… Il arrive parfois que notre critique des autres s’exprime de façon plus subtile. Il n’y a pas longtemps, un de mes élèves m’a raconté l’histoire d’une femme qu’il connaissait, et qui avait été très affectée par la mort d’un proche. Elle avait reçu les condoléances téléphoniques d’un ami qui venait de perdre son frère, si bien que, en parlant avec lui, elle avait laissé libre cours à son chagrin. Pendant qu’ils parlaient, elle entendit un cliquetis de touches en bruit de fond et comprit que son correspondant était en train de relever son courrier électronique et d’y répondre. Elle eut l’impression, pour le dire comme elle, de « prendre un coup de poing dans le ventre ». Son ami ne l’écoutait pas vraiment. Ses intérêts personnels primaient sur sa capacité à être pleinement présent à la douleur de cette femme, et il n’était même pas conscient de l’effet dévastateur que ce manque de sensibilité avait sur son amie comme sur lui-même : il l’avait non seulement privée de la compassion dont elle avait si grand besoin, mais il s’était aussi isolé lui-même.
(
Yongey Mingyour Rinpotché, « Bonheur de la sagesse », préfacé par Matthieu Ricard, Le livre de poche n°32 372, 2011, p. 269-270)
|
Une splendeur de la nature :
Source de la rivière Soča (Slovénie) |
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire