratégies et pratiques s'intègrent à leur vie quotidienne. Ce n'est pas quelque chose d'extraordinaire à pratiquer tous les week-ends à la maison pendant quarante minutes, mais une initiative qu'ils peuvent prendre à tout moment s'ils sont assez conscients.
Nous avons voulu savoir si ces traitements apportaient aux patients un bénéfice réel. Dans notre première étude, nous avons découvert que, parmi les patients n'étant pas sous antidépresseurs à cette époque, ceux qui participaient à notre programme réduisaient de cinquante pour cent leur risque de rechute, par rapport à ceux qui suivaient leur traitement habituel. Soixante-six pour cent des personnes engagées dans le groupe MBCT sont restées en bonne santé (trente-pour cent poursuivant leur traitement habituel).
À ce stade initial de l'étude, personne ne prenait de médicaments. S'ils le souhaitaient, les patients pouvaient toutefois revenir à leur traitement; à la fin de l'étude, les gens suivant leur traitement habituel étaient plus nombreux à être revenus à leur médication que ceux qui suivaient la thérapie cognitive basée sur la pleine conscience. Les effets les plus prononcés se rencontraient chez les personnes ayant fait l'expérience d'au moins trois épisodes dépressifs majeurs. Plus la dépression était récurrente, et plus les personnes avaient souffert longtemps, plus ce traitement leur profitait, ce qui est intéressant à noter.
John Teasdale et Helen Ma ont réalisé une autre étude pour reproduire nos découvertes et ils ont trouvé des résultats similaires. Le groupe MBCT s'est trouvé mieux protégé des rechutes : soixante-quatre pour cent n'avaient pas rechuté après un an, contre seulement vingt-deux pour cent des gens suivant leur traitement habituel.
Pour la résumer, je dirais que notre approche avait pour objectif de réduire la rechute en aidant les patients à apprendre à se dégager d'une vision ruminante et réactive déclenchée par leurs humeurs tristes. Cette thérapie, à notre avis, apprend aux gens non pas à changer leurs pensées, mais plutôt à modifier leur relation à leurs pensées, de même que leur rapport à leurs sentiments et à leurs sensations. Cette approche convient idéalement aux personnes relevant d'une dépression : elles n'ont pas besoin d'être tristes pour en faire l'expérience ; elles peuvent l'appliquer à n'importe quel contenu mental car c'est vraiment le type de relation qu'elles essaient de développer. Les données que nous avons rassemblées indiquent que la protection vis-à-vis de la rechute dépressive s'accroit de cinquante pour cent parmi les personnes utilisant cette approche.
(KABAT-ZINN Jon et DAVIDSON Richard, « L’esprit est son propre médecin » (2011), Éditions Les Arènes 2014, p.159-161)
Fleur (Box, Angleterre) |
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